Pourquoi Softbank fait les yeux doux à Nvidia

Le géant nippon des télécoms, qui investit aujourd'hui massivement dans les nouvelles technologies, a grimpé au capital du spécialiste américain des processeurs graphiques. Un domaine de plus en plus important pour beaucoup d'industriels qui se convertissent à l'intelligence artificielle.
Pierre Manière
Masayoshi Son, le chef de file de Softbank.

On n'arrête plus Masayoshi Son. Le bouillonnant patron du géant nippon des télécoms Softbank s'est fixé l'objectif de devenir "le plus grand investisseur technologique au monde au cours de la prochaine décennie". Derrière cette posture un brin mégalo, l'homme affirme publiquement qu'il souhaite préparer son groupe à l'ère de la "singularité". Ce moment où les machines surpasseront l'intelligence de l'homme.

Fidèle à sa vision, Masayoshi Son ne cesse, depuis quelques mois, de signer des chèques faramineux pour racheter des sociétés qu'il juge stratégiques. Après avoir cassé la tirelire, l'année dernière, pour s'offrir ARM, le spécialiste britannique des semi-conducteurs, pour 32 milliards de dollars, le grand patron vient de faire une nouvelle emplette. D'après l'agence Bloomberg, il a secrètement acquis un peu moins de 5% des actions du géant américain des processeurs graphiques, Nvidia, équivalant à 4 milliards de dollars. Softbank serait ainsi le quatrième plus gros détenteur de titres de cette société, connue de tous les adeptes de jeux vidéo sur ordinateur.

Des débouchés dans l'intelligence artificielle

Mais pourquoi diable Masayoshi Son mise-t-il sur cet actif? En quoi l'estime-t-il stratégique? La réponse se trouve peut-être dans le fait que les processeurs développés par Nvidia sont depuis quelque temps de plus en plus demandés pour des applications pointues et biberonnées à l'intelligence artificielle. Récemment, le moteur de recherche européen Qwant, qui respecte la vie privée des utilisateurs, a décidé d'utiliser la technologie de Nvidia "pour gagner des capacités de calcul", et, par exemple, "automatiser la compréhension et la classification du contenu".

Dans un tout autre domaine, l'équipementier Bosch et Nvidia ont noué un partenariat dans la voiture autonome. Grossièrement, les cartes graphiques permettent, lorsqu'elles sont couplées à des caméras et autres radars, d'identifier automatiquement des obstacles. Elles permettent ainsi à des voitures, mais aussi à des drones, de se déplacer dans n'importe quel environnement.

Une pièce maîtresse?

En investissant dans Nvidia, Softbank met donc la main sur un actif qui sera peut-être fondamental, demain, dans bon nombre des applications industrielles de l'intelligence artificielle. C'est, au passage, ce type de raisonnement que Masayoshi Son a tenu pour justifier le rachat de ARM. En février dernier, au Mobile World Congress de Barcelone, il a déclaré qu'"aujourd'hui, 99% des puces des smartphones sont conçues par ARM". Avant d'assurer que "demain, ce sera pareil pour celles de l'Internet des objets".

Quoi qu'il en soit, Masayoshi Son n'a vraisemblablement pas fini de surprendre les marchés. Lui qui vient de créer un fonds technologique de 100 milliards de dollars pour effectuer des investissements ciblés.

(avec AFP)

Pierre Manière

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Commentaire 1
à écrit le 29/05/2017 à 14:36
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Les banques ont besoin de légitimité industrielle et N'vidia a besoin de trouver d'autres marchés que celui des pc dont les ventes sont en train de fondre du fait des téléphones portables qui se reposent sur des processeurs pour la gestion du graphis...

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