
Salto fait régulièrement l'objet de critiques. Lancée il y a deux ans par France Télévisions, TF1 et M6, cette plateforme de SVoD payante n'aurait, selon ses détracteurs, pas eu les résultats escomptés. Selon nos informations, elle dispose aujourd'hui de 900.000 abonnés. Sur cette base, 80% à 90% des clients sont payants - sachant que le premier mois est gratuit avec la possibilité de se désengager à son terme. La plateforme compte, en outre, passer la barre du million de fidèles d'ici à la fin de l'année. Avec son socle actuel d'abonnés payants, Salto, dont l'abonnement de base coûte 7,99 euros par mois, serait en mesure de générer près de 70 millions d'euros de chiffre d'affaires par an.
Interrogé par La Tribune, Thomas Follin, le directeur général de la plateforme, ne commente pas ces chiffres, sans toutefois les démentir. Soucieux de tordre le cou aux critiques, il estime que « la performance de Salto est très bonne » dans un contexte d'ultra-concurrence en matière de streaming payant. Il estime que le business model de Salto n'a rien perdu de sa pertinence. La plateforme revendique toujours, insiste-t-il, son « ancrage quotidien, français » et son côté « populaire ». Ce qui la différencierait, défend le dirigeant, des géants américains de la vidéo à la demande comme Netflix, Disney+ ou Amazon Prime.
Un public plus jeune que celui de la télé linéaire
« Notre catalogue est volontairement large, poursuit-il. Nous privilégions d'abord la création française avec des séries comme "Haut Potentiel Intellectuel" avec Audrey Fleurot, "Astrid et Raphaëlle" ou "Balthazar". Nous proposons aussi un accès privilégié en première exclusivité aux émissions de téléréalité comme "Les cinquante" ou les grands divertissements comme "L'amour est dans le pré". Vous ne retrouverez pas ces programmes sur Netflix. En parallèle, nous diffusons des séries internationales inédites en France telles "Yellowstone" ou "Bel Air". »
A en croire Thomas Follin, le comportement des abonnés démontre que Salto a trouvé sa place. « Ils viennent en moyenne sur la plateforme tous les deux jours consommer deux heures et demi de programmes », affirme-t-il. Surtout, à l'instar des autres plateformes de streaming payantes et à la différence de la télé linéaire traditionnelle, Salto dispose d'un public plus jeune. « 60% de notre public à moins de 35 ans », souligne le dirigeant.
TF1 réfléchit à poursuivre l'aventure
Thomas Follin affirme que le potentiel de croissance de la « plateforme française de divertissement », comme elle se définit, est là. Salto entend conclure des accords pour être distribuée, à court ou moyen terme, via les box des opérateurs télécoms. Aujourd'hui, seul Bouygues Telecom (qui appartient à Bouygues, la maison-mère de TF1) a signé avec Salto. Mais il manque toujours Orange, SFR et Free.
Cela dit, l'avenir de Salto est aujourd'hui en question. Après avoir échoué à fusionner avec M6, TF1 ne sait pas encore s'il souhaite poursuivre cette aventure. Le champion français du petit écran compte bien, a priori, mettre les bouchées doubles dans le streaming. Mais s'il décide de tout miser sur un modèle de gratuité des contenus où les audiences sont monétisées via la publicité, Salto constituerait, dans ce schéma, une diversification. Autrement dit, la plateforme ne ferait plus partie de son cœur de business... Rodolphe Belmer, le nouveau patron de TF1, a récemment indiqué qu'il réfléchissait à l'avenir du groupe dans Salto, mais que rien n'était encore tranché.
M6 voit Salto comme une « offre complémentaire »
S'il jetait l'éponge, cela pourrait constituer un coup dur pour Salto, au regard de l'importance des contenus de TF1 dans son catalogue. Il existe toutefois un pacte d'actionnaires entre France Télévisions, TF1 et M6, dont l'objectif est notamment, selon nos informations, de protéger la plateforme en cas de désengagement d'un des partenaires.
De son côté, France Télévisions devait quitter Salto et céder ses parts à TF1 et M6 en cas de fusion. Il faut dire que sinon, le géant du service public se serait retrouvé affaibli, avec seulement 33,33% du capital de la plateforme contre 66,66% pour ses deux rivaux réunis. Mais maintenant que le mariage entre TF1 et M6 est enterré, France Télévisions n'a plus, sur le papier du moins, de raison de quitter le navire. De son côté, M6 a récemment affirmé que Salto constituait une « offre complémentaire » à ses services de replay.
Sujets les + commentés