Comment La Poste devient un acteur important de la e-santé

Devenue entreprise à mission depuis 2021, La Poste considère la e-santé comme une diversification stratégique de ses activités pour rester un acteur de référence dans les services essentiels du quotidien. Le groupe emploie plus de 1700 personnes dans ses activités de santé, pour un chiffre d'affaires de plusieurs centaines de millions d'euros. Il a également racheté une vingtaine de startups depuis 2016, dont Happytal, pépite du French Tech 120 avalée début septembre.
Sylvain Rolland

Si La Poste est surtout connue pour son activité historique d'opérateur postal et ses services de banque et d'assurance, le groupe devenu entreprise en 1991 et entreprise à mission en 2021, s'est aussi discrètement imposé ces dernières années comme l'un des acteurs majeurs de la e-santé en France.

Cette semaine, La Poste a annoncé sa plus grande acquisition à date dans le domaine de la santé : la startup Happytal, qui emploie 370 salariés en France et commercialise ses logiciels de gestion de la relation patient dans plus de 130 hôpitaux. En mettant la main, pour un montant non dévoilé, sur l'un des plus grands succès français dans la e-santé -Happytal est membre du French Tech 120, l'indice du gouvernement des 120 pépites de la tech les plus prometteuses, La Poste frappe un grand coup pour s'affirmer comme « le partenaire de référence des acteurs du soin et de l'autonomie en France », dixit Philippe Dorge, le directeur général adjoint de La Poste en charge de la branche Services-Courrier-Colis, qui pilote aussi la diversification dans la e-santé.

Lire aussi : « Notre ambition est de développer les conditions d'un numérique de confiance », Philippe Wahl ( Groupe La Poste)

300.000 patients accompagnés par an

A priori, les activités d'Happytal peuvent paraître très éloignées de celles de La Poste. Cette startup parisienne propose aux hôpitaux des solutions pour améliorer la qualité du séjour de leurs patients. Ses logiciels leur permettent par exemple d'effectuer leur pré-admission en ligne ou leur demande de chambre additionnelle. L'hôpital gagne du temps sur les démarches administratives, récolte un chiffre d'affaires additionnel sur les prestations complémentaires, et peut aussi automatiser les demandes de prise en charge par les organismes complémentaires.

Quel rapport avec La Poste ? « Nous nous sommes donnés la mission d'accompagner les gens au quotidien et de les aider en ces temps de transition -démographique, numérique, sanitaire-. Notre but dans la santé est de créer une palette complète de prestations interconnectées dans le domaine du parcours patient, à l'hôpital ou en dehors. Nous considérons donc Happytal comme la brique "hôpital" dans un ensemble de services du quotidien, qui vont de la livraison de médicaments à la télésurveillance, jusqu'au parcours à l'hôpital, en passant par l'hébergement de données de santé », explique Delphine Mallet, la directrice du pôle Santé et Autonomie, la holding de la branche Services-Courrier-Colis qui pilote les participations de La Poste.

Ainsi, La Poste accompagne aujourd'hui plus de 200.000 patients par an, auxquels il faut désormais ajouter les 100.000 gérés annuellement par Happytal. Depuis 2016, le groupe a réalisé « une vingtaine d'acquisitions » de startups de la French Tech, notamment Asten Santé en 2017 (accompagnement des malades chroniques) et Nouveal en 2020 (télésuivi). Le groupe développe également des services de proximité comme la livraison de médicaments et de repas adaptés aux patients, ou encore des services à la personne réalisés par ses filiales Axeo Services ou Age d'Or Services.

Lire aussi : Qui est LockBit 3.0, le cyber-rançonneur de La Poste Mobile ?

1.700 employés et 700 millions d'euros de chiffre d'affaires

Au-delà de la branche dédiée à la santé et à l'autonomie des personnes âgées et dépendantes, le groupe revendique une vision d'ensemble de services de santé. « La Banque postale est depuis peu le premier financeur bancaire des hôpitaux publics, alors qu'on partait de rien il y a dix ans », rappelle Delphine Mallet. Les services dans la santé se diffusent partout dans le groupe : Chronopost a ainsi lancé sa filiale Chronopost Healthcare depuis le rachat de Biologistic en 2016, et peut ainsi livrer des médicaments pour les officines, tandis que Docapost s'est imposé comme le premier hébergeur de données de santé en France et gère notamment le dossier patient des pharmacies.

Au total, l'activité santé est loin d'être anodine chez La Poste. D'après Delphine Mallet, 1.700 personnes travaillent sur ces sujets dans le Groupe, dont 300 professionnels de santé (infirmiers, pharmaciens...), sans compter les salariés de Chronopost et de Docapost. Une goutte d'eau par rapport aux 200.000 salariés en France et dans le monde. Mais l'activité santé pèse tout de même un chiffre d'affaires global de 700 millions d'euros, d'après Philippe Dorge, dont 250 millions d'euros pour le pôle Santé et Autonomie d'après Delphine Mallet. « Notre ambition est de dépasser le milliard d'euros très rapidement avec des services utiles aux établissements, professionnels de santé et patients », ajoute le directeur général adjoint de la branche Services-Courrier-Dorge. Une façon aussi pour un groupe dont l'activité postale historique décline, de trouver une nouvelle raison d'être à l'heure de la révolution numérique et du délitement des services publics.

Sylvain Rolland

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Commentaires 2
à écrit le 12/09/2022 à 10:39
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Requis, donc pas encore condamné, sursis et 12000€ d'amende pour 800000€ "volés", le bénéfice net reste agréable...

à écrit le 11/09/2022 à 9:07
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En parlant de santé : Il menait la grande vie en arnaquant la Sécurité sociale. Comme l'expliquait début septembre La République du Centre, un chauffeur de taxi âgé de 52 ans est soupçonné d'avoir détourné des centaines de milliers d'euros en obte...

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