Disney rompt avec Netflix et lance son propre service de streaming

Le groupe de média et de divertissement (qui a racheté Pixar et Lucas Films) doit faire face au plongeon de ses résultats dans ses programmes de télé câblée. Ce virage stratégique est, après le succès d'AT&T l'an dernier, un signe supplémentaire d'une reprise en main par les médias traditionnels de leur catalogue de contenus, face aux appétits des nouveaux entrants tels que Netflix, Amazon et autres Twitter. En Bourse, ces annonces ont quelque peu secoué les protagonistes.
Disney a décidé de reprendre la main sur ses contenus : pour visionner ses dessins animés (Le Roi Lion, Toy Story, Cars...), ses films (Pirates de Caraïbes...), ainsi que ceux de Pixar, rachetée 7,4 milliards de dollars en 2006, ou de Lucas Films, rachetée en 2012 (les sagas Indiana Jones, Star Wars...), il faudra désormais s'abonner au portail Disney. A partir de 2018. Une exception: les contenus de sa filiale Marvel resteront sur la plateforme de Netflix.

Mauvaise nouvelle pour Netflix si d'autres studios se mettaient à imiter Disney. Le groupe de média et de divertissement, dans la foulée de son annonce de résultats décevants, a lancé la riposte en mettant fin au partenariat l'unissant à Netflix et en décidant de s'occuper lui-même de la diffusion en streaming (en flux continu) de ses propres programmes. Le groupe de divertissement tire ainsi très vite les leçons du plongeon (-23%) de ses activités dans la télévision par câble, et pivote vers ce nouveau mode de diffusion pour mieux s'adapter aux souhaits des consommateurs.

La seule manière de visionner les dessins animés de Disney (Le Roi Lion, Toy Story, Cars...), ses films (comme Pirates de Caraïbes...), ainsi que ceux de Pixar, rachetée 7,4 milliards de dollars en 2006, ou de Lucas Films, rachetée 4 milliards en 2012 (les sagas Indiana Jones, Star Wars...) sera de s'abonner au portail Disney. Qui ouvrira en 2018.

Le groupe de média et de divertissement a également annoncé un bénéfice net en recul pour le 3e trimestre de son exercice décalé ainsi qu'un chiffre d'affaires sous les attentes du marché, ce qui provoquait un recul de son action à Wall Street.

1,6 milliard d'investissement dans le streaming

Pour soutenir sa nouvelle stratégie dans le "streaming", Disney va débourser 1,6 milliard de dollars pour porter sa participation au sein de Bamtech de 33% à 75%, et indiqué qu'il utiliserait les ressources de cette société, notamment son savoir-faire technologique, pour proposer en flux direct (streaming) les programmes de sa chaîne sportive ESPN à partir de 2018 et lancer en 2019 un service de "streaming" auquel pourront s'abonner directement les consommateurs.

"Le paysage des médias est de plus en plus défini par la relation directe entre les créateurs de contenu et les consommateurs. Notre contrôle de la palette de technologies innovantes de Bamtech nous donnera le pouvoir de créer ces connexions et la souplesse de nous adapter aux changements du marché", a affirmé le Pdg du groupe Robert Iger.

Il a qualifié cette montée en puissance au sein de Bamtech de "stratégie de croissance complètement nouvelle". Disney avait acquis 33% de Bamtech il y a un an.

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(Bob Iger, le Pdg de Walt Disney Company, avec l'acteur Johnny Depp le 19 mai dernier à Los Angeles, lors de la première de "Pirates des Caraïbes : la vengeance de Salazar", 5e opus de la saga. Photo Mario Anzuoni / Reuters)

Netflix, Amazon, et bientôt Twitter menacent les médias traditionnels

Les compagnies de médias traditionnelles font face à la concurrence de Netflix et d'Amazon, ou même bientôt de Twitter pour le sport, qui proposent des contenus en flux plus adaptés aux habitudes de la génération des "Millennials" qui s'affranchissent du câble. Disney va ainsi mettre fin en 2019 à son accord de distribution de ses productions passé avec Netflix mais les contenus de sa filiale Marvel vont rester sur la plateforme, a déclaré M. Iger sur la chaîne CNBC.

Ces annonces faisaient reculer de près de 3% le titre Netflix dans les échanges électroniques d'après séance à Wall Street.

Le chiffre d'affaires a diminué un peu à 14,24 milliards de dollars au troisième trimestre clos le 1er juillet contre 14,28 milliards un an auparavant. Le bénéfice net part du groupe a représenté 2,37 milliards de dollars, soit 1,51 dollar par action, contre 2,6 milliards (1,59 dollar par action) un an plus tôt.

10.000 événements sportifs en streaming l'an prochain

Robert Iger a promis la diffusion dès l'an prochain de plus de 10.000 évènements sportifs par le biais d'ESPN en streaming avec la possibilité de s'abonner à des flux spécifiques (baseball, football américain, football...).

"Les abonnés accéderont au nouveau service par le biais d'une version améliorée de l'application ESPN actuelle", a-t-il précisé lors d'une conférence avec les analystes financiers après la publication des résultats.

La diffusion par câble et satellite dépassée par le streaming

Quant aux programmes de divertissement produits par Disney et Pixar, ils seront diffusés par le même biais en 2019 et le groupe "consentira des investissements substantiels dans la production originale de films, de séries télévisées" et d'autres contenus, a promis le PDG.

La décision de Disney de privilégier le streaming par rapport à la diffusion classique par câble ou satellite montre que ce moyen de diffuser les programmes est désormais considéré comme l'avenir.

Le passage d'AT&T au streaming couronné de succès

Le géant des communications AT&T, en passe d'acquérir Time Warner, l'un des concurrents de Disney, avait ainsi indiqué, fin juillet en présentant ses résultats, que son service de vidéo en streaming lancé fin 2016, DirecTV Now, a vu son nombre d'abonnés croître de 152.000 sur la période, à près de 500.000 abonnés

Les médias chutent, mais les recettes des parcs grimpent

En attendant, les résultats annoncés par Disney sont mitigés. Le bénéfice net a baissé de 9% à 2,366 milliards de dollars alors que le chiffre d'affaires est resté quasi-inchangé à 14,238 milliards de dollars, de quelque 180 millions inférieur aux attentes des analystes. Le bénéfice ajusté par action, est toutefois de 1,58 dollar, de trois cents supérieur aux attentes.

Par segment d'activité, les médias ont vu leur bénéfice d'exploitation chuter de -22% à 1,842 milliard de dollars, notamment à cause d'un recul de 23% dans les activités du câble. Les parcs et sites touristiques ont vu leur résultat d'exploitation progresser de +18% à 1,168 milliard de dollars alors que celui du cinéma a baissé de 17% à 639 millions. Les produits interactifs et autres marchandises liés aux produits Disney ont vu leur bénéfice d'exploitation avancer de +12% à 362 millions de dollars.

Le titre Disney reculait fortement dans les échanges d'après-séance à Wall Street, perdant 4% à 102,70 dollars vers 21H45 GMT.

(Avec AFP)

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Commentaire 1
à écrit le 09/08/2017 à 13:58
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En gros ils sont entrain de se disputer le marché du streaming... Ils se demandent pas un instant ce que les abonnés souhaitent, bref leur avidité de l'argent va accélérer leur chute.

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