Comment la startup française Doctolib est devenue une licorne

Valorisée plus d'un milliard de dollars, la startup française Doctolib a levé un total de 266,5 millions de dollars (environ 235 millions d'euros) depuis sa création en 2013. Spécialisée dans la prise de rendez-vous médicaux sur Internet, la jeune pousse a rapidement séduit les praticiens et les patients grâce à sa simplicité d'usage.
Anaïs Cherif
Valorisée plus d'un milliard de dollars, la startup française Doctolib a levé au total 266,5 millions de dollars (environ 235 millions d'euros) depuis sa création en 2013.
Valorisée plus d'un milliard de dollars, la startup française Doctolib a levé au total 266,5 millions de dollars (environ 235 millions d'euros) depuis sa création en 2013. (Crédits : DR)

A vitesse grand V, Doctolib s'est hissé dans le club très fermé des licornes françaises, ces startups non cotées en Bourse qui affichent une valorisation supérieure à un milliard de dollars. La jeune pousse rejoint ainsi OVH (cloud), BlaBlaCar (service de covoiturage), Deezer (plateforme de streaming) et Veepee (nouveau nom du site d'e-commerce vente-privée).

Spécialisé dans la prise de rendez-vous médicaux en ligne et en téléconsultation, Doctolib a annoncé mercredi une méga-levée de 150 millions d'euros. La startup, qui emploie actuellement 750 personnes, va profiter de cet afflux d'argent pour doubler ses équipes d'ici à trois ans. En seulement cinq ans d'existence, depuis sa création en 2013, elle a levé au total 266,5 millions de dollars (environ 235 millions d'euros).

Un service simple qui a fait ses preuves

Cette "success-story" repose sur un service simple : proposer une plateforme gratuite pour les patients afin de prendre des rendez-vous médicaux sur Internet en quelques clics. Son atout ? Sa simplicité d'usage. C'est pourquoi le service a rapidement fait ses preuves, tant auprès des professionnels que des particuliers. La startup revendique 30 millions de visites par mois sur sa plateforme. Côté professionnels, Doctolib promet de réduire ses frais de secrétariats, tout en réduisant le nombre de désistements grâce au rappel de rendez-vous par SMS. Un modèle qui lui a permis de remporter des gros contrats dans le cadre d'appels d'offres.

Ainsi, l'AP-HP (Assistance publiques - hôpitaux de Paris), qui utilise Doctolib depuis 2017, revendiquait en janvier une hausse du nombre de rendez-vous honorés de 7,5% "un mois après l'installation". Après un an, cette hausse atteint 11% pour tous les patients et 7% pour les nouveaux patients, signe peut-être d'"une meilleure visibilité de l'offre de soins", communiquait l'AP-HP en janvier. Sans oublier une baisse "de près de 8%" au bout d'un mois d'utilisation du nombre de rendez-vous auxquels les patients ne se présentent pas, contre un taux de rendez-vous non honorés oscillant entre 15 et 25%, selon des données de 2016, rapportait l'AP-HP à l'AFP en janvier.

Croquer la concurrence, anticiper la téléconsultation

Les praticiens doivent débourser 109 euros par mois pour utiliser la plateforme, qui en tirent l'essentiel de ses revenus. La jeune pousse dit être utilisée par 75.000 professionnels et 1.400 établissements de santé. Cette position de leader sur le marché français a été conforté par l'acquisition de son principal concurrent MonDocteur, également lancé en 2013. L'opération, dont le montant n'a pas été communiqué, a été réalisée en juillet 2018. Les concurrents restants se partagent les miettes du marché, comme le pionnier Rdvmedicaux, lancé dès 2007, qui revendique seulement 10.000 praticiens sur son service. Il a été acheté fin février par la startup Docavenue, du groupe Cegedim spécialisée dans la téléconsultation.

Doctolib a également anticipé un des nouveaux virages de la médecine, en proposant la téléconsultation depuis janvier. Les consultations à distance ont été autorisées par la loi de financement de la Sécurité sociale du 30 décembre 2017 (LFSS), pour un déploiement à compter du 15 septembre 2018.

"La téléconsultation va permettre aux médecins de travailler dans des conditions plus souples, en valorisant davantage leur temps médical, tout en assurant facilitant l'accès aux soins pour un meilleur suivi médical des patients", affirmait en septembre dernier à La Tribune Stanislas Niox-Château, co-fondateur et président de Doctolib.

Lire aussi : Après la prise de rendez-vous médicaux, Doctolib lance la téléconsultation

Conquérir l'Allemagne, un marché clé en Europe

Deux ans après son lancement, Doctlib a affiché son ambition de se déployer rapidement en Europe. C'est chose faite en 2016, avec un lancement stratégique en Allemagne, un marché à fort potentiel avec 83 millions de patients à séduire. Sans compter que l'Allemagne fait partie du top 5 des pays qui consulte le plus au monde, selon les dernières données de l'OCDE.

En 2017, un allemand consultait en moyenne 10 fois par an - contre 6,1 pour la France. Aujourd'hui, Doctolib est présent dans 40 villes en France et en Allemagne. Avec ce dernier tour de table, la startup espère s'implanter rapidement dans d'autres pays, affirme le communiqué de presse, sans nommer les zones visées.

Anaïs Cherif

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Commentaires 6
à écrit le 21/03/2019 à 18:11
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Dialogue de médecins dans la télécabine ce jour: -T'as une assistante toi? -bah oui, pas toi? -non -Bah tu fais comment? -Doctolib.! -ha bah non on bosse déjà comme des dingues si on ne peut pas se décharger sur une assistante... -trop de cha...

à écrit le 21/03/2019 à 15:13
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il faut vite envoyer hollande montebourg taubira pour te couler ca en rigolant, facon dailymotion! je sais pas, moi, un truc genre ' loi sociale reenchantee' qui melangerait florange, interdirait la presence de business angels, interdiction d'action...

à écrit le 21/03/2019 à 13:32
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Une application tres pratique et une belle réussite française. Bravo.

le 22/03/2019 à 19:18
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Oui ca évite de perdre son temps pour prendre RDV au teléphone pour savoir quel est le médecin disponible. Un service similaire pour permettre aux visiteurs médicaux de prendre RDV ?

à écrit le 21/03/2019 à 13:09
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Une belle Licorne que le Maire va pouvoir plumer avec sa taxe à 3% du chiffre d'affaires.

le 21/03/2019 à 15:35
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Ba non. La taxe GAFA ne concernera que les boites faisant plus de 750M€ de revenus numériques dans le monde dont 25m€ en France. Elle est en est loin notre licorne

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