Le toucher virtuel du français Hap2U, prochaine révolution du e-commerce ?

La startup grenobloise Hap2U, qui vient de lever 550.000 euros, a développé une technologie extrêmement prometteuse qui permet de toucher à distance une matière, sur un écran. De quoi abolir ce qu’il reste de la frontière entre le monde physique et le monde numérique, et révolutionner le e-commerce.
Sylvain Rolland
Le e-commerce et le m-commerce pourraient bénéficier du toucher virtuel d'Hap2U, car il permettrait aux clients de toucher un vêtement à distance.

Imaginez-vous dans cinq ans. Depuis votre canapé, vous surfez tranquillement avec votre smartphone sur un site de commerce en ligne. Ce pull en cachemire vous fait envie. Mais ne risque-t-il pas d'être trop chaud ? Est-il aussi doux qu'il en a l'air ? En 2016, vous auriez zoomé sur la photo, vous vous seriez rendu compte que ce n'est pas très utile, vous auriez hésité, regardé d'autres sites, puis vous auriez probablement renoncé. Mais désormais, il suffit juste de passer son doigt sur la photo, et vous touchez la matière comme si le pull était entre vos mains. Simple comme bonjour.

De nombreux secteurs à révolutionner

Cette technologie révolutionnaire n'est pas encore disponible. Mais un Français, le Grenoblois Cédrick Chappaz, y travaille d'arrache-pied depuis six ans. Le fondateur de la startup Hap2U a déjà déposé deux brevets et vient de lever 550.000 euros auprès de business angels. Sa technologie va plus loin que celles de ses concurrents Microsoft ou du laboratoire japonais Miraisens, qui travaillent sur l'illusion du toucher virtuel en dupant le cerveau avec des images. "Notre technologie est unique, le réalisme est tel que l'utilisateur peut différencier les textures et les formes", revendique Cédrick Chappaz. Concrètement, Hap2U s'appuie sur un effet "lame d'air" qui module la friction ressentie par l'utilisateur lorsqu'il pose son doigt sur la surface d'un écran tactile. "Nous gérons aussi l'impact de l'humidité de la peau, qui influe sur la perception du toucher, précise l'entrepreneur. Avec Hap2U, peu importe le niveau d'humidité, cela marche quand même".

Le potentiel de la startup apparaît énorme tant sa technologie pourrait offrir de nouvelles perspectives à de nombreux secteurs. A commencer par le e-commerce et le m-commerce, car il serait alors possible de toucher la matière d'un vêtement à distance. Dans la voiture, le toucher pourrait permettre de manipuler l'écran de contrôle (GPS, radio etc) sans quitter la route des yeux, et donc d'éviter des accidents ou des erreurs d'inattention.

L'enseignement à distance, les jeux vidéo ou l'industrie du divertissement pourraient également élargir leurs champs d'interactions de manière inédite en intégrant la dimension du toucher. L'entreprise multiplie aussi les contacts avec les industriels. "Notre cœur de métier est de faciliter l'interaction homme/machine dans les cas d'utilisation où la vision ne peut pas être le seul sens mis à contribution", explique Cédrick Chappaz, qui voit dans la multiplication des écrans de contrôle dans les usines autant de clients potentiels.

Dans les prochains iPhones, iPads et Galaxy Note ?

En revanche, pour toucher le grand public, il faudra convaincre les fabricants de dalles tactiles et de matériel informatique d'intégrer la technologie à leurs produits. "Si les prochains iPhones, iPads, ordinateurs et tablettes étaient équipés, cela nous ouvrirait un marché gigantesque", rêve l'entrepreneur, qui cite les deux milliards de smartphones et 400 millions de tablettes vendus en 2015...

Depuis plusieurs mois, et notamment depuis son passage au salon informatique Computex de Taipei, à Taïwan, la société a engagé des discussions "avancées et intenses" avec des industriels. Ils y parlent miniaturisation de la technologie (il faut pouvoir l'intégrer sous l'écran des smartphones et les tablettes) et expériences utilisateur.

"Les grands fabricants de smartphones sont très intéressés car notre technologie pourrait permettre aux développeurs de créer beaucoup de nouvelles applications dont on n'a même pas encore idée", ajoute Cédrick Chappaz. D'où le lancement, d'ici à la fin de l'année, d'un kit à l'usage des développeurs, "pour leur permettre de s'amuser avec la techno". Avec, en ligne de mire, une nouvelle levée de fonds en 2017, d'un montant "conséquent" cette fois, afin d'accélérer son développement. "Tout est tactile aujourd'hui, des montres connectées aux distributeurs de billets, en passant par la plaque à induction dans la cuisine et les jeux vidéo", se réjouit l'entrepreneur.

Reste, donc, à progresser dans la miniaturisation et à créer la demande. La startup estime qu'il lui faudra encore "quelques années" pour en arriver à ce stade.

Sylvain Rolland

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Commentaires 4
à écrit le 22/10/2016 à 21:22
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Il faut intégrer à tous prix les entreprises liées aux nouvelles technologies à la formation technique des jeunes. Les chambres de commerce et de l'industrie doivent associer leur effort avec l'éducation nationale afin que les jeunes ne sortent pas d...

à écrit le 20/10/2016 à 15:34
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Tout dépend si avant il faudra toucher une publicité cela pourrait réserver de bien mauvaises surprises selon la publicité... Si je dis cela c'est parce que depuis peu vous avez des publicités particulièrement désagréables qui s'agrandissent et s...

à écrit le 20/10/2016 à 12:19
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pour l'industrie du sexe virtuel et des petites rencontres coquines... On n’arrête pas le progrès. :-) Il va falloir désinfecter vos portables

le 20/10/2016 à 14:07
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J'allais le dire.

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