Twitter : d'anciens dirigeants déposent plainte contre le réseau social d'Elon Musk

Trois anciens dirigeants de Twitter ont porté plainte en nom collectif contre la plateforme, exigeant qu'elle leur rembourse des dépenses légales réalisées dans le cadre de poursuites d'actionnaires et d'enquêtes des autorités sur leur ancienne entreprise. Ils avaient été congédiés par Elon Musk fin octobre 2022, lorsque le multimilliardaire a racheté le réseau social. Depuis son arrivée, la société serait ainsi passée de 7.500 à 2.000 employés. De nombreux ex-employés et sociétés ont d’ailleurs également porté plainte pour rupture de contrat abusives ou non-paiement de loyers et factures.
La plainte rapporte de nombreux frais juridiques liés à des poursuites mais aussi à des enquêtes de la SEC (le gendarme boursier américain) et du ministère de la Justice.
La plainte rapporte de nombreux frais juridiques liés à des poursuites mais aussi à des enquêtes de la SEC (le gendarme boursier américain) et du ministère de la Justice. (Crédits : CARLOS BARRIA)

Plus d'un million de dollars : telle est la somme que réclament des anciens dirigeants de Twitter au réseau social. Parag Agrawal, l'ancien patron, Vijaya Gadde, l'ancienne directrice juridique et Ned Segal, l'ancien directeur financier ont pour cela déposé une plainte auprès d'une cour spécialisée du Delaware a ainsi révélé le New York Times lundi 10 avril. Ils ont tous les trois été congédiés par Elon Musk le 27 octobre 2022, le jour où le patron de Tesla et SpaceX a racheté la plateforme. La plainte rapporte de nombreux frais juridiques liés à des poursuites mais aussi à des enquêtes de la SEC (le gendarme boursier américain) et du ministère de la Justice. Elle ne précise pas la nature de l'investigation du ministère, ni si elle est encore d'actualité. La SEC enquête pour savoir si Elon Musk a respecté les règles quand il est monté au capital de Twitter.

Les plaignants précisent avoir demandé le remboursement de leurs frais à Twitter il y a plus de deux mois, en vain. Ils mentionnent notamment les centaines de milliers de dollars dépensés par Vijaya Gadde pour se préparer à une audition devant une commission parlementaire fin janvier. Sollicité par l'AFP, l'email de Twitter dédié à la presse a automatiquement répondu par un désormais habituel émoticône en forme de crotte.

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Un effectif réduit des deux-tiers

Dans la foulée de l'acquisition tumultueuse de Twitter pour 44 milliards de dollars, Elon Musk a licencié la moitié des effectifs quelques jours après, début novembre. Ce plan social massif a été suivi d'autres congédiements et démissions. Dernier en date fin février, toujours selon le New York Times, où Twitter a licencié au moins 200 salariés, soit 10% de ses effectifs. Principalement des chefs de produit, des experts en mégadonnées et des ingénieurs travaillant sur l'apprentissage automatique et la fiabilité de la plateforme.

Au total, depuis l'arrivée d'Elon Musk, entre les plans sociaux, les démissions et les ingénieurs personnellement congédiés pour l'avoir critiqué, la société était déjà passée de 7.500 à 2.000 employés, d'après les estimations du New York Times et d'autres médias spécialisés comme The Information. De nombreux ex-employés et sociétés ont d'ailleurs porté plainte contre l'entreprise de San Francisco pour rupture de contrat abusives ou non-paiement de loyers et factures. En février, le Wall Street Journal a estimé le total des montants impayés à 14 millions de dollars, sans compter les intérêts.

« La lumière est encore allumée chez Twitter, mais vraiment tout juste », commentait fin février Jasmine Enberg, analyste chez Insider Intelligence. Elle prédit que le réseau social, qui comptait plus de 368 millions d'utilisateurs mensuels dans le monde en 2022, va en perdre quelque 32 millions entre 2022 et 2024, rebutés par la prolifération des contenus toxiques et/ou par l'augmentation du nombre de pannes.

« Le personnel est réduit à un squelette, il y a donc très peu de personnes pour régler les problèmes techniques et ceux relevant de la modération des contenus », expliquait-elle à l'AFP.

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Incertitudes sur l'avenir

En décembre, Elon Musk a indiqué lors d'une discussion en ligne avoir entrepris de « réduire les coûts comme un dingue » pour éviter une cessation de paiements, alors que de nombreux annonceurs, rebutés par le nouveau patron, n'achètent plus d'espaces publicitaires sur la plateforme.

« Twitter a perdu des centaines de ses principaux annonceurs, et ses recettes ont plongé par rapport à l'année dernière », constate Jasmine Enberg. Les marques n'ont pas « confiance » dans le propriétaire de la plateforme, dont l'audience a de toute façon toujours été restreinte par rapport à ses voisins, les géants Google et Meta (Facebook, Instagram), détaille-t-elle.

Et Blue, l'abonnement payant lancé l'année dernière dans la plus grande confusion, comme alternative aux revenus publicitaires, ne fait pas un tabac. Mi-janvier, seules 180.000 personnes avaient souscrit à la formule aux États-Unis, d'après The Information.

« Il faudrait que Twitter multiplie quasiment par 100 son nombre d'abonnés dans le monde pour compenser ses pertes de recettes publicitaires », note Jasmine Enberg. « Ce n'est pas une bataille mal engagée, c'est une tâche insurmontable ».

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(Avec AFP)

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Commentaire 1
à écrit le 12/04/2023 à 12:51
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Après avoir dynamité Twitter de l'intérieur, l'ex-management souhaite recevoir un bonus... c'est pathétique!

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