Quand le CSA juge que le mariage entre TF1 et M6 est « naturel »

Le président du Conseil supérieur de l’audiovisuel, Roch-Olivier Maistre, a jugé, ce mardi, qu’il était « compréhensible » que les deux mastodontes de la télé française cherchent à fusionner leurs activités, au regard des « transformations à l’œuvre du paysage médiatique ».
Pierre Manière
Roch-Olivier Maistre, le chef de file du CSA.
Roch-Olivier Maistre, le chef de file du CSA. (Crédits : Reuters)

Voilà une sortie qui ne pourra que réjouir les dirigeants de TF1 et de M6. Ce lundi, lors des 15èmes Rencontres de l'Udecam, Roch-Olivier Maistre a jugé qu'il était « naturel », et même « compréhensible » que des cadors du petit écran souhaitent « se mettent en ordre de marche », afin de « développer leur capacité d'investissement et une sorte de souveraineté culturelle ». En clair, le président du CSA se dit, vraisemblablement, plutôt favorable à un deal entre TF1 et M6. Il estime donc, entre les lignes, qu'à deux, ces acteurs seront plus fort pour développer leur offre, et lutter contre les géants américains de la vidéo comme Netflix, Amazon ou Apple.

Selon Roch-Olivier Maistre, il faut aussi prendre en compte le fait que la crise du coronavirus a constitué un « amplificateur » de l'évolution du secteur de l'audiovisuel. Avec l'essor des plateformes et des champions de la VOD, les consommateurs regardent de moins en moins la télé linéaire. Ce qui constitue un chambardement pour les acteurs les plus anciens, comme TF1 et M6. Conscient de ces enjeux, le chef de file du CSA affirme que le régulateur « n'est pas là pour conserver et préserver le statu quo », mais pour « anticiper et accompagner les transformations à l'œuvre du paysage médiatique ». Il note, au passage, que les consolidations « se sont multipliées » ces dernières années au pays de l'Oncle Sam. Notamment pour faire face aux géants du Net.

« J'ai senti une forme d'enthousiasme »

Ces mots ont leur importance. Et pour cause: le CSA devra se prononcer sur la fusion entre TF1 et M6. C'est cette semaine que le régulateur commence les auditions des deux cadors de la télévision, mais aussi de tous les autres acteurs du secteur, dont ses concurrents. Roch-Olivier Maistre a rappelé qu'il rendra son avis « quelque part au début de l'année prochaine »« Il faudra ensuite que l'on statue sur l'agrément de changement de contrôle capitalistique de la chaîne M6, puis nous aurons à régler le renouvellement des autorisations de TF1 et M6 qui arrivent à échéance au printemps 2023 », a-t-il ajouté.

Juste après l'intervention du patron du CSA, Gilles Pélisson, le PDG de TF1, en était logiquement très satisfait. « J'ai senti une forme d'enthousiasme, une volonté de bien faire », a-t-il lâché. Il sait bien, pourtant, que rien n'est gagné. En mai dernier, TF1 et M6 ont annoncé leur volonté d'unir leurs forces pour « survivre » dans le paysage audiovisuel face à l'essor des géants américains du Net. Mais outre le CSA, c'est surtout l'Autorité de la concurrence qui devra donner - ou pas - son feu vert à l'opération. Elle pourrait notamment juger que la nouvelle entité dispose d'une grosse part de la publicité. Sur le segment de la télé gratuite, TF1 et M6 captent, à eux deux, les trois quarts de cette manne.

L'exécutif plutôt favorable à cette union

Si l'institution dirigée par Isabelle de Silva donnait sa bénédiction, il est très probable qu'elle impose aux acteurs différents « remèdes » visant à préserver la concurrence dans le secteur. Des cessions de chaînes sont à envisager. A minima trois, puisqu'un même groupe de télévision ne peut en détenir que sept sur les ondes hertziennes, quand TF1 et M6 en possèdent conjointement dix. Surtout, les régies pourraient écoper de règles contraignantes, visant, par exemple, à les isoler l'une de l'autre. En résumé, les débats seront rudes, et vont durer longtemps. TF1 et M6 parient aujourd'hui sur une finalisation de l'opération d'ici à la fin 2022.

Le gouvernement, de son côté, semble plutôt favorable à cette union. C'est du moins l'avis de Roselyne Bachelot. « Cette fusion ne m'inquiète pas, a déclaré la ministre de la Culture le mois dernier, sur France Info. Nous avons besoin de groupes forts dans l'audiovisuel privé qui assurent des programmes gratuits de qualité. » Pas sûr, toutefois, que l'Autorité de la concurrence ait la même analyse.

(avec AFP)

Pierre Manière

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Commentaires 7
à écrit le 09/09/2021 à 13:25
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TF1 et M6 sont deux chaines TV privées. Pourquoi le CSA cherche a ce satisfaire d'entreprises privées alors qu'ils devraient plutôt luter contre le prix de la redevance TV des quelques chaines publiques (au regard des diffusions on est loin d'en avoi...

à écrit le 08/09/2021 à 18:32
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En effet cela n'aura absolument aucune conséquence sur les programmes vu que presque tout est mauvais. Peut-être une réaction contre les GAFAM cette volonté du "great reset" de Davos mais c'est une mauvaise stratégie ils feraient mieux de prêter à ce...

à écrit le 08/09/2021 à 18:11
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On rigole......... Retour en arrière, viva la démocratie. Ça va être quoi la prochaine fois ??

à écrit le 08/09/2021 à 18:10
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On rigole......... Retour en arrière, viva la démocratie. Ça va être quoi la prochaine fois ??

à écrit le 08/09/2021 à 17:47
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Vive le lobbying du CSA qui n'est pas concerné par la régulation des médias... en l'occurrence du monopole TF1/M6. Signe que l'affaire est déjà pliée en haut lieu?

à écrit le 08/09/2021 à 17:43
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Le contraire eut été étonnant.

à écrit le 08/09/2021 à 17:41
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Le contraire eu été étonnant.

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