Musique : le marché français résiste à la crise grâce au streaming

En dépit du Covid-19, le marché de la musique enregistrée enregistre un chiffre d'affaires annuel quasi-stable à 781 millions d'euros en 2020. Le secteur a été porté par l'essor du streaming, qui compense la baisse des ventes physiques.
Anaïs Cherif
(Crédits : Dado Ruvic)

Concerts et festivals annulés, sorties d'albums reportées, points de ventes fermés... Les contraintes provoquées par la crise sanitaire auraient pu entraver durement le marché de la musique enregistrée. Et pourtant, le secteur a bien résisté en 2020 avec un chiffre d'affaires annuel quasi-stable à 781 millions d'euros (+0,1% par rapport à 2019), selon le bilan annuel du Syndicat national de l'édition phonographique (Snep) publié ce mardi 16 mars.

Après quatre années consécutives de croissance, le marché de la musique enregistrée marque donc le pas.

"Dans un contexte économique si dégradé, et particulièrement pour le milieu de la culture, parvenir à la stabilité du marché est déjà un exploit", s'est félicité le directeur général du Snep, Alexandre Lasch, lors de la conférence de presse en visioconférence.

Et de poursuivre : "Le secteur a démontré la solidité de son modèle économique pour maintenir le cap, en dépit du Covid-19."

Le streaming compense la chute des ventes physiques

Sans surprise, le moteur de cette résilience est le streaming. L'écart entre le streaming et les ventes physiques s'est de nouveau creusé en 2020, confirmant l'évolution des usages de consommation de la musique.

Dans le détail, les revenus issus du numérique ont généré 474 millions d'euros en 2020,  dont 96% proviennent du streaming. Les revenus "numériques", en hausse de 18% sur un an, représentent désormais près de 61% du chiffre d'affaires du marché de la musique enregistrée. De quoi compenser la baisse des revenus générés par les autres branches.

En raison de la fermeture des points de vente, notamment pendant le premier confinement strict en mars dernier, les ventes physiques ont chuté de 20% sur un an, à 184 millions d'euros. Les droits voisins accusent également d'une forte baisse (-19%), à 101 millions d'euros, en raison de la fermeture des lieux publics sonorisés (bars, boîtes de nuit...). Enfin, les revenus issus de la collecte des droits de synchronisation (musiques utilisées dans les films et les séries, les spots publicitaires...) ont diminué de 10% pour générer 22 millions d'euros, "affectés eux aussi par la baisse d'activité et le report des projets audiovisuels", précise l'étude.

Accélérer la conversion des utilisateurs gratuits

Bonne nouvelle pour le secteur : les mélomanes sont de plus en plus nombreux à sortir le portefeuille pour s'offrir un service d'abonnement à une plateforme de streaming audio, comme le leader mondial Spotify ou le fleuron français Deezer. La France dénombre 8,7 millions d'abonnements à un service de streaming payant, en hausse de 20% sur un an. La même progression avait déjà été enregistrée entre 2018 et 2019. En ajoutant les utilisateurs bénéficiant d'offres destinées aux familles, cela grimpe à 12 millions d'auditeurs disposant d'un compte premium. "L'adaptation des formules d'abonnement aux besoins des consommateurs porte ses fruits, notamment avec les offres « familles », souligne l'étude.

Pour assurer la croissance du marché, l'enjeu reste le même : convertir au payant encore davantage d'utilisateurs, alors que les consommateurs ne cessent d'être sollicités par l'économie de l'abonnement (contenus audiovisuels et sportif, plateforme de gaming...) Car les mélomanes ayant recours à une offre gratuite de streaming audio, financée par la publicité, restent encore nombreux. Ils étaient 7,4 millions en 2020, en progression de 23% sur un an.

"Cette hausse est encourageante quant aux perspectives de développement de l'usage lui-même et laisse entrevoir de nouvelles progressions de l'abonnement, car environ deux tiers des détenteurs d'abonnement premium ont d'abord utilisé un service gratuit avant de souscrire au service payant", précise le Snep.

Séduire les plus de 55 ans à l'abonnement

Pour gagner de nouveaux abonnés, un public reste à conquérir pleinement : les plus de 55 ans. "Le secteur doit parvenir à rééquilibrer les abonnements en fonction de la réalité des tranches d'âge", confirme Alexandre Lasch. En effet, il y a actuellement une surreprésentation des moins de 25 ans parmi les abonnés payants. Ils représentent 39% des abonnés, alors qu'ils sont 20% de la population française. Au contraire, les plus de 55 ans sont représentent seulement 13% des abonnés, pour 38% de la population française.

"Nous devons continuer à développer les usages dans l'ensemble des catégories de la population et donc, cela passe par un travail de fond avec tous les artistes", a réagi Antoine Monin, porte-parole et directeur musique de Spotify France. Et de poursuivre :

"Notre service de musique présente l'intégralité du catalogue disponible, mais il y a encore un travail à réaliser sur la promotion des usages et la mise en avant du "back catalogue" (ndlr : les anciens albums), notamment sur des genres musicaux comme la musique classique ou le jazz", illustre Antoine Monin.

Anaïs Cherif

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Commentaires 2
à écrit le 17/03/2021 à 9:09
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Les concerts, festivals et autres, à savoir le spectacle vivant ne sont pas des activités économoiques juteuses, reposant par exemple bien souvent sur du bénévolat n'interessant pas la finance, par contre les ventes directes elles le sont donc il est...

à écrit le 16/03/2021 à 23:24
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Décidément dans le divertissement les familles comptent dans cette société qui ne veut que des individus.

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