Cédric O met fin au mandat de Kat Borlongan à la tête de la Mission French Tech

Nommée en 2018 par Mounir Mahjoubi, alors secrétaire d'Etat au Numérique, la directrice de la Mission French Tech, Kat Borlongan, quitte ses fonctions mercredi 7 juillet. La décision a été prise par Cédric O, l'actuel secrétaire d'Etat à la Transition Numérique, qui souhaite remanier la structure. Le remplacement de Kat Borlongan n'est pas encore décidé. En attendant, c'est son actuel directeur adjoint, Louis Fleuret, qui occupera le poste par intérim.
Sylvain Rolland
Kat Borlongan, la directrice de la Mission French Tech, l'organisme en charge de structurer l'écosystème startup français, quitte ses fonctions mercredi 7 juillet.
Kat Borlongan, la directrice de la Mission French Tech, l'organisme en charge de structurer l'écosystème startup français, quitte ses fonctions mercredi 7 juillet. (Crédits : DR)

Merci pour ce moment ! Selon nos informations, Kat Borlongan, la directrice de la Mission French Tech, l'organisme en charge de structurer l'écosystème startup français, quitte ses fonctions mercredi 7 juillet, après un peu plus de trois ans de bons et loyaux services.

Officiellement nommée à ce poste en mai 2018 par Mounir Mahjoubi, alors secrétaire d'Etat au Numérique, sa révocation est signée de la main de son successeur, Cédric O. D'après nos informations, la décision sera officialisée mercredi soir, lors d'une soirée de départ en guise d'hommage qui se tiendra à l'hôtel des ministres de Bercy. La cérémonie devrait accueillir, jauge réduite oblige, une cinquantaine de personnes. Cédric O sera présent, tout comme le ministre délégué en charge du Commerce extérieur et de l'attractivité, Franck Riester, et le député Mounir Mahjoubi. Quelques personnalités de l'écosystème tech ont également été invitées, dont l'ancien journaliste de BFMTV Sébastien Couasnon, des investisseurs parisiens et quelques startups du Next40, l'indice des champions de la French Tech piloté par la Mission French Tech et Bpifrance.

Cet au-revoir officiel conclura une journée d'annonces autour de la tech : le matin, Cédric O et la ministre déléguée en charge de l'égalité entre les femmes et les hommes, Elisabeth Moreno, présenteront la nouvelle promotion du programme French Tech Tremplin, centré sur la mise en avant de la diversité sociale et culturelle dans l'entrepreneuriat. L'après-midi, Cédric O, Franck Riester et Marléne Schiappa, la ministre déléguée à la Citoyenneté, annonceront de nouvelles initiatives de la Mission French Tech concernant le programme French Tech Visa, qui vise à attirer en France les talents étrangers.

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L'actuel directeur adjoint Louis Fleuret prend l'interim

Le flou entoure encore les raisons de la décision d'évincer Kat Borlongan, et ce qu'il adviendra de la Mission French Tech. Dans un tweet publié lundi, Cédric O rend hommage aux équipes de la Mission French Tech et laisse entrevoir de nouvelles annonces "cette semaine" (le départ de Kat Borlongan, donc). Sa volonté "d'amplification de la dynamique French Tech" indique que le départ de la directrice s'expliquerait par la volonté de transformer les missions de l'organisme gouvernemental, dédié jusqu'à présent à la structuration et à la montée en puissance de l'écosystème français de la tech. Selon nos informations, la future Mission French Tech pourrait à la fois garder son ADN historique d'aide à l'écosystème, mais aussi ajouter une dimension de responsabilité, autrement dit développer des programmes pour maximiser l'impact sociétal et environnemental des startups.

Contacté par La Tribune, le cabinet de Cédric O n'a pas souhaité nous répondre sur aucun de ces points. Mais les Capitales French Tech ont été officiellement informées que le directeur adjoint de Kat Borlongan, Louis Fleuret, prendra la direction de la Mission French Tech par intérim. La question du remplacement, ou pas, de Kat Borlongan, n'est pas encore tranchée par le gouvernement.

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Reprise en main politique par Cédric O

L'avenir de Kat Borlongan au sein de la Mission French Tech s'inscrivait en pointillés depuis plusieurs mois. D'après nos informations, le cabinet de Cédric O réfléchit depuis au moins le début de l'année à modifier la gouvernance et les missions de la Mission French Tech. La directrice aurait même pu partir dès le mois de mai, lors de la fin de son mandat de trois ans. Son départ un mois et demi après la fin officielle de son mandat -ce qui signifie qu'elle a été de fait prolongée avant d'être remerciée-, interroge sur la stratégie du gouvernement et sur le devenir de la structure, entretenant l'incompréhension en interne.

Depuis son accession au poste de secrétaire d'Etat au Numérique, en mars 2019, Cédric O n'a eu de cesse de resserrer sa mainmise sur cet organisme d'Etat. Ainsi, le mandat de Kat Borlongan a été marqué par un effacement progressif de la directrice derrière Cédric O. Si le gouvernement a toujours piloté de fait les initiatives de la Mission French Tech, son premier directeur, David Monteau (2013-2018), incarnait la structure dans les médias tout autant que ses ministres de tutelle, à l'époque Fleur Pellerin puis Axelle Lemaire et Mounir Mahjoubi. L'idée était alors de présenter la Mission French Tech comme un relais institutionnel entièrement dévoué au rayonnement de l'écosystème tech, à saine distance du politique. Une directrice de la communication et des relations presse s'occupait même de promouvoir les programmes dans les médias et de multiplier les interventions sous les projecteurs pour David Monteau, afin de faire vivre la structure indépendamment du gouvernement.

Mais ce poste est devenu inutile sous Kat Borlongan. Depuis sa nomination, mais surtout depuis l'arrivée de Cédric O au secrétariat d'Etat au Numérique en 2019, le politique a repris la main. Véritable VRP des startups françaises, dont il relaie personnellement et systématiquement sur les réseaux sociaux les plus grosses levées de fonds, Cédric O assume que la Mission French Tech est une initiative d'Etat, et ne souhaite pas que sa directrice prenne la lumière et incarne ses programmes, qui font partie selon lui, d'après nos sources, de son propre bilan personnel et de celui du gouvernement dans le numérique.

Lancé par Mounir Mahjoubi, le French Tech 120, l'indice qui regroupe les 120 startups les plus prometteuses du pays dont le Next40, a ainsi été "préempté" politiquement par Cédric O, qui en fait un tremplin de la politique gouvernementale autour des "scale-up". Autre fait révélateur : Kat Borlongan n'a même pas participé, début mai, à la conférence de presse dévoilant le Green 20, le nouvel indice de la Mission French Tech dédié aux greentech. L'annonce avait été menée par Cédric O et Barbara Pompili, la ministre de la Transition écologique.

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Un bon bilan pour Kat Borlongan

Si sa nomination avait suscité un peu de scepticisme dans l'écosystème tech en raison de son profil très administratif, Kat Borlongan a finalement gagné le respect et l'estime de l'ensemble de l'écosystème tech.

Sous son impulsion et guidée par Mounir Mahjoubi puis Cédric O, la Mission French Tech s'est transformée de fond en comble. Si la structure a gardé la même philosophie d'action -aider l'écosystème à grandir et à se structurer-, quasiment tous les programmes mis en place par son prédécesseur ont été mis au placard ou remaniés dans les grandes largeurs.

Par exemple, le Pass French Tech et le French Tech Ticket, qui visaient à aider les startups en hyper-croissance, ont été abandonnés. A la place, le gouvernement a lancé le French Tech 120, à l'intérieur duquel existe le Next40. Ces indices visent à la fois à mieux valoriser les pépites les plus prometteuses, mais aussi à leur servir sur un plateau un accompagnement sur-mesure, en facilitant leur accès aux administrations pour résoudre rapidement leurs problématiques d'hyper-croissance. De la même manière, le programme French Tech Diversité, centré sur la promotion de la diversité sociale et culturelle, est devenu le French Tech Tremplin, avec un budget qui a été décuplé (de 1,5 million d'euros au lancement de French Tech Diversité à 15 millions d'euros pour Tremplin).

Les anciennes "métropoles labellisées" et les "hubs" dans le monde, censés fédérer les écosystèmes locaux, ont été remplacés par les Capitales (en métropole) et les Communautés (à l'international) French Tech. Surtout, leur gouvernance à l'époque problématique -poids trop important des élus locaux notamment- a été repensée pour redonner le contrôle aux entrepreneurs.

Surtout, ces trois dernières années, l'écosystème tech a explosé en France. C'est, en partie, la conséquence des politiques publiques en faveur de l'innovation et du développement des startups. La Mission French Tech, en fédérant les entrepreneurs et en faisant rayonner la tech française à l'international, a contribué à ce dynamisme. Lorsque Kat Borlongan a pris son poste, la French Tech ne comptait que deux licornes (BlaBlaCar et OVHCloud). Aujourd'hui, il y en 16, dont six ont éclos en 2021 lors d'un premier semestre de tous les records.

Sylvain Rolland

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Commentaires 3
à écrit le 08/07/2021 à 9:21
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Ah il me semblait bien qu'elle était compétente ! Une preuve irréfutable, merci.

à écrit le 07/07/2021 à 2:21
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Ils devraient laisser les petits fours et les hommages et se mettre au boulot ...

le 07/07/2021 à 5:19
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Le travail, c'est pour les riens, bons a se faire tondre, qui s'abstiennent de voter, se plaignent a longueur de temps. En un mot : France. Prets a remettre le couvert aux sinistres profiteurs aux manettes. On a les maitres que l'on merite.

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