L'Autorité de la concurrence ne fera pas la guerre à Canal Plus

Bruno Lasserre, le président de l'Autorité de la concurrence exclut la séparation des chaînes de Canal Plus d'avec le bouquet CanalSat. Mais il rappelle sa volonté de créer face au groupe de télévision une offre alternative.
Bruno Lasserre Copyright Bloomberg

Pour quelqu?un tenu à la confidentialité, Bruno Lasserre a été plutôt disert sur le dossier Canal Plus. Lors de la présentation du bilan annuel, le président de l?Autorité de la concurrence a officialisé les grandes lignes de la décision qui sera rendue le 24 juillet prochain dans le cadre de la révision de la fusion du bouquet de chaînes payantes avec le bouquet concurrent, TPS en 2006. Que Canal Plus se rassure, l?Autorité ne lui imposera de mesures trop sévères. Tel a en tout cas été le message de Bruno Lasserre. « Nous avons exclu la séparation structurelle entre les activités d?édition de chaînes et la distribution, qui aurait abouti pour Canal Plus à se séparer de CanalSat », a indiqué Bruno Lasserre. « Nous ne mettons pas fin non plus à l?auto-distribution des chaînes de Canal Plus. Par rapport à d?autres éditeurs de chaînes, disponibles chez les fournisseurs d?accès Internet, Canal Plus a le privilège de maîtriser sa distribution et donc d?accéder aux abonnés. « La télévision payante n?est pas un métier comme les autres. Vous devez acheter des droits rares et chers. Donc si vous ne maîtrisez pas vos abonnés, vous prenez des risques considérables », a précisé le président.

Ne pas destabiliser le cinéma

Ces deux décisions ont comme principal objectif de ne pas déstabiliser « l?industrie de la création et l?équilibre qui a été trouvé autour de l?économie du cinéma ». De fait, Canal Plus est le principal pourvoyeur de fonds du cinéma français, sa contribution étant calculée sur son chiffre d?affaires. Pour autant, Bruno Lasserre ne désespère pas de voir émerger une « alternative à l?offre de Canal Plus moins onéreuse et de moyen de gamme. Les distributeurs, en particulier les fournisseurs d?accès Internet pourraient jouer un rôle », a précisé le président. Et pour aider les FAI à constituer une offre plus attractive, l?Autorité compte bien utiliser CanalSat, dans la mesure où le bouquet satellite contribue moins au financement de la création que Canal Plus.

Ainsi, la fin de l?auto-distribution « est une option parmi d?autres », a indiqué le président. CanalSat est effectivement le dernier point sur lequel porte le dernier bras de fer. Ainsi, pour aider les FAI à constituer des offres plus attractives, l?Autorité songe aussi à mettre fin à l?exclusivité de distribution que possède CanalSat sur 60 chaînes parmi lesquelles les chaînes de Lagardère, (Canal J, June, Tiji), les chaînes Universal (13ème Rue, SyFy), les chaînes Fox (Voyage, National Geographic) et une partie des chaînes Viacom (MTV, Nickelodeon), ou encore TF6 et Série Club (filiales communes de TF1 et M6).

La fausse menace de Youtube, Apple et Netflix

Pour plaider sa cause, Canal Plus « a tiré toutes les sonnettes de la république », agitant notamment la menace que feraient peser les géants américains du Net sur le secteur avec l?arrivée de la télévision connectée. Là aussi, Bruno Lasserre a recadré l?opérateur historique. « On nous dit protégez nous contre les Google, YouTube ou Apple. Combien ont-ils d?abonnés ? Zéro. C?est Canal Plus avec Canal Plus Infinity qui préempte le marché de la vidéo à la demande. Un jour, ils viendront, mais aujourd?hui ils ne sont pas là. Deux freins les empêchent d?entrer sur le marché : la langue. C?est plus difficile d?amortir des contenus en Français. Et la chronologie des médias, qui fait qu?ils ne pourront pas proposer de films récent », a précisé Bruno Lasserre.

 

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Commentaire 1
à écrit le 09/07/2012 à 20:21
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Ben voyons, on ne tire pas sur les copains du pouvoir. Il est vrai qu'à vaincre sans risque on triomphe sans gloire, mais pour les demi portions de la gauche, la gloire n'est qu' un machin quelqconque. Alors toute honte bue on ne dit rien. Et puis da...

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