Twitter ferme ses bureaux temporairement avant une vague de licenciements

A peine a-t-il pris le contrôle de Twitter qu'Elon Musk a lancé un plan de licenciements. C'est ce qu'il a annoncé dans un email à tous les employés du réseau social, sans plus de détails sur le nombre de postes concernés. Une action jugée « nécessaire » pour « assurer le succès de l'entreprise à l'avenir ». Les personnes concernées apprendront ce vendredi la mauvaise nouvelle sur leur boîte mail personnelle.
Selon le Washington Post, le nouveau dirigeant de Twitter a prévu de remercier environ 50% des quelque 7.500 employés.
Selon le Washington Post, le nouveau dirigeant de Twitter a prévu de remercier environ 50% des quelque 7.500 employés. (Crédits : DADO RUVIC)

[Article mis à jour le vendredi 4 novembre, à 17h30]

Le ménage va commencer chez Twitter comme l'a annoncé Elon Musk, le nouveau propriétaire, aux salariés : « Nous allons lancer le processus difficile de réduction de nos effectifs mondiaux vendredi », a-t-il indiqué à ses employés jeudi dans un e-mail consulté par l'AFP, confirmant les rumeurs qui circulaient depuis qu'Elon Musk a racheté le réseau social il y a une semaine.

Le message indique que tous les salariés recevront des informations d'ici vendredi matin, à l'heure de l'ouverture des bureaux en Californie, mais ne précise pas combien de personnes seront affectées. « Si vous n'êtes pas concerné, vous recevrez une notification sur votre adresse mail Twitter. Si vous êtes affecté, vous recevrez une notification avec les prochaines étapes sur votre email personnel », indique le mail rappelant à chacun de vérifier sa boîte mail « y compris vos spams ».

L'entreprise éditrice du réseau de microblogging pourrait voir sa masse salariale divisée par deux. Selon le Washington Post, le nouveau dirigeant a en effet prévu de remercier environ 50% des quelque 7.500 employés.

Les salariés en France

« Pour aider à assurer la sécurité de chaque employé ainsi que celle des systèmes et des données de Twitter, nos bureaux seront temporairement fermés et tous les accès par badge seront suspendus », a indiqué l'entreprise californienne jeudi dans un courriel interne consulté par l'AFP.

« Toutes mes pensées, mon respect, mon énergie et mon amour aux tweeps (surnom des employés de Twitter, NDLR) du monde entier aujourd'hui. Nous avons construit ensemble l'application la plus incroyable de la planète », a pour sa part écrit vendredi Damien Viel, le directeur général de Twitter France. Dans l'Hexagone, la société a déclaré une trentaine de salariés sur le registre des entreprises depuis son implantation en 2012.

Le directeur général a déjà été congédié

 « Nous reconnaissons qu'un certain nombre d'individus qui ont réalisé des contributions notables à Twitter vont être affectés, mais cette action est malheureusement nécessaire pour assurer le succès de l'entreprise à l'avenir », déclare la société aux salariés.

Le patron de Tesla et SpaceX a racheté Twitter pour 44 milliards de dollars et en a pris le contrôle jeudi dernier, après six mois d'une acquisition très mouvementée. Il a immédiatement dissous le conseil d'administration, congédié le directeur général et d'autres hauts responsables, et lancé des projets d'envergure avec des objectifs à remplir rapidement. Plusieurs ingénieurs ont rapporté avoir dû dormir sur place certains soirs.

Les développeurs de Tesla passent en revue le travail des ingénieurs

Elon Musk a fait venir des développeurs de Tesla pour passer en revue le travail d'employés de Twitter. De nombreux ingénieurs ont dû imprimer les dernières lignes de code qu'ils avaient produites, selon un employé qui s'est exprimé sous couvert d'anonymat. Des listes comparant les informaticiens entre eux, essentiellement sur la base du volume de production, ont par ailleurs été établies, selon un autre salarié. « Le processus de licenciement en cours est une farce et une honte. Des sbires de Tesla prennent des décisions sur des gens dont ils ne savent rien à part le nombre de lignes de codes produites. C'est complètement absurde », a tweeté dimanche Taylor Leese, le directeur d'une équipe, mis à la porte.

« Les licenciements de masse n'ont pas encore eu lieu et pourtant tout le monde chez Twitter a déjà perdu son travail. Le travail qui était décrit dans leur contrat, le travail qu'ils aimaient, le travail avec tous les collègues qu'ils ont appris à connaître et apprécier », déclarait ainsi Eli Schutze, une informaticienne de Twitter basée à Londres, d'après son profil. « C'est le début d'une page blanche quel que soit le côté où vous tombez.»

Plusieurs cadres ont démissionné d'eux-mêmes cette semaine et plus de 700 personnes sont déjà parties cet été, de leur plein gré, d'après un salarié. Twitter, comme les autres grandes plateformes dont le modèle économique repose sur la publicité, subit aussi la crise économique qui pèse sur le budget des annonceurs, inquiets, aussi par la tournure que prennent les évènements.

Des annonceurs suspendent leurs dépenses

Le géant américain de l'agro-industrie General Mills a ainsi suspendu ses dépenses publicitaires sur Twitter, un signe supplémentaire de l'inquiétude des annonceurs face à la vision ambiguë d'Elon Musk. Dès vendredi, au lendemain de l'acquisition de Twitter par le patron de Tesla, le constructeur automobile General Motors avait indiqué avoir arrêté temporairement de payer pour des publicités sur Twitter. Jeudi, le Wall Street Journal a affirmé que Mondelez international (le fabricant des biscuits Oreo), Pfizer et Audi (Volkswagen) avaient pris des décisions similaires.

Les annonceurs, qui représentent 90% des revenus de la plateforme, craignent que la libéralisation des règlements de modération des contenus prônée par Elon Musk ne rende la plateforme inhospitalière. La plupart des marques préfèrent éviter toute association avec des contenus non consensuels. Un collectif de près de 50 associations de défense de la démocratie et de lutte contre la désinformation a adressé une lettre ouverte aux vingt plus gros annonceurs sur Twitter, dont Coca-Cola, Google et Disney, les exhortant à menacer Elon Musk de cesser toute publicité sur la plateforme s'il mettait en place son projet « visant à saper la sécurité de la marque et les standards de la communauté, dont la liquidation de la modération de contenus ».

Pour contrer la baisse des revenus publicitaires, Elon Musk envisage de faire payer huit euros les utilisateurs qui veulent garder la certification de leurs comptes et être moins soumis à la publicité : « Nous verrons quelles seront les règles, s'il faut que je cotise chaque mois huit euros à monsieur Musk, ça me fera un peu mal  », a commenté Bruno Le Maire, ministre de l'Economie, interrogé sur le sujet au cours de l'émission C à vous.

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ZOOM - Tous les géants de la tech licencient ou gèlent les embauches

Stripe, une entreprise de services de paiements basée à San Francisco et Dublin, a d'ores et déjà donné congé à 14% de ses effectifs, expliquant à ses employés avoir « trop embauché pour le monde dans lequel nous sommes actuellement ». La société de location de voiture avec chauffeur Lyft a annoncé de son côté le licenciement de 683 employés, soit environ 13% de ses effectifs.

 « Nous allons probablement être confrontés à une récession dans l'année à venir et les coûts d'assurance du covoiturage augmentent », ont justifié les cofondateurs de la société Logan Green et John Zimmer. Amazon met aussi en avant un environnement macro-économique « inhabituel » pour expliquer la suspension temporaire de toute embauche dans ses bureaux.

Le groupe s'attend à une croissance de 2% à 8% au quatrième trimestre, ce qui est plutôt faible pour ses standards. Autre géant de la tech, Meta (Facebook, Instagram) lève aussi le pied. Mark Zuckerberg, le patron de la société, a indiqué le mois dernier que les effectifs ne devraient pas augmenter d'ici la fin 2023, voire diminuer légèrement. Meta comptait quelque 87.000 employés dans le monde au 30 septembre.

(avec AFP)

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Commentaires 4
à écrit le 04/11/2022 à 9:56
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Curieuse démocratie... On libere la parole, 90% des annonceurs boycottent ...le levier du pouvoir de l argent se mets en place avec ses conséquences inévitables... licenciements ... Moralisateurs aux mains propres ... Qui leurrent ils ???. Leur a...

à écrit le 04/11/2022 à 9:17
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Une question simple se pose, ces réseaux sociaux servent ils à quelque chose? Ceci dit il y a chaque jour des employés licenciés par des entreprises donc pourquoi focaliser sur Twitter, le cas typique du sujet sans intérêt.

le 04/11/2022 à 16:47
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"servent ils à quelque chose ?" non mais sont donc indispensables ! Ne m'y étant jamais frotté (peut-être mon âge avancé ?), j'ai cru lire que ça permettait de faire des groupes de gens qui pensent pareil et s'auto-confortent dans leurs idées, chacu...

à écrit le 04/11/2022 à 8:00
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On arrive au bout du système "gratuit" finance par la publicité et le vol des données. 2 activités hautement contestables.

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