Snapchat, fin de l’euphorie en Bourse

L’action de Snap, la maison-mère de la messagerie mobile Snapchat, a chuté de plus de 25% à Wall Street après la publication de mauvais résultats trimestriels. Les marchés n’ont pas apprécié le ralentissement de la croissance du nombre d’utilisateurs, le chiffre d’affaires plus faible que prévu et les 2,2 milliards de pertes en seulement trois mois.
Sylvain Rolland
Dans les échanges post-clôture, la valeur de l'action Snap a chuté de 25,41%, à 17,14 dollars, pour retrouver quasiment son prix d'introduction de 17 dollars.

L'enthousiasme des marchés autour de Snap, la maison-mère du réseau social Snapchat, aura été de courte durée après son entrée en Bourse triomphante début mars. La publication, mercredi 10 mai au soir, de ses premiers résultats trimestriels, a enrayé de manière spectaculaire cette belle dynamique. Dans les échanges post-clôture, la valeur de l'action Snap a chuté de 25,41%, à 17,14 dollars, pour retrouver quasiment son prix d'introduction de 17 dollars.

Chiffre d'affaires décevant, perte colossale de 2,2 milliards de dollars

Cette déconvenue s'explique par des résultats financiers encore plus décevants que prévus, ce qui confirme les doutes sur la solidité du modèle économique de Snapchat. Désormais obligé de communiquer ses résultats trimestriels, le réseau social a annoncé un chiffre d'affaires de 149,6 millions de dollars, alors que le marché attendait 158 millions de dollars.

Autre inquiétude : la croissance de son nombre d'utilisateurs montre déjà des signes d'essoufflement. 166 millions de personnes se connectaient tous les jours à la fin du premier trimestre, soit une progression de 36% sur un an. Mais cette croissance n'est que de 5% par rapport au trimestre précédent. Un signe que les offensives de Facebook (et d'Instagram, détenu par Facebook), qui lance des fonctionnalités similaires à celles de Snapchat, portent leurs fruits. Effectivement, les « stories » d'Instagram attirent désormais plus d'utilisateurs que Snapchat lui-même (200 millions).

Pour ne rien arranger, l'activité Spectacles, du nom des lunettes qui permettent d'enregistrer de courtes vidéos, ne décolle pas aussi bien qu'espéré et se trouve très loin de représenter un relai de croissance convenable. Son chiffre d'affaires est de seulement 8,3 millions de dollars, ce qui équivaut à la vente de 60.000 paires.

Enfin, le groupe a aussi annoncé une perte colossale de 2,2 milliards de dollars en à peine trois mois. Mais ce n'est pas la raison principale de la chute du cours, car l'essentiel de cette somme (2 milliards de dollars) vient du paiement des compensations en actions suite à l'introduction en Bourse, dont 750 millions de dollars pour Evan Spiegel, le Pdg et fondateur. Cette dépense ne se renouvellera donc pas à l'avenir.

Inquiétudes sur le modèle économique

Le débat sur la solidité de Snapchat est donc loin d'être refermé. Le ralentissement de la croissance du nombre d'utilisateurs inquiète ceux qui craignent que Snapchat devienne « le nouveau Twitter », c'est-à-dire qu'il ne réussisse pas à atteindre le seuil critique d'utilisateurs qui lui permettrait d'être rentable. D'autant plus que Facebook, qui avoisine désormais les 2 milliards d'utilisateurs, et Instagram, proche des 800 millions, continuent de croître rapidement et copient méticuleusement les nouveaux usages popularisés par Snapchat, à commencer par les célèbres « stories ».

Officiellement, Evan Spiegel ne s'en inquiète pas une seconde. « Yahoo a une barre de recherche, il n'est pas pour autant une menace pour Google », a répondu le Pdg, qui mise sur l'innovation tous azimuts pour attirer les jeunes. Le service vient ainsi d'annoncer de nombreuses évolutions de sa plateforme, notamment le mode « infini », qui permet d'envoyer une photo ou une vidéo sans que celle-ci disparaisse au bout de quelques secondes.

Snapchat multiplie aussi les partenariats avec les médias télévisés (NBC Universal, ABC, NFL...) pour créer sa « Snapchat TV », pour devenir la plateforme de référence des Millennials quant à leur consommation de contenus télévisés. Car Facebook dispose toujours d'un avantage de taille : la moitié des 15-25 ans aux Etats-Unis utilisent la plateforme, soit autant que Facebook, malgré une audience globale largement inférieure.

*Un graphique de notre partenaire Statista

Sylvain Rolland

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Commentaire 1
à écrit le 11/05/2017 à 13:40
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Les milliardaires du net ne sont pas mieux que les milliardaires canal historique, humainement, par contre ce sont de bons comptables et ils savent parfaitement exploiter l'avidité des financiers toujours enclins à croire aux divinités néolibérales. ...

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