Comment la startup normande Yetic veut assainir la publicité digitale

En finir avec le green- et le social washing dans la pub est son credo. La startup rouennaise Yetic part en croisade contre les annonceurs qui lavent plus blanc que blanc (...ou plus vert). En s’appuyant sur l’IA et la blockchain, elle a conçu un système de notation afin d’aider les internautes à distinguer les entreprises vertueuses de celles qui le sont moins. Et lance ce lundi une levée de fonds en cryptomonnaie pour parachever le développement de sa solution.
La jeune pousse a été créée par le fondateur de Smart Panda, devenu Docaposte depuis son rachat par La Poste.
La jeune pousse a été créée par le fondateur de Smart Panda, devenu Docaposte depuis son rachat par La Poste. (Crédits : DR)

A mi-chemin entre le capital-investissement et le financement participatif, l'opération connue des initiés sous le nom d'ICO (pour Initial Coin Offering) est moins courante sous nos latitudes depuis leur boom en 2017. Ce 19 septembre, la startup rouennaise Yetic donnera le coup d'envoi de sa levée de fonds en cryptomonnaies, équivalente d'une IPO classique. Pour cette première phase de vente dite « privée »*, elle s'est donnée comme objectif de réunir 3 millions d'euros d'actifs numériques, pour un tour de table espéré de 18 millions d'euros à moyen terme. Une somme qui dit bien le niveau d'ambition de cette jeune pousse fondée, il y a un an, par un petit groupe d'entrepreneurs aguerris.

Sur le papier, le projet  ne manque pas d'audace. Il s'agit ni plus ni moins de « transformer le modèle de la publicité digitale pour le rendre plus éthique et plus responsable ». Ou, pour le dire autrement, d'éradiquer des écrans les allégations trompeuses. « Il y a une perte de confiance chez l'internaute qui est l'objet d'un matraquage indécent », observe Fabrice Bonnet, son PDG et fondateur. En réponse, l'intéressé et ses équipes ont imaginé un système de notation « éthique » des annonceurs. Rendu inviolable grâce à une blockchain, celui-ci sera alimenté par des données publiques collectées auprès d'un réseau européen de tiers de confiance (ONG, médias, Infogreffe, UE, Ademe... ) puis traitées par un algorithme.

Le but : scorer les entreprises sur la foi de plusieurs dizaines de critères faisant écho aux nouvelles préoccupations de la société :  composition de l'actionnariat, mode de production, bilan CO2, niveau d'impact social, gouvernance... etc. Le tout conçu avec la complicité de la Chair Positiv Business de Nanterre et sous la surveillance d'un comité d'éthique.

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Une note de 0 à 10

Concrètement, les internautes qui chargeront sur leur navigateur l'extension (Addon dans le jargon) proposée par Yetic seront invités à prioriser leurs préférences parmi 300 critères qualitatifs. Rétribués par des jetons, leurs choix généreront une note moyenne de 0 à 10 qui apparaitra sur l'écran de l'utilisateur de l'Addon à chaque fois qu'une publicité sera lancée sur le Web. « L'idée est de valoriser les annonceurs vertueux par opposition aux adeptes du washing  pour aider les citoyens à faire des choix  plus responsables », résume Fabrice Bonnet.

La startup, qui a créé sa propre cryptomonnaie (le $Cri), complétera cette première brique avec la mise en place d'une régie publicitaire. Celle-ci proposera des solutions clés en main aux agences de marketing ou de communication et à leurs clients. Objectifs : contribuer à leur transformation et automatiser les bonnes pratiques dans l'espoir de susciter l'émergence d'un modèle de pub éthique. Un impératif pour le patron rouennais : « Les entreprises ne peuvent plus fermer les yeux sur l'image qu'elles renvoient et celles qui s'engagent ont tout intérêt à recourir à un tel outil », insiste t-il.

Reste à Yetic à boucler sa levée de fonds dans un environnement de marché assez peu favorable. Mais pour David Bustany, fondateur de Bitcoin avenue et conseiller de la startup, les chances sont de son côté. « Il est rare de rencontrer un projet d'ICO aussi mature. Dans son cas, tous les ingrédients sont réunis : un leader chevronné, une équipe solide et un sujet de société qui devrait trouver un écho chez des investisseurs en quête de diversification financière et dans la communauté des utilisateurs de cryptomonnaie ». De possibles futurs souscripteurs à qui sont promis des rendements étincelants pour prix de leur soutien à la cause.

*Comme il est d'usage dans les ICO, cette première phase de vente appelée private sale est réservée aux investisseurs privés et structures d'investissements. Elle sera suivie d'une offre publique (public sale).

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Commentaires 3
à écrit le 18/09/2022 à 18:33
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Bref ! Qand on devient un intermédiaire, on devient un saprophyte ou un parasite, c'est toute la nuance... à moins d'être de connivence ! :-)

à écrit le 17/09/2022 à 10:34
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Des intermédiaires d'intermédiaire, "il fallait y penser ! ;-)" Sachant que cela existe déjà quand les parasites se font parasiter !

le 18/09/2022 à 17:55
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Quand on parle de circuits courts en alimentaire (et autre ?), c'est justement quand il n'y a qu'un seul intermédiaire entre le producteur et le consommateur/client/acheteur, sans donner une notion de distance pour autant (ça ne veut pas dire 'local'...

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