Web3 : Cathay Innovation et Ledger s'allient pour lancer un fonds de 100 millions d'euros

Persuadés que le mouvement des NFT, des blockchains et du web3 est comparable à la révolution Internet, le fonds Cathay Innovation et la licorne Ledger, spécialisée dans la sécurisation des crypto-actifs, s'allient pour lancer un fonds de 100 millions d'euros. Il sera entièrement dédié aux projets pour développer le Web3, ce nouvel internet décentralisé, instrument de la "tokénisation" du monde.
Sylvain Rolland
(Crédits : MIKE SEGAR)

C'est une première dans le paysage de l'investissement dans les startups. Ledger,  licorne tricolore spécialisée dans la sécurisation des crypto-actifs, et l'un de ses investisseurs, le français Cathay Innovation, s'associent pour lancer ensemble un fonds d'investissement, sobrement baptisé Ledger Cathay Capital. Doté de 100 millions d'euros à dépenser dans des startups en amorçage ou en Série A via des tickets compris entre 500.000 euros et 5 millions d'euros, il vise à financer les pépites du Web3, ce nouvel internet décentralisé dans lequel les particuliers comme les entreprises s'échangent de la valeur grâce à la technologie blockchain, via notamment des NFT (jetons non fongibles).

"Parfois on a l'impression que le web3 est un concept futuriste mais en réalité la tokenisation du monde est déjà en cours, estime Pascal Gauthier, le directeur général de Ledger. Dans quelques années on n'achètera plus de produits physiques sans qu'ils soient associés à un NFT pour en assurer la traçabilité ou la revente. Les industries du luxe, du retail, des jeux vidéo, en voient déjà l'intérêt. La blockchain transforme les classes d'actifs existantes en y ajoutant programmabilité, confiance, sécurité et propriété digitale", décline-t-il.

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Trouver les standards de demain

Dirigé par Denis Barrier de Cathay Innovation ainsi que Pascal Gauthier et Michael Louzado de Ledger, le fonds Ledger Cathay Capital compte recruter autour d'eux une équipe pour investir partout dans le monde, tout en s'appuyant sur la présence sur tous les continents de Cathay Innovation et de Ledger.

Le fonds est particulièrement intéressé par les technologies émergentes dans la finance décentralisée (DeFi), ainsi que dans les infrastructures de sécurité, de propriété numérique et de protocoles qui créeront les standards de demain dans le web3.

"Le marché a un potentiel gigantesque mais il y a aujourd'hui un problème d'interface et de sécurité. Dans le Web2 on donnait tout à la plateforme qui gère en retour l'expérience utilisateur et la sécurité des données. Dans le Web3 on dispose de la propriété de son actif numérique mais tout l'environnement autour reste à construire", explique Denis Barrier, le co-gérant de Cathay Innovation.

Pour Ledger, qui réalisait déjà des investissements directs dans des startups -dont la pépite Artefact, rachetée par Nike pour réaliser son basculement dans l'univers des NFT-, investir de manière plus industrielle dans les startups du web3 relève d'un enjeu stratégique majeur. Sa plateforme, utilisée par les développeurs pour y construire directement leurs outils, sécurise déjà 20 % des cryptomonnaies, NFT et tokens à travers le monde, ce qui en fait l'une des entreprises les plus en pointe du secteur.

"L'idée de financer des startups s'est imposée à nous car on est au milieu de cet écosystème, on connaît tout le monde et notre plateforme nous donne des indicateurs de tendance très en amont sur ce qui fonctionne et ce qui ne fonctionne pas. Notre vocation est d'accompagner le marché et nos partenaires, donc dénicher les startups qui contribueront à créer les standards du web3 fait partie de notre ADN", raconte Pascal Gauthier. C'est aussi une manière de sécuriser l'avenir de Ledger, en faisant en sorte que sa plateforme se positionne au cœur de cet écosystème naissant, dans une logique finalement très "web 2" de plateformisation de l'économie autour d'un géant.

Révolution pour certains, bulle pour d'autres

Avec l'essor des crypto-actifs et d'autant plus depuis que Facebook s'est renommé Meta et a annoncé son basculement stratégique dans le métaverse, le concept d'un web3 décentralisé a le vent en poupe. Contrairement au web2 qui consacrait l'échange d'informations et l'économie des plateformes -notamment les Gafam-, le web3 se base sur les blockchains pour échanger des données et de la valeur sans intermédiaires -Gafam ou banques-.

De nombreux organismes prédisent à cette vague naissante un potentiel disruptif aussi important que celui d'Internet, avec des estimations de marché de l'ordre de plusieurs trilliards de dollars dans dix ans... Dans le web3, la blockchain permettrait de créer par exemple des actifs financiers, sous forme de NFT, qui pourraient assurer le fonctionnement de chaque service, ce qui permettrait aux utilisateurs finaux de détenir et d'exploiter chaque plateforme. A l'inverse, ses détracteurs y voient surtout un concept marketing nébuleux, dont les applications resteront circonscrites à quelques usages -dont la spéculation financière- et quelques secteurs -dont le luxe, qui remplacera les preuves d'achat physiques par des NFT, dans la continuité de sa transformation numérique, ou le jeu vidéo.

Sylvain Rolland

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Commentaires 2
à écrit le 08/06/2022 à 16:27
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Bonne nouvelle et bon article. Il y a encore des entrepreneurs perspicaces en France alors que 80% des français est totalement dépourvu de perspicacité (voire l'offre politique ridicule qui exploite l'ignorance économique des français)

à écrit le 08/06/2022 à 15:54
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Le monde du vide…..

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