Pas question de subir le même sort que la presse écrite. Lors de son audition, ce vendredi, par la commission d'enquête du Sénat sur la concentration dans les médias, c'est la justification apportée par Nicolas de Tavernost pour justifier le mariage, en cours d'examen, entre M6 et TF1. Le président du directoire de M6 a rappelé à quel point les journaux avaient souffert de l'arrivée d'Internet, synonyme d'une chute des lecteurs couplée à une dégringolade des revenus publicitaires. Selon lui, c'est une menace similaire qui pèse sur la télévision.
Voilà pourquoi, à l'en croire, alors même que TF1 et M6 affichent des résultats plus qu'honorables, leur mariage est une manière de prendre les devants pour ne pas se retrouver, à terme, au bord du gouffre. Pendant son audition, il a insisté sur un point : ce méga-deal doit, en particulier, permettre de doper les investissements dans le streaming. L'objectif est d'être fort, au niveau national, sur ce segment stratégique. « Nous souhaitons ardemment accélérer dans le streaming », a déclaré Nicolas de Tavernost.
Le « difficile » développement de Salto
Salto, fruit d'une alliance avec France Télévisions et TF1, a constitué une première réponse dans ce domaine. Mais elle s'avère trop timide pour rivaliser avec les géants du secteur que sont Netflix, Amazon Prime ou Disney Plus. Un mariage avec TF1 sera, selon le patron de M6, l'occasion de renforcer cette plateforme, notamment en l'approvisionnant avec des contenus « locaux et français ». Aujourd'hui, le problème avec Salto, a-t-il expliqué, c'est que « son fonctionnement », avec des « groupes concurrents » pour l'alimenter en contenus, rend son développement « très difficile ». Il a d'ailleurs rappelé que Delphine Ernotte, la patronne de France télévisions, n'a pas caché qu'elle pourrait, en cas de deal entre TF1 et M6, céder sa participation dans ce « Netflix français ».
Avec ses propos, Nicolas de Tavernost a sans surprise conforté l'argumentaire de Thomas Rabe, le PDG de Bertelsmann (propriétaire de M6), qui était auditionné la veille par cette même commission du Sénat. Selon ce dernier, il est nécessaire d'investir beaucoup plus massivement dans le « non linéaire », dont Salto, comme d'intégrer cette activité à celle des chaînes traditionnelles. « C'est la seule carte à jouer », a-t-il insisté.
D'après Nicolas de Tavernost, investir ce créneau du « non linéaire » et développer une solide offre payante de vidéo à la demande (SVOD) constitue la meilleure réponse à apporter, alors que le modèle de la télévision linéaire montre ses limites. Sur le front des audiences, la durée d'écoute par individu de la télévision linéaire baisse fortement au profit des champions de la VOD comme Netflix, et plus globalement des géants d'Internet.
Surtout, cette audience vieillit : « La part d'audience des moins 50 ans diminue entre 5% et 10% chaque année », a indiqué le dirigeant. Si M6 comme TF1 sont arrivés à préserver, jusqu'à présent, leurs recettes publicitaires, cette situation, dit-il, ne va pas durer éternellement. Le streaming, qui nécessite de gros investissements, constitue à ses yeux le meilleur moyen de rebondir.
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