Maison connectée : Otodo se rêve en contrôleur universel

Imaginée par Eric Denoyer, l’ancien patron de SFR, la startup Otodo propose un dispositif permettant de piloter, via une application, son chauffage, ses éclairages, ses caméras de sécurité et autres volets électriques.
Pierre Manière
Si sa solution séduit les opérateurs télécoms, Otodo espère que la technologie de son boitier (à gauche) sera directement embarquée dans leurs box. A droite, « Ugo », son galet connecté, permet d'activer les objets et accessoires reconnus dans la maison.

Fini le temps où Eric Denoyer, ex-patron de Numericable puis de SFR, était sous le feu des projecteurs, et commentait la stratégie du numéro deux français des télécoms devant des essaims de journalistes. Depuis qu'il a quitté début 2016 le groupe du milliardaire Patrick Drahi, dont il a été pendant douze ans un des plus proches collaborateurs, le dirigeant et entrepreneur de 53 ans s'est trouvé un terrain de jeu moins exposé. Six mois à peine après son départ, il a fondé Otodo, une startup d'une dizaine de collaborateurs spécialisée dans l'Internet des objets. Son objectif ? Fournir à tous les foyers un moyen simple de piloter tous les dispositifs connectés de la maison.

Otodo a ainsi développé un petit boitier, qui se connecte en Wi-Fi aux box Internet des opérateurs télécoms. Une fois mis en route, celui-ci est capable de détecter la plupart des objets connectés de la maison. On y trouve les équipements les plus modernes (les thermostats, les compteurs d'eau ou de gaz, les enceintes, les lampes, les machines à laver ou les caméras de sécurité), mais aussi les plus anciens, comme les volets électriques télécommandables. Une unique application mobile permet ensuite de les contrôler, et les faire interagir entre eux. On peut, par exemple, programmer le démarrage de sa machine à laver à une heure creuse, l'extinction simultanée de la télévision et de la lumière en quittant son appartement. Ou encore suivre en un clin d'œil sa consommation d'électricité, d'eau et de gaz... Ce qui est aujourd'hui parfois très laborieux : dans la mesure où chaque fabricant d'objets connectés dispose de ses propres standards, les consommateurs sont souvent contraints de jongler entre différentes applications.

Booster les revenus des opérateurs

En parallèle, Otodo développe une « télécommande de la maison », dixit Eric Denoyer, pour contrôler les objets et accessoires reconnus dans l'appli. Il s'agit d'un petit galet géolocalisé, baptisé « Ugo », qui sert à lancer des commandes prédéfinies ou programmées par l'utilisateur. On peut, par exemple, « taper sur une porte pour l'ouvrir ou sur la table pour allumer la pièce », précise Otodo sur son site.

In fine, la startup espère convaincre les opérateurs télécoms, en France comme à l'étranger, de proposer son dispositif à bas coût directement dans leurs offres Internet. Eric Denoyer affirme que sa solution leur permettra d'augmenter leur revenu moyen par abonné « de quelques euros » par mois. Et en échange de sa technologie sous licence, sa startup percevra une part de cette manne.

Un catalyseur de l'IoT grand public?

Cette idée d'un dispositif universel pour piloter les objets connectés de la maison, Eric Denoyer l'a mûrie lorsqu'il était à la tête de SFR. Il rappelle avoir été, comme ses rivaux, confronté à « la décroissance du chiffre d'affaires ». Dans un marché français des télécoms mature - impacté de surcroît par l'arrivée fracassante d'un acteur low cost (Free Mobile en 2012) -, les grands opérateurs se sont mis en quête de nouveaux relais de croissance. Orange a depuis jeté son dévolu sur la banque, quand SFR mise désormais gros sur les contenus audiovisuels. Et l'Internet des objets ? Si le marché apparaît depuis longtemps porteur aux yeux des opérateurs, force est de constater qu'il n'a pas, jusque-là, tenu ses promesses. Du moins concernant les objets connectés grand public, qui peinent encore à séduire les consommateurs.

Aux yeux d'Eric Denoyer, les opérateurs pourraient pourtant avoir un rôle de catalyseur du marché, pour peu qu'ils l'attaquent de la bonne manière. Les opérateurs ont eu le tort, d'après lui, de « se positionner sur la distribution de produits et d'accessoires connectés, comme les magasins de bricolage ». « Ça n'a pas bien marché parce qu'ils n'ont pas, ici, de vraie légitimité », estime Eric Denoyer, pour qui « leur métier devrait plutôt être de connecter les objets ». Et Otodo, sous ce prisme, constitue pour lui la solution technologique qui leur manquait. Pour l'heure, le dispositif est encore en phase de test, et Eric Denoyer affirme être en discussion avec plusieurs opérateurs. Il espère une commercialisation de sa solution « dans le courant de l'année prochaine ».

Pierre Manière

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaires 2
à écrit le 22/10/2017 à 10:42
Signaler
Le problème dans les télécoms tout comme dans le secteur électrique c’est que chacun essaye d’imposer ses propres standards, avant qu’un organisme ne régule in-fine le marché. C’est donc une très bonne idée que de vouloir proposer une interface et u...

le 23/10/2017 à 10:28
Signaler
On peut voir les choses comme cela, mais si c'est l’électricité qui sert de "fédérateur", alors il y a de fortes chances que ce soit l'opérateur énergétique avec sa "BOX" réseau (Linky et suivants qui prenne ce contrôle, auquel cas Otodo et les autre...

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.