Comment Google, Apple et Facebook veulent accélérer le web mobile

Pour améliorer l’audience sur mobile et donc augmenter leurs revenus publicitaires, Google, Apple et Facebook se lancent dans l’accélération du temps de chargement des pages web, estimé aujourd’hui à 8 secondes. Décryptage.
Sylvain Rolland
Google mise sur une refonte technique, tandis qu'Apple et Facebook deviennent eux-mêmes des agrégateurs de contenus.

Tous les utilisateurs de smartphone ont déjà renoncé à visiter une page web en raison d'un temps de chargement trop long. Et pour cause : techniquement, ce n'est toujours pas ça. En moyenne, charger une page web sur un téléphone prend environ 8 secondes. Une éternité !

Ce délai représente un frein bien identifié et non négligeable au développement de l'audience sur smartphone et tablette. Et qui dit audience dit publicité, et donc revenus. Google, Facebook et Apple se livrent dans ce domaine une bataille féroce. Mais le nerf de la guerre se situe désormais sur les supports mobiles. Selon le cabinet eMarketer, le secteur de la publicité sur mobile devrait peser 100 milliards de dollars en 2016, soit 51% du marché global des annonces en ligne. Et la tendance devrait s'accentuer dans les années à venir.

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Améliorer l'expérience utilisateur sur smartphone représente donc un enjeu stratégique capital pour les entreprises qui veulent dominer le marché de la publicité sur Internet. Ces derniers jours, Google, Apple et Facebook ont annoncé des initiatives majeures. Ces géants du net ambitionnent de proposer à leurs utilisateurs toujours plus de contenus sur mobile, qui s'affichent de manière plus rapide, pour qu'ils passent le maximum de temps possible sur leur plateforme. Pour cela, ils signent à tout va des partenariats avec les éditeurs, qu'ils soient des titres de presse ou d'autres plateformes comme Twitter.

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Google révolutionne la technique de chargement des pages

La firme de Mountain View, qui pèse à elle seule un tiers du marché mondial de la pub en ligne, a annoncé mercredi 7 octobre le lancement du projet open source Accelerated Mobile Pages (AMP). L'objectif : réduire le temps d'affichage des pages web de ses partenaires grâce à une refonte technique majeure du chargement des pages.

Concrètement, ce nouveau format, baptisé AMP HTML, permet d'alléger le poids d'une page en restreignant certains éléments HTML, CSS et JavaScript. Pour cela, Google utilise son "cache" : le moteur de recherche stockera sur ses serveurs les pages au format AMP comme il stocke celles en format classique. Cette astuce permettra au mobinaute d'afficher un contenu disponible au format AMP très rapidement.

Google précise que son nouveau format peut être utilisé par n'importe qui (c'est le principe de l'open source). Mais le géant californien a d'ores et déjà signé près de trente partenariats avec éditeurs de contenus. Parmi eux, des plateformes comme Twitter, Pinterest et LinkedIn, qui génèrent une audience considérable. Mais aussi des médias, comme Les Echos en France, le Guardian au Royaume-Uni, El Pais en Espagne et une myriade de titres américains comme le Washington Post, le New York Times, le Wall Street Journal, le Financial Times, le Huffington Post ou encore le magazine Time.

"A chaque fois que le chargement d'une page web prend trop de temps, les éditeurs de contenus perdent un lecteur et la possibilité de gagner des revenus grâce à la publicité ou aux abonnements", s'est justifié un porte-parole de Google.

La firme américaine promet également que le contenu sera toujours chargé avant les publicités, alors que ce n'est pas forcément le cas actuellement pour de nombreux sites et applications.

Apple et Facebook agrègent eux-mêmes les contenus

Si Google travaille sur une solution d'ordre technique, Apple et Facebook ont trouvé une autre parade : devenir eux-mêmes agrégateurs de contenus. L'idée est simple : puisque le problème vient du chargement trop lent des pages web externes, autant héberger directement les contenus sur une seule et même application.

Cette application d'actualités s'appelle "News" pour Apple (lancée le 7 octobre en France) et "Instant Article" pour Facebook. Elles permettent à l'utilisateur d'avoir accès à tous les contenus des médias partenaires sans changer d'application ni aller sur le moteur de recherche de Google, et donc de ne plus subir les problèmes de chargement... Mieux : Facebook promet même un temps de chargement "dix fois plus rapide".

L'enjeu pour les deux géants est de conserver l'audience plus longtemps sur leur plateforme, ce qui leur permet de la monétiser grâce aux données récoltées et aux publicités. Le New York Times, BuzzFeed, NBC News, Bild ou encore National Geographic participent à Instant Article, tandis que News a séduit notamment la chaîne sportive ESPN, le New York Times (toujours lui) et le groupe de presse Condé Nast (GQ, Wired, Vogue, Vanity Fair).

De leur côté, les médias partenaires perdent la "souveraineté" de leur articles puisqu'ils sont publiés par quelqu'un d'autre, mais ils espèrent y gagner une visibilité supplémentaire et pourront récolter 70% des revenus générés.

>> Aller plus loin Les géants Apple et Facebook vont-ils « vampiriser » la presse en ligne ?

Sylvain Rolland

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Commentaires 3
à écrit le 10/10/2015 à 0:46
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Youness ayar 2005 8 8

à écrit le 09/10/2015 à 0:02
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Hé hé... sauf que la crise actuelle, identique à celle de 1929, va faire fondre le nombre de pigeons. Dommage pour eux. Ils l'ont voulu, néanmoins.

à écrit le 08/10/2015 à 22:30
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Ben tiens! Pour accroître leurs revenus et leur influence quasi monopolistique en faisant si possible payer les infrastructures par les autres et in fine le contribuable. C'est à ça que ça sert les élus et le lobbying pour le "droit au... " etc.

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