"Il faut ouvrir les vannes du financement des startups en Europe" Fleur Pellerin

Genèse de la French Tech, dont elle fut l'initiatrice, nouvelle vie d'investisseur et pont entre l'Asie et l'Europe : l'ex-ministre nous confie sa démarche à la tête de Korelya Capital, une société d'investissement dotée de 100 millions d'euros qu'elle a créée en quittant la fonction publique pour soutenir les jeunes pousses, françaises et européennes.
"La France n'est pas l'enfer fiscal que certains caricaturent (...) La France est un pays où l'on peut entreprendre."

LA TRIBUNE - Passer de ministre à fondatrice d'un fonds d'investissement n'est pas commun. Pourquoi ce grand saut ?

FLEUR PELLERIN - C'est une forme de continuité. Après avoir servi l'intérêt général en tant que ministre déléguée au Numérique, la meilleure façon pour moi de continuer à soutenir l'écosystème d'innovation français était d'investir. Lors de mes voyages en Asie et notamment en Corée du Sud, je me suis rendu compte que je pouvais accéder à beaucoup d'entreprises majeures. J'ai donc voulu mettre ce réseau au service des acteurs économiques français. J'ai ainsi créé deux activités. Une première de conseil, Korelya Consulting, afin de construire un pont économique entre la France et la Corée du Sud au profit des entreprises des deux pays. Une seconde de capital-risque, Korelya capital, pour investir en France et en Europe dans les startups du numérique. Cette dernière entité, qui occupe aujourd'hui l'essentiel de mon temps, opère un fonds dans lequel a investi Naver. Cela s'est concrétisé plus vite que je ne le prévoyais.

Korelya Capital a levé 100 millions d'euros à l'automne dernier auprès de Naver pour investir dans les startups françaises et européennes. Pourquoi vous adosser à un géant sud-coréen ?

Naver est une formidable success-story entrepreneuriale. Il y a vingt ans, c'était un simple portail Web, créé par Hae-Jin Lee, ancien ingénieur de Samsung. Au fil du temps, la startup s'est transformée en PME, puis en ETI, puis en un groupe valorisé 40 milliards de dollars sur les marchés. Ce genre de trajectoire, j'en rêvais pour les startups françaises lorsque j'étais au gouvernement. C'est précisément pour créer les conditions de tels succès que j'ai lancé la French Tech, mené la réforme de la taxation des plus-values de cession ou créé le Crédit Impôt Innovation. En tant que ministre, j'ai fait mon maximum pour installer un environnement favorable afin que les startups puissent grandir et devenir des champions européens ou mondiaux. En tant qu'investisseur, j'ai à coeur de poursuivre ce combat.

Le numérique impacte tous les secteurs de l'économie, bouleverse les rapports sociaux, remet en question la souveraineté des États. Cette révolution ne doit pas être préemptée par les États-Unis et la Chine. Il faut donc absolument créer des acteurs puissants, en Europe et en Asie, qui soient capables de les concurrencer. Hae-Jin Lee, président de Naver, partage cette réflexion, c'est pourquoi nous avons rapidement convenu de lancer un fonds pour repérer et accompagner des entreprises européennes qui pourraient devenir les prochaines licornes, voire des champions mondiaux.

Faire venir en France un géant sud-coréen nous permet d'être rapidement un acteur qui compte, avec une capacité d'investissement conséquente. Le manque de liquidités reste un problème pour les startups françaises au moment de croître et de s'internationaliser. Nous voulons qu'elles puissent grandir sur notre territoire, sans recourir, ou alors pas uniquement, à des fonds américains ou chinois. La France et l'Europe ont besoin de davantage d'investisseurs capables d'accompagner les startups, ouvrir les vannes du financement pour corriger les faiblesses actuelles. Il n'existe toujours pas l'équivalent d'un Nasdaq en Europe, ni d'entreprises comme les Gafa américains [Google, Apple, Facebook, Amazon, ndlr] ou les BATX chinois [Baidu, Alibaba, Tencent, Xiaomi ndlr], qui peuvent dépenser des centaines de millions d'euros dans des acquisitions stratégiques. Mais ce n'est pas une fatalité.

Vous avez réalisé l'essentiel de votre carrière dans l'administration et la politique. Comment vous êtes-vous formée pour devenir investisseuse ?

Investir n'est pas une activité uniquement financière, c'est aussi être aux côtés des entrepreneurs et les aider à faire croître leur entreprise. Il était donc primordial, pour la crédibilité de Korelya Capital, que je constitue une équipe expérimentée, avec des associés dotés de compétences complémentaires aux miennes. Je me suis associée à un ami proche, Antoine Dresch, ancien banquier d'affaires pendant vingt-cinq ans et spécialisé dans les fusions-acquisitions. Après avoir annoncé notre levée de fonds, nous avons recruté Delphine Villuendas, ancienne du fonds Partech, et Paul Degueuse, qui a dix ans d'expérience dans le capital-risque et qui connaît bien la Silicon Valley. Nous prenons les décisions à quatre. Nous sommes aussi entourés par des analystes plus jeunes, qui nous aident à repérer les bons deals.

Le monde de l'investissement est très compétitif. Comment Korelya Capital se distingue-t-il de la concurrence ?

Notre capacité à ouvrir des portes en Asie apporte une valeur ajoutée considérable. Surtout pour les startups matures, qui regardent où elles pourraient se développer, mais aussi pour les plus jeunes, juste après l'amorçage, qui veulent avoir un pied à l'international dès le début. Notre force ne se limite pas seulement à nos contacts mais vient également de notre capacité à mobiliser toute la puissance de nos investisseurs Naver et Line [réseau social très populaire en Asie, filiale de Naver, ndlr]. Grâce à eux, nos startups peuvent accéder à une aide technologique - pour tester un produit, utiliser des data -, bénéficier de leurs conseils en matière d'acquisition d'audience, de design, de marketing... Line a recruté 250 millions d'utilisateurs actifs en deux ans, ils s'y connaissent en hypercroissance. Certaines startups sont aussi attirées par les collaborations industrielles qu'elles pourraient développer avec Naver, car ses activités sont très diversifiées, de l'e-commerce à la voiture autonome, en passant par l'intelligence artificielle, les contenus, l'audio, la traduction automatique ou encore la fintech.

Vous êtes donc le bras armé de Naver en France ?

Non. Naver et Line sont nos investisseurs mais Korelya Capital est indépendant. Nous prenons nos décisions seuls. Nous présentons à nos investisseurs l'état du portefeuille et les deals à venir, ils donnent un avis, mais celui-ci ne nous oblige pas. Au cas par cas, nous pouvons mobiliser Naver et Line pour obtenir un effet de levier financier, afin que la startup en retire le maximum de valeur, comme ce fut le cas pour Devialet, qui a levé 100 millions d'euros en novembre 2016.

Quelle est votre doctrine d'investissement ?

Nous ciblons les startups à forte valeur ajoutée technologique. L'objectif est d'identifier les technologies qui, demain, changeront l'industrie et les services. Comme tout le monde, nous regardons les startups dans le machine learning [apprentissage automatique, ndlr] la programmation en langage naturel, la reconnaissance vocale... Ces technologies ont vocation à se fondre dans les usages, ce qui va changer la manière dont on interagit avec les machines dans tous les secteurs, du commerce à la banque, en passant par l'assurance ou encore l'automobile. Nous investissons aussi dans des startups moins technologiques, mais qui présentent un fort potentiel et peuvent devenir des leaders européens ou mondiaux, comme JobTeaser, un outil de gestion des ressources humaines qui vient de lever 15 millions d'euros.

Notre premier véhicule d'investissement de 100 millions d'euros avec Naver nous permettra de réaliser une quinzaine d'opérations en moins de dix-huit mois. Nous sommes dans une logique de coinvestissement avec d'autres fonds, sans être leader sur les tours. Aujourd'hui, nous avons déjà participé à six tours de table, principalement en France, dont Devialet, JobTeaser et AB Tasty [17 millions d'euros, ndlr]. Les prochains concerneront surtout des startups européennes. Nous travaillons aussi sur une extension du premier véhicule d'investissement et la création d'un deuxième fonds, beaucoup plus gros, d'ici au début de l'année prochaine. En quelques mois d'activité, nous avons déjà rencontré des centaines d'entreprises. Qualitativement et quantitativement, notre deal flow est comparable à celui de fonds très bien installés.

Croyez-vous en un marché européen du numérique ?

Je ne crois pas qu'un marché unique de consommateurs soit facile à réaliser car il y a encore beaucoup de différences culturelles et linguistiques. Mais je pense qu'il est nécessaire de créer ou de renforcer des fonds paneuropéens capables d'investir dans des tours de table de plus de 100 millions d'euros, afin de permettre l'éclosion de géants européens et de contenir la fuite des pépites vers la Silicon Valley. L'industrie du capital-risque doit continuer de se structurer au niveau européen et tirer profit de l'opportunité du Brexit.

Les startups en hypercroissance se tournent principalement vers les États-Unis lorsqu'elles veulent se déployer à l'international, car elles y trouvent des investisseurs, un marché colossal et une proximité culturelle. Pourquoi regarderaient-elles vers l'Asie du Sud-Est ?

Une méconnaissance demeure de part et d'autre. Il est vrai qu'il y a peu d'intérêt pour le marché asiatique en France, à la fois parce qu'il est culturellement plus facile d'aller aux États-Unis, et parce qu'il peut être compliqué de s'installer en Asie, particulièrement en Chine. Mais le reste de l'Asie de l'Est et du Sud-Est présente de nombreux avantages : des comportements avant-gardistes dans le numérique, beaucoup de croissance et un pouvoir d'achat fort. De plus en plus de startups le réalisent. Du côté asiatique, le succès de la French Tech et de pépites comme Sigfox, Criteo et Blablacar commence à faire évoluer l'image de la France, qui restait associée, en matière de technologie, au TGV d'il y a quarante ans. Lentement, les choses changent, l'intérêt mutuel grandit. Les écosystèmes d'Europe et d'Asie du Sud-Est ont intérêt à se rapprocher pour contrer la puissance américaine et chinoise. Aujourd'hui, il n'y a que 900 millions d'euros d'investissements directs étrangers coréens en France, c'est très peu alors que le potentiel est immense.

La tech est un milieu très masculin. À peine 7% des levées de fonds en 2016 viennent de startups dirigées par des femmes. Vous êtes l'un des rares exemples de réussite féminine dans ce secteur...

Les femmes ont effectivement plus de mal à lever des fonds. Et quand elles réussissent, elles lèvent moitié moins d'argent que les hommes, en partie car elles demandent moins, signe que les comportements sont conditionnés. Si seulement 10 % des startups sont dirigées par des femmes, c'est en partie à cause de leur faible représentation dans les écoles d'ingénieurs. Il y a donc un travail à faire pour attirer les femmes dans ces écoles, afin de changer les mentalités par la base.

Je suis un pur produit de la méritocratie républicaine mais des trajectoires comme la mienne sont encore trop rares. Mais je me refuse à donner des leçons car il est très difficile de faire de la discrimination positive. Quand je recrutais mon équipe, je recevais un CV de femme pour dix CV d'hommes. Quand on lance une startup ou un fonds, avec une petite équipe, beaucoup de pression et la nécessité d'aller vite, c'est un luxe d'arriver à la parité dans les postes dirigeants.

Les grands groupes, qui ont davantage de latitude et d'argent, sont plus à même de mener une politique proactive sur le sujet. Heureusement, les choses s'améliorent un peu grâce aux parcours inspirant de femmes entrepreneures comme Céline Lazorthes [fondatrice de la cagnotte en ligne Leetchi, ndlr] ou Fany Péchiodat [la fondatrice du site de bons plans MyLittleParis, ndlr]. De mon côté, je n'ai jamais fonctionné avec des role models donc j'ai du mal à imaginer en être un, mais si mon expérience peut inspirer d'autres femmes, y compris celles issues des minorités, j'en suis ravie.

Quel bilan dressez-vous de votre expérience au gouvernement ?

Arnaud Montebourg, mon ministre de tutelle, m'a laissé les coudées franches car il était plus intéressé par l'industrie. J'ai quitté le Numérique en 2014. Quand je vois ce que j'y ai fait en deux ans, je suis fière. Le Plan Très Haut Débit, très difficile à monter en raison des complexités financières et techniques, est une réussite pour déployer la fibre dans le pays. Le secteur des télécoms était en miettes en 2012, incapable d'investir notamment dans la 4G. Aujourd'hui, les opérateurs ont pris le tournant de la data et recréent de la valeur. Les assises de l'Entrepreneuriat ont changé le rapport de l'administration avec l'entreprise. Le développement du corporate venture [l'investissement des grands groupes dans les startups, ndlr], le lancement de la French Tech, du Crédit Impôt Innovation, l'encadrement du crowdfunding [financement participatif, ndlr] sont des beaux succès.

Vous avez aussi été confrontée au dossier sensible des Pigeons...

N'étant ni ministre du Budget ou des Finances, il ne vous a pas échappé que je n'étais pas responsable de cette mesure de taxation des plus-values de cession. Mais effectivement, on m'a demandé de rattraper le coup. Cette disposition était une absurdité. On peut vouloir taxer davantage le capital mais il ne faut pas décourager les entrepreneurs qui veulent réinvestir dans l'économie productive. Je pense qu'on a bien rectifié le tir en écoutant l'écosystème et en travaillant main dans la main avec les entrepreneurs, les experts et l'administration.

Axelle Lemaire, qui vous a succédé en tant que secrétaire d'État au Numérique, a confié son combat permanent contre l'administration. Avez-vous partagé cette expérience ?

Il y a des lourdeurs dans l'administration, c'est vrai, surtout quand on ne la connaît pas de l'intérieur. Ce n'était pas mon cas en devenant ministre. Je savais parfaitement sur quel bouton appuyer, qui appeler ou comment prendre une décision politique quand on voulait m'imposer une décision administrative. Travailler au gouvernement exige quelques connaissances en droit communautaire, en finances publiques... On m'a reproché d'être techno, mais c'était quand même très utile pour gagner des arbitrages. J'ai réussi à réaliser l'essentiel de ma feuille de route sur cinq ans en seulement deux ans, donc je considère m'en être bien sortie.

Pensez-vous qu'Axelle Lemaire a bien repris votre flambeau ?

Oui, en s'inscrivant dans la continuité du travail engagé. Elle a imposé sa patte, notamment sur la Loi pour une République numérique, en privilégiant les sujets autour des libertés publiques et de l'inclusion. Lorsque nous préparions cette loi, nous voulions davantage mettre l'accent sur les sujets sociétaux comme l'économie collaborative.

Comment avez-vous imposé la création de la French Tech, en 2013 ?

Les entrepreneurs avaient un vrai problème de projection à l'international. Et personne, à l'étranger, ne connaissait les réussites françaises. Je me suis dit qu'il fallait créer une marque, un branding territorial pour fédérer l'écosystème et lui donner de la visibilité. Le nom de code du projet était Quartiers Numériques. La campagne Britain is great, lancée par le Royaume-Uni en 2012, m'a beaucoup inspirée. Je voulais faire quelque chose comme ça, d'un peu marketing, même si je ne le disais pas en ces termes sinon j'en aurais pris plein la figure.

On a décidé de créer cette marque, de faire du buzz et de laisser chacun s'en emparer. Cela a marché instantanément. Les entrepreneurs, comme les métropoles qui ont demandé le label, étaient très fiers d'avoir un cri de ralliement.

Qui a trouvé l'idée du coq en origami ?

Nous avons eu plusieurs propositions d'agences. À la fin il restait celle-ci et un autre logo, très institutionnel. Le cabinet était très divisé. Certains pensaient que ce coq rouge faisait trop gaulois et prétentieux, mais d'autres estimaient que sa construction en origami le rendait plutôt modeste et sympa. Finalement, on a choisi le logo le plus disruptif sur le plan visuel. Il fallait aussi que le nom soit compréhensible partout dans le monde, d'où la French Tech plutôt qu'un nom en français.

Les priorités d'Emmanuel Macron sur le numérique sont la transformation digitale des PME-TPE, l'inclusion numérique et la création d'un environnement juridique et fiscal favorable à l'investissement dans les startups. A-t-il identifié les bons chantiers ?

Les TPE-PME, l'inclusion, on en parlait déjà en 2012 mais cela ne veut pas dire grand-chose tant que la feuille de route n'est pas connue. Sur l'inclusion par exemple, j'avais travaillé sur des espaces numériques de proximité. Mais demain, est-ce qu'il ne faudrait pas regarder du côté de l'intelligence artificielle ? L'IA simplifie le rapport homme/machine, elle permet au plus grand nombre d'effectuer des tâches qui demandaient jusqu'à présent un minimum de compétences techniques. Les personnes âgées, par exemple, peuvent être réticentes à utiliser une tablette ou un ordinateur. Mais si demain elles peuvent acheter leurs médicaments et faire leurs courses par commande vocale, alors la barrière technologique tombe et cette exclusion disparaît. Il faut revoir cette thématique de l'inclusion numérique à l'aune des nouvelles technologies.

Quels devraient être les chantiers prioritaires de ce quinquennat ?

Un sujet primordial me semble avoir été totalement oublié : les conséquences de l'automatisation et de l'intelligence artificielle sur le travail. C'est davantage un sujet travail et économie que numérique, mais il est indispensable de s'en préoccuper. Seul Benoît Hamon en a parlé pendant la campagne. Pas forcément avec les bonnes solutions, mais au moins il a posé le débat. L'enjeu, c'est que beaucoup de personnes peuvent se retrouver sur le carreau à cause de l'automatisation des métiers. Cela soulève des questions fondamentales de formation et d'éducation, pour leur permettre de se reconvertir. Des études estiment que 20 % des tâches administratives et répétitives peuvent être traitées par la machine. Pas dans dix ans, aujourd'hui. Lorsque le machine learning et l'intelligence artificielle arriveront à maturité, ce chiffre pourrait grimper à

40 %, au moins. Que propose-t-on à ceux qui remplissaient ces tâches ? Si ce problème est traité trop tard, le risque est de fabriquer de la frustration, du chômage et des inégalités entre les heureux de la mondialisation et les autres. Pour moi, c'est LE sujet majeur aujourd'hui, à la fois économique et de cohésion sociale.

En tant qu'investisseuse, qu'attendez-vous d'Emmanuel Macron ?

Il faut un environnement stable et prévisible sur la fiscalité de l'investissement et du capital, améliorer des petites choses ici ou là. Mais honnêtement, la France n'est pas l'enfer fiscal que certains caricaturent. On m'a proposé de domicilier mon fonds au Luxembourg, mais c'était hors de question. La France est un pays dans lequel on peut entreprendre. J'attends surtout un travail au niveau européen pour favoriser l'essor de géants du numérique. En matière de concurrence, de vie privée, d'exportation des données, de fiscalité, la Commission a eu jusqu'en 2014 une politique contraire aux intérêts des acteurs européens, alors que les États-Unis, la Chine et la Russie ont mis en place une logique très protectionniste. Il faut avancer sur la question de l'optimisation fiscale à laquelle se livrent les Gafa, et demain d'autres multinationales, car c'est un vrai sujet de souveraineté. Il est normal de lever l'impôt là où les profits sont réalisés.

Que pensez-vous du nouveau secrétaire d'État au Numérique, Mounir Mahjoubi ?

Je le connais depuis la campagne de Ségolène Royal en 2007. Il est très intelligent, il connaît très bien l'écosystème grâce à son expérience d'entrepreneur et son mandat de président du Conseil national du numérique (CNNum). Il saura être politique. En revanche, il manque de moyens. En sortant de la tutelle de Bercy pour passer sous celle du Premier ministre, et surtout en perdant l'autorité sur des services administratifs, le secrétariat d'État au Numérique sera coupé de leviers d'actions indispensables. Cela se traduira peut-être par une action plus interministérielle, mais aussi, je le crains, par un affaiblissement sur certains dossiers.

La politique, c'est terminé pour vous ?

J'ai une nouvelle vie. Mon engagement de fonctionnaire était extraordinaire, j'ai consacré dix-sept ans de ma vie professionnelle à l'intérêt général. Mais ce cycle est terminé et je suis très heureuse de ce que je fais. Je suis en train d'apporter plusieurs centaines de millions d'investissements potentiels en France, c'est très gratifiant. Beaucoup de choses très excitantes vont arriver dans les prochains mois. Je retrouve l'enthousiasme que j'avais avec mon cabinet au ministère du Numérique, cet esprit startup. Et la vacuité totale de cette campagne présidentielle ne m'a pas donné envie de revenir en politique.

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REPERES / MINIBIO

  • 1973 Naissance à Séoul, en Corée du Sud. Adoptée en France à l'âge de 6 mois. Enfance à Montreuil (Seine-Saint-Denis).
  • 2003 - 2016 Conseillère référendaire à la Cour des comptes.
  • 2010 - 2012 Présidente du Club XXIe siècle, une association créée en 2003 pour promouvoir l'égalité des chances.
  • Mai 2012 - avril 2014 Ministre déléguée aux PME, à l'Innovation et à l'Économie numérique.
  • Avril - août 2014 Secrétaire d'État chargée du Commerce extérieur, du Tourisme et des Français de l'étranger.
  • Août 2014 - février 2016 Ministre de la Culture et de la Communication.
  • Août - Septembre 2016 Création de Korelya Consulting, puis de Korelya Capital.

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Commentaires 9
à écrit le 03/06/2017 à 19:19
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C'est bien connu; l’économie numérique ne peut se développer dans les vieux schémas ou carcans, puisque par définition elle est novatrice ou disruptive. En France ce ne sont ni les idées ni les compétences qui manquent, mais souvent les financements...

à écrit le 02/06/2017 à 23:07
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Elle va pouvoir financer l'édition ,et peut-être se procurer un volume de Modiano qu'elle n'avait pas eu le temps de lire alors qu'elle était ministre de la culture et que l'écrivain venait de recevoir le prix Nobel de littérature .

à écrit le 02/06/2017 à 12:57
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CETTE FEMMES IRAS LOIN ? ELLE DEVRAIS VOIR AUPRES DE LA BANQUE POSTALE QUI FAIS LE MEME BOULOT POUR ENPRUNTE? LES PETITE ET MOYENE ENTRPRISES ONT BESSOIN D AIDE C EST UNE BONNE INNISIATIVES ???

à écrit le 02/06/2017 à 12:42
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bon à savoir au bout de deux ans il ne reste q'UNE startups sur DIX les neuf autres on vecu aux crochets du contribuable en touchant tous les mois comme createur d'entreprise ,,,,,????? IL FAUT FAIRE DU MENAGE

le 05/06/2017 à 6:01
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Ce n'est pas du ménage qu'il faut faire c'est aider/accompagner comme l'article le précise et comme c'est fait avec succès dans d'autres pays dont Etats-Unis afin d'éviter autant d'échecs. On a en effet privilégié les grands groupes en France, d'où c...

à écrit le 02/06/2017 à 11:56
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comme tous les socialos énarques, elle joue les généreuses donatrices avec les impôts de ceux qui bossent et leur distribue en plus ses bonnes leçons.

à écrit le 02/06/2017 à 8:48
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elle veut se faire traiter de droite ultra liberale par ses amis, ou quoi? elle devrait se souvenir qui a demolli le capital risque, qui s'est mis dans l'affaire dailymotion, qui a vote la loi florange, qui a vote un compte penibilite, qui a vote un...

le 02/06/2017 à 10:31
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Et vous pourriez rajouter : - Qui a laissé le déficit public explosé de 1.6 % du PIB en 2001 à 5.1 % en 2011 ? Alors que l'ALLEMAGNE passait de 2.4 % à 0.9 %% durant la même période - Qui a fait perdre 1.6 millions de voiture fabriquées en FRANCE...

le 02/06/2017 à 10:31
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Et vous pourriez rajouter : - Qui a laissé le déficit public explosé de 1.6 % du PIB en 2001 à 5.1 % en 2011 ? Alors que l'ALLEMAGNE passait de 2.4 % à 0.9 %% durant la même période - Qui a fait perdre 1.6 millions de voiture fabriquées en FRANCE...

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