E-santé : BpiFrance associe le géant Harmonie Mutuelle à son fonds d'amorçage

Le fonds d'amorçage Patient Autonome, doté de 50 millions d'euros par BpiFrance, obtient un nouveau partenaire de choix avec Harmonie Mutuelle. Le groupe offrira son expertise client et un accès à ses infrastructures à certaines startups.
François Manens
Nicolas Dufourcq (Bpifrance) et Catherine Touvrey (Harmonie Mutuelle) signent le partenariat entre les deux institutions, pour accompagner des startups d'e-santé.
Nicolas Dufourcq (Bpifrance) et Catherine Touvrey (Harmonie Mutuelle) signent le partenariat entre les deux institutions, pour accompagner des startups d'e-santé. (Crédits : La Tribune)

« 10 millions de personnes souscrivent à notre offre de complémentaire santé, nos établissements accueillent deux millions de patients, nos dispositifs de prévention couvrent également deux millions de personnes », énumère Catherine Touvrey, directrice générale de Harmonie Mutuelle. La plus grosse mutuelle santé française formalisait ce jeudi 4 avril au matin son partenariat avec le fonds Patient Autonome de Bpifrance. Créé fin 2017, ce fonds d'amorçage destiné aux startups d'e-santé dispose de 50 millions d'euros. Après deux investissements en 2018, il instruit les projets de sept startups supplémentaires. Le fonds profitera du conseil d'Harmonie Mutuelle, qui pourrait également cofinancer certaines levées de fonds.

« L'e-santé n'est pas un secteur assez couvert par les fonds MedTech », introduit Nicolas Dufourcq, directeur général de Bpifrance. Le fonds Patient Autonome a lancé son activité en décembre 2017. Aide au diagnostic, aide à la prise en charge du patient, suivi des maladies, sont autant d'innovations recherchées par Charha Louafi, sa directrice. « Le numérique doit venir dégonfler la pression sur le coût du parcours de santé », ambitionne-t-elle. Patient Autonome émet des tickets de 0,5 à 2 millions d'euros, puis jusqu'à trois millions dans un second tour de table.

Deux investissements dans Invivox et Doctoconsult

Pour son premier investissement, en juin 2018, le fonds a misé sur Invivox, avec le soutien d'ISAI. La startup a ainsi levé 2,8 millions d'euros en série A, pour développer sa plateforme d'organisation de formations professionnelles entre médecins. L'objectif : permettre à des médecins de se déplacer chez leurs confrères pour découvrir une nouvelle technique ou thérapie, en prenant en charge les aspects logistiques. À terme, Invivox espère devenir un hub mondial de la formation médicale, et s'octroyer une bonne part d'un marché estimé à plus de 25 milliards d'euros en 2015.

Trois mois plus tard, Patient Autonome finançait avec Elsan la levée de fonds de deux millions d'euros de Doctoconsult, en amorçage. Cette plateforme permet d'effectuer des télé-consultations en psychiatrie, nutrition ou addictologie. Trois champs médicaux qui peuvent parfois se passer de présentiel, mais qui nécessitent un accompagnement très régulier. Les télé-consultations permises par la startup évitent de trop longues périodes sans suivi, et sont remboursées par l'assurance maladie depuis septembre 2018. Patient Autonome prévoit aussi d'investir dans des technologies de thérapie, et mettra des tickets plus importants afin de permettre aux startups de franchir les nombreuses étapes de validation.

L'expertise de la plus grande mutuelle au service des startups

Harmonie mutuelle, en plus de sa place dans l'écosystème de la protection sociale, dispose de 510 établissements de santé. « On va permettre aux startups de se confronter à une dimension d'usage en proposant de rencontrer des clients. Nos établissements pourraient servir de lieux pilotes », propose la directrice générale du groupe. En revanche, si elle aura accès aux dossiers de startups et reste ouverte à d'éventuels co-investissement aux côtés du fonds, Harmonie Mutuelle ne s'engage pas sur les montants. Elle consacre 20 millions d'euros aux technologies de santé, dont les trois quarts financent des fonds de private equity. C'est donc dans une enveloppe d'environ 5 millions que pourraient essayer de piocher les startups.

Le géant de la complémentaire santé rejoint un conseil stratégique déjà chargé en grands noms. Le leader du numérique Atos, le groupe de clinique privées Elsan, la société pharmaceutique Pfizer, le groupe financier Lazard ou encore l'Assistance Publique - Hôpitaux de Paris en font partie. « Le conseil stratégique permet d'obtenir un retour sur la feuille de route des startups très rapidement », avance Charha Louafi. Bpifrance dispose également d'un partenariat avec la Caisse nationale d'assurance maladie (CNAM). « Grâce à son idée précise du modèle économique, la CNAM aide à évaluer la valeur médicale précise et la taille du marché », développe la directrice du fonds. Surtout, l'assurance maladie décide du remboursement des innovations technologiques, un élément clé pour le développement du marché.

Bpifrance souhaite solidifier les projets d'e-santé, notamment ceux portés par des entrepreneurs issus des centres hospitalo-universitaires. Ensuite, Nicolas Dufourcq rappelle que son organisme investit 200 à 300 millions d'euros dans le secteur. Avec un écosystème de financement en amorçage et en développement désormais établi, il espère désormais faire émerger de nouveaux champions : « Le but, c'est que dans 7 à 10 ans, tout ne soit pas racheté par des groupes américains ou chinois ». Doctolib, désormais une licorne valorisée à plus d'un milliard d'euros, montre la voie.

François Manens

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Commentaire 1
à écrit le 04/04/2019 à 20:53
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Le but, c'est que dans 7 à 10 ans, tout ne soit pas racheté par des groupes américains ou chinois ». Mon analyse : ça «  c’est de l’intox » Mon argument : il faut comparer ce qui est «  comparable «  Les Américains et les Chinois sont vraiment trop...

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