Trente ans de libre émission pour les radios locales

Avec la disparition du monopole de l'Etat sur la bande FM le 9 novembre 1981, les radios locales dites pirates deviennent "libres". Elles peuvent alors émettre mais sans diffuser de messages publicitaires. Quelques années plus tard, le plafond des recettes de publicité est supprimé et 2.000 radios libres sont recensées. Moins nombreuses actuellement, les radios continuent leur mutation. Voici quelques moments forts en vidéo.
Scène de "Good Morning England", qui retrace l'histoire d'une radio pirate

Quelques mois après avoir remporté l'élection présidentielle, François Mitterrand met fin au monopole de l'Etat sur la bande FM (modulation de fréquence) avec la loi n°81-994 du 9 novembre 1981 . Les radios dites pirates, apparues dans les années 70, peuvent désormais se faire entendre en toute légalité. Ces radios doivent alors se partager les ondes aux côtés des radios existantes comme celles du service public ou bien les stations périphériques émettant depuis l'étranger (Allemagne pour Europe 1, Luxembourg pour RTL).

Associatives, communautaires, contestataires, ces radios libres étaient jusque-là interdites et régulièrement brouillées, certaines s'étant inspirées de la fameuse station musicale Radio Caroline émettant depuis 1964 hors des eaux territoriales britanniques depuis un bateau au large des côtes, sous pavillon panaméen. Radio Verte est la première de ces radios pirates en France. Elle est lancée en mai 1977 par Antoine Lefébure, Alain Hervé et Brice Lalonde dans les appartements de Jean-Edern Hallier. Comme elle, beaucoup joueront longtemps au chat et à la souris avec la police avant d'obtenir leur droit de citer. C'est Radio Zéma en Lozère qui devient la première radio locale privée associative.

Avant la présentation de la loi au Parlement, le ministre de la communication Georges Fillioud décrit le cadre de la libéralisation des ondes et exclut le principe de la publicité.


Lors de l'examen du projet de loi par le Sénat en septembre 1981, les parlementaires vont à l'encontre du gouvernement et envisagent la possibilité pour ces radios locales de se financer via la publicité. Les radios libres sont elles-mêmes divisées sur la question; beaucoup craignent que cela n'ouvre une brèche à la commercialisation des ondes.



Mais alors quels revenus?

On assiste alors à une explosion des nouvelles stations de radios privées locales -2.000 dès 1982-  entraînant de nouvelles problématiques financières, techniques et éditoriales.  Si des nouveaux arrivants originaux comme "Tata lulu" ou "Carbone 14" finissent par disparaître, d'autres vont perdurer. C'est le cas de NRJ, Radio Nova, Radio Notre-Dame ou Solidarnôsc.

La bande FM est engorgée, la guerre des ondes est lancée et la concurrence commerciale se renforce en 1984 avec l'autorisation officielle de diffusion de la publicité. Les radios ont alors le choix entre le statut associatif assorti d'une subvention de l'Etat ou le statut commercial dépendant des recettes publicitaires.

Entre temps, afin de mettre un peu d'orde, la Haute Autorité de la communication audiovisuelle est crée avec la loi du 29 juillet 1982. Elle est chargée d'attribuer les fréquences de la bande FM et de garantir l'indépendance du service public de la radiodiffusion et de la télévision. Lui succèderont la Commission nationale de la communication et des libertés (CNCL) en 1986, puis le Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA).

Des radios libres non homologuées.....

 

La crise économique des années 90 accélère le processus de concentration du secteur de la radio. Certaines stations disparaissent tandis que d'autres passent entre les mains de grand groupes.  Actuellement, 900 radios se partagent les 6.000 fréquences existantes , écoutées chaque jour par 43 millions de personnes.

L'arrivée d'Internet a encore fait changer les lignes. Web-radio et podcasts permettent désormais d'écouter la radio autrement et sur d'autres supports. Mais ce n'est pas le seul changement.

Le nouveau souffle du numérique

Actuellement, les fréquences libres se font rares, voire inexistantes, hormis celles qui cèdent la leur ou la suppriment ouvrant la voie à la radio numérique terrestre. (RNT). Avec elle, plaide Patrice Gélinet, membre du CSA, petites et grandes radios pourraient ainsi être diffusées sur l'ensemble du territoire et ce sans avoir à changer de fréquences. Sans parler de la qualité d'écoute bien meilleure.

En 2008, le CSA a lancé un appel à candidature pour la RNT et présélectionné 55 radios à Paris, 41 à Marseille et 40 à Nice, mais aucune suite n'a été donnée. Les radios indépendantes s'impatientent et réclament leurs autorisations, estimant que la RNT coûtera moitié moins chère que la diffusion sur la bande FM. Nous demandons au CSA de lancer le processus d'autorisation, qui permettrait à la RNT de démarrer de manière pérenne en France", a déclaré Philippe Gault, président du syndicat interprofessionnel des radio s et télévisions indépendantes (Sirti), lors d'une conférence de presse.
Une lettre en ce sens a été envoyée par le Sirti au CSA à la mi-octobre.

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