
Trois ans après son lancement en grande pompe en 2020, Salto va-t-il poursuivre sa route ? Interrogée par La Tribune, la plateforme concède qu'elle n'a, à ce jour, « pas beaucoup de visibilité sur la suite des opérations », et qu'elle est « dans l'expectative ». France Télévisions, l'un des trois actionnaires de Salto avec TF1 et M6, considère sérieusement la piste d'une cessation d'activité de la plateforme. Le sujet sera notamment à l'ordre du jour d'un Comité social économique (CSE) central extraordinaire ce vendredi, a indiqué lundi, le site Puremedias.
Alors que TF1 et M6 ont déjà affirmé qu'ils souhaitaient se retirer du capital de Salto, tout dépendra de la capacité de la plateforme à attirer un repreneur avec les reins suffisamment solides pour la relancer. D'après le site L'Informé, seule une société espagnole, Agile, est candidate à une reprise de Salto dans sa globalité. Mais celle-ci a « peu de chances d'être retenue », juge le média économique, estimant que « le plus probable reste la dissolution de la société ».
La nécessité d'un « nouvel actionnariat »
Delphine Ernotte, la patronne de France Télévisions, avait déjà affirmé, en novembre dernier, que la survie de Salto était suspendue à l'arrivée d'un « nouvel actionnariat ». D'après la dirigeante, la plateforme, qui s'est longtemps présentée comme un « Netflix à la française », « a un avenir, mais pas avec l'actionnariat tel qu'il est aujourd'hui ». Delphine Ernotte avait également indiqué qu'elle n'aurait, dans cette hypothèse, « aucun problème à y laisser » les contenus de France Télévisions.
TF1 et M6, de leur côté, ne souhaitent pas continuer l'aventure de la sorte. L'échec de leur mariage, à la fin de l'année dernière, a tout chamboulé. En cas de fusion, il était prévu que France Télévisions leur cède ses parts dans Salto, sachant que leur projet étaient de se développer fortement dans le streaming. Depuis, TF1 comme M6 ont tous les deux mis en place des stratégies propres pour avancer leurs pions dans ce marché jugé vital pour les années à venir.
Un marché ultra-concurrentiel
La situation de Salto, aujourd'hui dans le rouge, n'incite guère à l'optimisme. Son modèle a longtemps fait l'objet de sévères critiques. Beaucoup estimaient, dès le début, que cette plateforme n'aurait jamais la capacité de rivaliser avec les Netflix, Disney Plus et autres Amazon Prime, qui dépensent chaque année des milliards d'euros pour étoffer leurs catalogues de contenus. En novembre dernier, Thomas Follin, le DG de Salto, se montrait pourtant confiant sur sa capacité à croître malgré la concurrence. Il estimait que le business model de la plateforme conservait sa pertinence grâce à « son ancrage quotidien, français », et avait déjà trouvé son public. À l'époque, la plateforme affirmait disposer de 900.000 abonnés.
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