Endemol : la stratégie de l'ex-reine de la téléréalité pour redorer son image

La société de production renégocie sa dette et prépare de nouveaux projets, hors de la télé-réalité. L'interview de Virginie Calmels, PDG Endemol France
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Rien à faire. Plus de dix ans après «Loft Story», la téléréalité colle à la peau d'Endemol. «L'image est toujours grevée. Surtout, lorsque nous avons un accident comme Carré Viiip», a reconnu Virginie Calmels, arrivée il y a quatre ans à la tête d'Endemol France. Depuis, la dirigeante s'est attachée à réduire la dépendance du groupe vis-à-vis de TF1 et à diversifier ses formats. Une tâche menée sans opération de croissance externe, mise en sommeil en raison de l'énorme endettement du groupe, en cours de restructuration depuis dix-huit mois. Sur ce plan, un accord, pourrait intervenir début janvier, faisant passer la dette de 2 milliards à 500 millions d'euros. En échange, les créanciers, dont Barclays ou Lehman, auront la majorité du capital.

Le jeu au coeur de l'activité

En attendant, Endemol, qui a généré en France environ 150 millions d'euros de chiffre d'affaires en 2011, a fait ses premiers pas dans la fiction. En 2012, France 3 diffusera «Il était une fois peut-être pas», France 2 la comédie fantastique «Cent pages blanches» et Arte, le thriller politique «La main rouge». La fiction pèse désormais 25% du chiffre d'affaires du groupe, mais moins de 10% en France. Virginie Calmels vise 20% d'ici à trois ans. Aux États-Unis, Endemol a carrément ouvert son propre studio. «Hell on Wheels», une première série de 6 ou 8 épisodes à 2 millions de dollars l'unité, est diffusée sur AMC, la chaîne de «Mad Men» et de «Walking Dead». Endemol est en négociation sur la série avec une chaîne française.

Evidemment, le jeu reste au coeur de l'activité. Le producteur présente en ce moment aux chaînes privées «Bank Job», qui va être diffusé sur Channel 4 au Royaume-Uni. Il a aussi dans les cartons deux nouvelles émissions de téléréalité, «Love Coming Soon» et «School Investigator», qui mettent en scène des anonymes dans leur environnement.

Sandrine Cassini

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Comment Endemol s'est retrouvé dans cette situation ?

Endemol avait été racheté au plus haut, en se basant sur un plan d'affaires très optimiste, qui prévoyait une hausse des prix pour tous les formats d'émissions. Hélas ! La crise est arrivée, les prix ont chuté et le chiffre d'affaires espéré n'a pas été atteint.

Quid des acquisitions en France ?

La dernière acquisition était Formidooble, la société de Jean-Luc Reichmann en 2008. Aujourd'hui, des rachats de producteurs de fiction feraient sens.

Selon «Le Monde», le chiffre d'affaires en France a été de 130 millions d'euros en 2010, contre 189 millions en 2005. Comment expliquez-vous ce recul ?

Au début des années 2000, Endemol France avait racheté plusieurs sociétés de production. Ces rachats prévoyaient qu'une partie du paiement soit indexée sur le chiffre d'affaires atteint plusieurs années après le rachat - en général, cinq ans après. Ceci incitait les sociétés rachetées à engranger des revenus jusqu'à cette échéance, mais ensuite l'actif principal [l'animateur, Ndlr] disparaissait. Leurs recettes ont donc chuté, et nous avons dû fermer les sociétés de Marc-Olivier Fogiel, Karl Zero et Vincent Lagaffe. Mais, à périmètre constant, le chiffre d'affaires en France a régulièrement augmenté de 2007 à 2011.

Vous étiez historiquement très dépendants de TF1 et de la téléréalité. Qu'en est-il aujourd'hui ?

La téléréalité ne représente plus qu'un quart de nos ventes, alors que les jeux en pèsent la moitié, le divertissement 20% et la fiction 5%. TF1 génère environ la moitié de nos revenus, contre 80% au plus haut. Nous travaillons avec toutes les chaînes, y compris M6, qui nous a acheté le format «Undercover Boss», et le service public. Nous serons d'ailleurs candidats pour le feuilleton quotidien que prépare France 2. L'arrivée de nouveaux producteurs aidera le service public à atteindre des spectacteurs plus jeunes. Mais nous pensons que ce ciblage des jeunes doit se faire progressivement et non brutalement.

Êtes-vous impactés par les procès aux prud'hommes des anciens candidats de téléréalité ?

Nullement. Nous ne sommes poursuivis par personne. Et le cas échéant, nous avons trouvé des solutions pour le passé [des transactions ont été conclues avec certains candidats, Ndlr]. Et depuis la jurisprudence «Île de la tentation», nous signons systématiquement des contrats de travail, payés au Smic avec les candidats. Certes, cela crée des contraintes en limitant par exemple le nombre d'heures de travail par jour, mais cela apporte surtout une sécurité juridique. Bref, il a suffi de s'adapter, et ces procédures n'ont pas tué la téléréalité comme l'avaient clamé certains.

 

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Commentaires 4
à écrit le 15/12/2011 à 18:01
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diffusé sur AMC, pas AME... tsssss ça c'est du journalisme total...

à écrit le 15/12/2011 à 13:56
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Quelque soit leur nouvelle stratégie commerciale, ne nous leurrons pas ! Endemol est le nouvel opium du peuple !!!

à écrit le 15/12/2011 à 8:39
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Il est inadmissible qu'endemol fasse telles erreurs de gestion , en effet , je crois qu'il doit y avoir des distributions de dividendes et de salaires très , très élevés. Vu les tarifs pratiqués par endemol auprès de ces clients TF1 etc ?ils ne dev...

à écrit le 14/12/2011 à 14:52
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ENDEMOL est une Société qui a crée un concept novateur que l'on peut résumer en la "fabrique à caca". Son modèle économique est heureusement voué à disparaitre balayé dans le siphon implacable la crise, je leur conseille de se recycler dans les stati...

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