Endemol apprend les dures lois de l'économie-réalité

La majorité du capital du roi de la téléréalité va revenir à ses créanciers, mais Goldman Sachs, Silvio Berlusconi et John de Mol gardent le contrôle du conseil d'administration.
La Tribune Infographie/BHEDOUIN

Endemol va bientôt changer d'actionnaires. Selon le « Financial Times », les propriétaires actuels Goldman Sachs, John de Mol et Silvio Berlusconi (via ses sociétés Mediaset et Telecinco) vont devenir minoritaires. La majorité du capital sera désormais détenue par les créanciers du producteur de téléréalité. Ces derniers (des banques et des hedge funds) auraient toutefois accepté de rester minoritaires au sein du conseil d'administration, et donc de ne pas avoir le contrôle.

Endemol avait été racheté pour 3,4 milliards d'euros en 2007. À cette époque, l'argent était peu cher, et le rachat avait été financé en majorité (2 milliards) via de la dette. Mais ce LBO (rachat avec effet de levier) a mal tourné. En effet, les résultats du producteur d'origine hollandaise ont décliné. En 2011, le producteur prévoit une chute de 22 % de son excédent brut d'exploitation, à 140 millions d'euros. Quant au chiffre d'affaires, au mieux, il stagne. En Grande-Bretagne, la diffusion du programme phare « Big Brother » s'est arrêtée il y a un an, après dix ans d'antenne. En France, où Endemol est connu pour ses émissions « Secret Story » ou « Carré Viip », le chiffre d'affaires n'aurait atteint que 130 millions en 2010 selon « le Monde », contre 189 millions à la belle époque (2005). Une chute que la société explique par la fermeture de plusieurs sociétés de production : celles de Marc-Olivier Fogiel, Karl Zero et Hervé Hubert. « A périmètre constant, le chiffre d'affaires en France a augmenté régulièrement de 2007 à 2011 », assure néanmoins la société.

Problème : la dette contractée lors de l'acquisition comprenait des clauses à respecter (covenants) indexés sur les résultats, qui ne pourront l'être d'ici la fin de cette année, du propre aveu d'Endemol. Les auditeurs de Deloitte ont même jugé « probable » que c'était déjà le cas depuis la mi-2011. Or, lorsque les clauses ne sont plus respectées, les créanciers peuvent demander un remboursement immédiat de la dette. Si les actionnaires s'y refusent ou n'ont pas les moyens de le faire, les créanciers peuvent alors échanger leur dette contre des titres de la société.

Divergences stratégiques

« Si c'était à refaire, je ne pense pas que nous paierions à nouveau le prix qui avait été payé dans un monde différent, d'avant la crise », a admis fin juin Pier Silvio Berlusconi, vice-président de Mediaset. Aujourd'hui, selon les calculs d'un expert indépendant mandaté par Telecinco, Endemol ne vaut plus que 1,1 à 1,3 milliard d'euros. Cela signifie donc que la valeur des actions est devenue nulle, et d'ailleurs les trois actionnaires ont déprécié leur participation à zéro fin 2010. De même, une partie de la dette (les 250 millions de dette « junior » qui est remboursée en dernier) ne vaut aussi plus rien, et a aussi été dépréciée à zéro en 2010.

Pour ne rien arranger, trois dirigeants sont partis ces derniers mois : le directeur de la création, le directeur commercial, et surtout le directeur général, qui a démissionné il y a un mois, officiellement en raison de « divergences sur la stratégie » avec les actionnaires. Il a été remplacé par un management intérimaire.

Commentaire 1
à écrit le 11/10/2011 à 7:02
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Pour une fois on ne peut que se féliciter que cette société qui fait la promotion des bas instincts et de la médiocrité se retrouve en difficulté,si elle pouvait disparaitre...

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