Pour l'Arcep, les smartphones sont le "maillon faible" d'un Internet ouvert

Selon le gendarme des télécoms, les terminaux, leurs logiciels d'exploitation et leurs magasins d'applications limitent de facto notre accès à Internet.
Pierre Manière
Sébastien Soriano, le président de l'Arcep.
Sébastien Soriano, le président de l'Arcep. (Crédits : Arcep)

Choisir un smartphone, c'est déjà réduire grandement son accès à Internet. Voilà, en somme, ce que dénonce l'Arcep ce jeudi 15 février dans un rapport intitulé "Les terminaux, maillons faibles de l'ouverture d'Internet". Aux yeux du régulateur des télécoms, si l'UE a consacré il y a deux ans le principe de la neutralité du Net - qui garantit l'accès à tous les internautes, sans limitation, à tous les contenus sur la Toile -, cette "vigilance" ne concerne que "la portion des réseaux contrôlés par les fournisseurs d'accès à Internet".

Mais le problème, pour l'Arcep, c'est que "la chaîne d'accès à Internet ne s'arrête pas aux réseaux", contrôlés en France par Orange, SFR, Bouygues Telecom et Free. De fait, "d'autres intermédiaires ont le pouvoir de limiter la capacité des utilisateurs à accéder aux contenus et services de leur choix sur Internet", poursuit l'institution. Avant de pointer du doigt les smartphones, leurs systèmes d'exploitation et leurs magasins d'applications.

Un environnement restrictif

Pourquoi ? Parce que comme le rappelle le gendarme des télécoms, acheter un smartphone revient à choisir un environnement restrictif, et contrôlé in fine par les géants américains du Net (Google, Apple, Amazon ou Facebook). Ainsi, l'utilisateur d'un iPhone n'a d'autre choix que d'utiliser les applications autorisées par la marque à la pomme dans son Apple Store. La situation est similaire pour l'utilisateur d'un smartphone fonctionnant sous Androïd, le système d'exploitation de Google. Une grosse restriction, qui fait que les utilisateurs se retrouvent "embarqués dans un couloir", selon les mots de Sébastien Soriano, le président de l'Arcep, dans une tribune dans L'Obs.

Dans cette tribune, le chef de file du régulateur des télécoms illustre son propos en évoquant le cas d'"une application développée par une université américaine en dialogue avec l'Arcep pour mesurer la qualité des réseaux". Celle-ci a, d'après lui, un temps "été bloquée par un magasin d'application au motif qu'elle n'avait, [il cite], 'pas d'intérêt pour les utilisateurs'".

"Ouvrir la boîte noire"

Ainsi, l'Arcep appelle le gouvernement et l'UE à "rendre [leur] liberté de choix" aux internautes. Pour y arriver, l'institution recommande notamment "d'ouvrir la boîte noire" en imposant aux magasins d'applications de lever le voile sur leurs critères de référencement. Ou encore de "mettre en place un arbitre expert et neutre, capable de régler les différends économiques, et de mettre fin aux pratiques injustifiées des fabricants de terminaux et de systèmes d'exploitation".

Pierre Manière

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Commentaires 6
à écrit le 16/02/2018 à 15:47
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Il y a bien un souci mais il n'a rien de nouveau ni de spécifique aux smartphones. Il est simplement plus aigu dans un marché relativement récent comparé aux ordis. On peut choisir un smartphone tournant sur une version open source d'Android et insta...

à écrit le 15/02/2018 à 14:47
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"mettre en place un arbitre expert et neutre," C'est là où ça ne va pas être possible.

à écrit le 15/02/2018 à 13:06
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c'est etonnant que pour une fois ils n'aient pas une idee a la con genre ' rendre obligatoire le developpement de smartphones franco francais'

à écrit le 15/02/2018 à 12:19
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Tout à fait d avoirs avec Mr Soriano ! L ar CEO est la seule autorité administrative indépendante utile ! L amf vaut rien ! Elle a aidé le consommateur ! Elle doit aussi aide l entreprise à se protéger voix et data tout en pouvant garder le me télé...

le 15/02/2018 à 18:35
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Malgré les efforts : je ne comprends pas l’orientation de votre message , c’est «  possible de décoder » votre message «  sans jugement de valeur » Merci d’avance pour votre futur réponse claire.

à écrit le 15/02/2018 à 12:18
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C’est une histoire d’argent et de monopole . En réalité le contrôle ce sont les masses qui peuvent l’avoir mais les populations l’ignorent

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