C'est un nouveau clou sur le cercueil du projet Salto, qui devait rivaliser face aux géants américains du streaming. Alors que la plateforme n'a pas réussi, depuis son lancement en 2020, à séduire un public suffisant et à éprouver son modèle économique, France Télévisions a acté vendredi devant ses instances son désengagement de la plateforme. Le groupe public détient à parts égales la plateforme, avec M6 et TF1. Sans un repreneur pour subsister, la dissolution de l'entité est plus que probable.
L'ambition des trois groupes était pourtant de venir concurrencer les leaders du marché. TF1, France Télévisions et M6, unis derrière la plate-forme de SVoD, avaient même décidé, en 2019, de tripler leurs investissements par rapport aux ambitions initiales, pour un total de 135 millions d'euros répartis à parts égales, soit 45 millions pour France Télévisions.
« La dissolution » et la « cessation des activités » de la plateforme étaient à l'ordre du jour d'un Comité social économique (CSE) central extraordinaire du groupe audiovisuel public.
Des désaccords entre les actionnaires
« La dissolution n'est pas actée, si elle l'est ce ne sera pas devant les instances de France Télévisions mais devant celles de Salto », a expliqué Antoine Chuzeville, représentant syndical SNJ au CSE central.
En revanche, la présidente de France Télévisions, Delphine Ernotte, a confirmé vendredi qu'« il faut céder Salto », prenant acte des désaccords entre les trois actionnaires et de la volonté de TF1 « de se désengager, de ne plus mettre d'argent », a rapporté l'élu syndical.
« S'il n'y a pas de repreneur dans les jours ou semaines qui viennent, ce sera la dissolution », a-t-il ajouté.
Car si aucune date limite n'est fixée pour la reprise et que le groupe public aimerait « sauver Salto », il n'est pas question de laisser les « salariés dans l'expectative », selon les propos rapportés par Antoine Chuzeville.
Selon le site d'investigation L'Informé, seule une société espagnole, Agile, est candidate à une reprise de la plateforme dans sa globalité.
Et la direction de France Télévisions juge peu probable une vente à la découpe, selon Antoine Chuzeville.
« Une plateforme numérique de l'audiovisuel public »
Salto emploie actuellement 42 personnes en CDI, et 8 CDD. Parmi eux, certains venaient des entreprises actionnaires et seront, en cas de dissolution, « repris par l'entreprise d'origine », selon Antoine Chuzeville. Ceux qui avaient été recrutés directement par Salto se verront quant à eux « proposer des postes au sein des trois entreprises » audiovisuelles.
Censée concurrencer les géants américains du streaming, la plateforme, qui prévoyait d'atteindre un million d'abonnés fin 2022, pâtit de l'encombrement du secteur et de l'annulation du mariage entre TF1 et M6.
En mars 2022, TF1 et M6 s'étaient engagés à racheter, en cas d'union, la participation de France Télévisions dans l'offre de vidéo à la demande, pour 45 millions d'euros, soit la somme manquant au groupe public pour boucler son budget 2023.
Vendredi, les élus de France Télévisions « ont appelé à l'émergence d'une plateforme numérique de l'audiovisuel public » regroupant France Télévisions, TV5 Monde ou encore Arte, selon Antoine Chuzeville.
(Avec AFP)
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