Entreprenariat : pourquoi les femmes sont-elles moins présentes ?

Dijon Métropole et ses partenaires de l’écosystème de l’entreprenariat innovant ont organisé, à la Maison régionale de l’innovation, le forum LadyjTECH, dédié à la création de startups et d’entreprises par les femmes, dans le cadre du « Mois de l’égalité », le 30 mars dernier. Huit entrepreneuses sont venues témoigner.
(Crédits : Amandine Ibled)

« Seules 30% des entreprises sont créées par des femmes en France », rappelait Pierre-Alain Truan, responsable création et entrepreneuriat de BPI France en région. Et, quand les femmes se lancent, elles portent des projets moins capitalisés que les hommes : 88 % du montant total des fonds levés par les startups sont captés par des équipes 100 % masculines, selon une étude menée en 2022, par le collectif Sista et le Boston Consulting Group. À la réalité économique et financière, s'ajoute celle de la communication : 17% des femmes souhaitant créer leur entreprise sont capables de citer le nom d'une entrepreneuse, selon une étude réalisée par la Maison Veuve Clicquot. Pour Nathalie Koenders, première adjointe au maire de Dijon, il faut remédier à cela : « Dans mon parcours politique, j'ai eu des figures qui m'ont donné envie de continuer dans cette voie. De même, dans l'entreprenariat, il faut que les femmes qui réussissent le fasse savoir afin de donner à voir des modèles féminins auxquelles s'identifier. Que nos chercheuses et doctorantes franchissent le pas vers la création d'entreprise innovante. »

Des injonctions sociétales à combattre

« Il faut déconstruire l'inconscient collectif et les normes sociales », souligne Laeticia Martinez, 2e vice-présidente à la région, en charge de l'enseignement supérieur, la recherche, l'égalité réelle et la laïcité. « La conciliation entre vie personnelle et vie professionnelle reste souvent une question d'abord féminine, même si les choses évoluent. C'est le principal point sur lequel butent les créatrices. Pour le reste, tout est surtout question de tempérament, de caractère, et là les femmes et les hommes sont sur un pied d'égalité, même si les femmes ont toujours tendance à moins avoir confiance en elles », témoigne Éliette Vincent, cofondatrice de Cocolis, une startup fondée en 2015 qui se positionne comme « le BlablaCar du colis ». Claire Maugras, responsable de l'incubateur BSB & Expert en gestion stratégique d'entreprise, est fière de présenter ses chiffres : sur 4 ans, la moyenne des femmes entrepreneuses dans son programme est de 42%. « Nous nous devons de faire des offres qui correspondent à la fois aux hommes et aux femmes », explique-t-elle. « En fonction des typologies de startups, nous travaillons sur la sensibilisation à la posture, sur l'organisation vie pro/vie perso, sur l'acceptation de valeurs, décomplexer le fait de vouloir gagner de l'argent », poursuit-elle.

Et cela commence dès la formation...

Autre constat : les disparités démarrent dès l'école. « On vend mal les formations technologiques aux jeunes filles, dès le collège », confirme Jean Guzzo, délégué régional académique à la recherche et à l'innovation. Ensuite, celles qui se dirigent vers les grandes écoles telles que Les Mines, Polytechniques ou encore Centrale sont encore rares. 80% des élèves qui en sortent sont des hommes. Ceux-là mêmes qu'on retrouve aux commandes des fonds d'investissements quelques années plus tard... « Lorsque nous étions face à cette rangée d'investisseurs, mes collègues hommes ne pouvaient s'empêcher de détailler tous mes diplômes comme pour prouver ma légitimité à plaider devant eux aussi », se souvient Sophie Kerob, dirigeante de Wooskill, une plateforme d'échanges de talents entre particuliers, « le bon coin des talents », créée à Mâcon, en 2022. « Certes, avoir de beaux diplômes m'a aidé à être crédible à 27 ans pour trouver mes premiers clients » reconnaît la diplômée des Mines et d'Harvard. « Toutefois, la ténacité n'a rien à voir avec mes jalons ! », souligne-t-elle.

La mixité des équipes : une force ?

En fonction du domaine d'activité, les difficultés ne sont pas les mêmes. Par exemple dans le milieu scientifique, « les femmes sont assez présentes en biologie, moins en chimie et encore moins en physique », constate Jeanne Baudevin, cofondatrice de Fungu'It, une startup dijonnaise incubée par DECA-BFC. L'entrepreneuse qui prépare une deuxième levée de fond pour la commercialisation de ses produits fin 2023 fait le même constat : « Nos interlocuteurs dans le domaine financier sont pour la quasi-totalité des hommes. Lorsque je suis avec mon binôme, Anas Erridaoui, les investisseurs s'adressent en priorité à lui ». Cette réalité amène les deux sœurs Stéphanie Bourgeois et Julie Boucon, qui ont cofondés en 2015 l'application Holy Owly a envisagé leur prochaine création d'entreprise avec un homme dans l'équipe. « Au risque de choquer, je pense que nous associer à un homme nous aidera à lever plus facilement des fonds et des fonds plus importants », confie Julie Boucon. Et si c'était cela la clé de la réussite : une équipe mixte avec des parcours diversifiés ?

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Commentaire 1
à écrit le 11/04/2023 à 17:43
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Si les femmes sont moins présente, c'est simplement parce que l'entrepreneuriat est de nature masculine ! Si l'homme crée, la femme reproduit ! ;-)

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