France Télévisions ne voit pas la fusion TF1-M6 d’un mauvais œil

Auditionnée ce lundi par la commission d’enquête du Sénat sur la concentration dans les médias, Delphine Ernotte, la présidente de France Télévisions, appelle TF1 et M6 à se marier si cela leur permet de rester « puissants » et « en bonne santé ».
Pierre Manière
Delphine Ernotte, la présidente de France Télévisions.
Delphine Ernotte, la présidente de France Télévisions. (Crédits : Reuters)

La perspective de voir TF1 et M6 fusionner pour donner naissance à un mastodonte français de la télévision ne l'effraye pas. Au contraire. Ce lundi, Delphine Ernotte a même encouragé ses deux rivaux à se marier s'ils y voient le moyen de rester, dans les années à venir « puissants » et « en bonne santé ». Auditionnée par la commission d'enquête du Sénat sur la concentration dans les médias, la présidente de France Télévisions a jugé que la priorité, c'est que le secteur reste dynamique, dans un contexte de concurrence de plus en plus féroce des grandes plateformes américaines.

« Nous avons besoin d'avoir des concurrents privés en bonne santé, a-t-elle renchéri. Parce que si demain, les offres privées se délitaient - ce qui n'est pas le cas aujourd'hui -, eh bien c'est tout le média télé qui tomberait, et nous avec. Nous devons défendre le média télévision dans un monde où l'offre de médias ne cesse de s'élargir. »

« L'Autorité de la concurrence mettra des garde-fous »

Delphine Ernotte souhaite en revanche, et logiquement, que le deal TF1-M6 soit encadré. Pas question, par exemple, qu'il entrave la capacité de France Télévisions à conserver certains droits sportifs, comme les Jeux olympiques ou Roland Garros. « Nous nous en remettons ici à la sagesse de l'Autorité de la concurrence qui mettra des garde-fous », affirme la dirigeante. Idem sur le front de la publicité, qui représente 15% du chiffre d'affaires de France Télévisions. « Le simple fait de regrouper le marché publicitaire des deux mastodontes que sont TF1 et M6 fait baisser très spontanément le chiffre d'affaires publicitaire de France Télévisions, précise Delphine Ernotte. Il y a une prime au leader, on le sait. Et cela a des conséquences. »

Sa sortie fera toutefois grincer des dents les opposants à la concentration dans les médias, qui considèrent ce mariage comme une surenchère dans la course à la taille. A commencer par l'économiste Julia Cagé. Le week-end dernier, cette spécialiste des médias a tiré à boulet rouge sur cette fusion dans l'émission « C politique », sur France 5.

« Si cette fusion devait se faire, on aurait un groupe représentant 3,4 milliards d'euros de chiffre d'affaires, 70% du marché publicitaire télévisé, sept chaînes, 30% de l'audience, et sur les tranches d'information, ce serait un groupe qui toucherait 75% des téléspectateurs, a-t-elle égrené. Jamais un tel niveau de concentration n'a été atteint, notamment dans l'audiovisuel, qui continue à façonner le débat politique et le débat public. »

Pierre Manière

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Commentaires 3
à écrit le 25/01/2022 à 16:28
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France Télévisions est vraiment tombée bien bas, c'est devenu un bouquet de chaines communautaristes, qui est bien loin de rassembler tous les français. Au contraire, ils surfent sur la misère des gens. C'est bien la peine d'avoir des chaines publiqu...

à écrit le 25/01/2022 à 12:51
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Ben disons qu'elle est pas folle la guêpe elle sait très bien que de ce mastodonte ne naitra aucune concurrence imprévisible. Plus ils sont gros plus ils sont impotents et de peu d'imagination attendant que les autres prennent les risques pour les co...

à écrit le 25/01/2022 à 9:48
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Cela ne présage donc pas la fin de la publicité et la fabrique des rubriques "chiens écrasés" pour occuper les esprits!

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