Vidéo à la demande : l’avenir de Salto en question

Lancé il y a deux ans, le service de SVoD payant de France Télévisions, TF1 et M6, n’a pas eu le succès escompté. Les réflexions vont désormais bon train sur le futur de cette plateforme.
Pierre Manière
Rodolphe Belmer, le nouveau patron de TF1, décidera dans les prochaines semaines s'il souhaite poursuivre l'aventure de Salto. Ou arrêter les frais.
Rodolphe Belmer, le nouveau patron de TF1, décidera dans les prochaines semaines s'il souhaite poursuivre l'aventure de Salto. Ou arrêter les frais. (Crédits : Sarah Meyssonnier)

Dès ses débuts, c'est un halo de scepticisme qui a entouré l'arrivée de Salto. Lancée il y a tout juste deux ans, cette plateforme, fruit d'une alliance pour le moins étonnante entre des rivaux de toujours (France Télévisions, TF1 et M6) a été présentée comme une réponse « made in France » aux Netflix et autres géants du streaming venus des Etats-Unis. Mais ce service payant, autorisé après une enquête de l'Autorité de la concurrence qui lui a imposé moult garde-fous, a toujours du mal à trouver son public. La faute notamment à son offre, qui reste fort modeste face à celles des grandes plateformes américaines, lesquelles disposent de moyens infiniment plus importants pour développer leurs catalogues de contenus.

Aujourd'hui, les propriétaires de Salto s'interrogent. Il faut dire que la fusion avortée entre TF1 et M6 a rebattu les cartes. Les deux cadors du petit écran avaient, en effet, signé un accord pour racheter les parts de France Télévisions (33,33%) pour 45 millions d'euros. La sortie du géant de l'audiovisuel public reste, aujourd'hui, une possibilité. Désormais contraints de poursuivre leur route chacun de leur côté, TF1 et M6 regardent aussi leurs options. Lors d'une visioconférence avec les salariés du groupe, il y a peu, le nouveau patron de TF1, Rodolphe Belmer, a indiqué que toutes les possibilités étaient sur la table. A savoir un désengagement de Salto, ou une poursuite du projet.

M6 voit Salto comme un bon complément

Lors de la présentation des résultats trimestriels de TF1, le mois dernier, Philippe Denery, son directeur financier, n'a pas caché que le groupe était en pleine réflexion. « L'arrêt du projet de fusion [avec M6, Ndlr] crée pour Salto une situation nouvelle, a-t-il déclaré. Il est logique que les trois actionnaires réfléchissent à leur positionnement dans les semaines qui viennent. » Concrètement, TF1 ne fait pas mystère de son ambition de grandir dans le streaming. Une stratégie jugée vitale pour assurer l'avenir du groupe. Sous ce prisme, Rodolphe Belmer pourrait juger qu'il n'est guère opportun de se disperser, et chercher à se désengager de Salto pour concentrer ses investissements dans une offre de vidéo à la demande maison.

Chez M6, la stratégie est peu ou prou la même que chez TF1. En clair : mettre les bouchées doubles dans le streaming. C'est la raison pour laquelle la Six a dégainé 6play max le mois dernier. Il s'agit d'une offre de streaming payante, qui permet d'accéder aux contenus de 6play, sa plateforme de streaming gratuite, mais sans publicité. Cela dit, le directeur des programmes des plateformes et du sport de M6, Frédéric de Vincelles, a malgré tout estimé que Salto gardait « toute sa pertinence ». Il a salué cette plateforme, « son catalogue d'œuvres inédites » et ses « émissions en avant-première ». Pour lui, Salto constitue une « offre complémentaire » de 6play max. Interrogé par La Tribune, M6 n'a pas, pour l'heure, répondu à nos sollicitations.

Des performances commerciales décevantes

Il n'est pas non plus impossible que France Télévisions, TF1 et M6 amorcent une nouvelle stratégie pour relancer Salto. Mais sur ce front, il y a du pain sur la planche. En janvier dernier, Capital a révélé que les performances commerciales de la plateforme étaient très inférieures à ce qui était espéré. D'après le magazine économique, son nombre d'abonnés payants flirtait à l'époque autour de 500.000 fidèles, tandis que son plan d'affaires initial en prévoyait plus d'un million à cette date. Le tout avec un très modeste chiffre d'affaires de 17 millions d'euros... France Télévisions, TF1 et M6 accepteront-ils de ressortir le carnet de chèque pour doper l'offre de Salto, lui redonner un second souffle, tout en sachant qu'il ne sera, quoi qu'il en soit, jamais à la hauteur de ceux des Netflix, Amazon Prime ou Disney+ ? Rien n'est moins sûr.

Pierre Manière

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Commentaires 2
à écrit le 08/11/2022 à 18:43
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Encore du gaspillage d'argent public pour placer les coquins de la république entre OCS, Salto, Fransat, etc

à écrit le 08/11/2022 à 6:53
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J’ai essayé cette plateforme. Il n’y a pas un gros catalogue. Ce qui est sur le catalogue est assez orienté culture dite « mainstream » qui correspond à la pensée d’un microscope en France. Ce microcosme Woke et LGBT se parle à lui même. Il n’a d’une...

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