Procès Messier : un oubli à 1,6 milliard d'euros

Le procès de Jean-Marie Messier a repris devant le tribunal correctionnel. Suivez le jour par jour avec notre envoyé spécial Jamal Henni.

Récit de la quatrième journée d'audience, ce mercredi 9 juin :

Le procès de Jean-Marie Messier a repris mercredi matin devant le tribunal correctionnel. Sur la forme, les débats deviennent de plus en plus confus, partant parfois dans tous les sens. Sur le fond, le sujet du jour était un léger « oubli » dans la communication financière de Vivendi Universal. Le 25 septembre 2001, le groupe avait annoncé l'annulation de 33 millions d'actions représentant 3% du capital. L'action valait alors 49 euros, ce qui représentait 1,6 milliard d'euros. Finalement, les actions ne seront jamais annulées, mais cédées en paiement de l'acquisition d'USA Networks, annoncée le 17 décembre 2001.

Le problème est que le groupe n'annoncera pas l'abandon du projet d'annulation dans le communiqué sur USA Networks.

Aujourd'hui, J2M explique : « cette information a bien été donnée le 17 décembre 2001, certes pas dans le communiqué, mais dans la présentation détaillée de 47 pages faite aux analystes, qui était disponible sur le site internet. Personne chez Vivendi Universal n'a suggéré de rajouter cette petite phrase dans le communiqué de presse. Tous les rapports d'analystes en ont bien tenu compte. Personne ne s'est trompé sur ce point. Je n'ai relevé aucune erreur sur le nombre d'actions ni dans la communication de Vivendi Universal, ni dans les rapports d'analystes. Il n'y a eu ni dissimulation, ni impact sur le cours ».

Mais, pour le juge d'instruction Jean-Marie d'Huy, « l'omission de l'annonce de la renonciation au projet d'annulation d'actions dans le communiqué du 17 décembre 2001 [sur USA Networks] est contestable, et démontre la volonté de dissimuler au public le fait que les dirigeants avaient renoncé à annuler les 33 millions de titres. Donner au public une information lacunaire et tronquée est susceptible de constituer l'infraction de diffusion d'information fausse et trompeuse. Force est de constater que tel est bien le cas en l'espèce, dès lors que Jean-Marie Messier et Guillaume Hannezo, après avoir annoncé au public l'annulation de 33 millions de titres, puis ultérieurement renoncé à cette annulation, ont diffusé à travers le communiqué du 17 décembre 2001 une information lacunaire et tronquée ». Ce qui leur vaut d'être renvoyé devant le tribunal pour « diffusion d'informations fausses ou trompeuses ».

Le juge a notamment trouvé un message envoyé à Guillaume Hannezo par Laurence Daniel, qui travaillait à la direction de la communication, le 6 décembre 2001 : « si nous n'annulons pas les 33 millions de titres après l'avoir annoncé au marché, nous allons nous faire massacrer ». Le directeur financier lui répond : « il faudrait en un premier temps rester silent sur l'annulation, ie dire que rien n'a changé à ce stade, actions en cours d'annulation ». Un responsable de l'AMF a aussi déclaré lors de l'enquête : « l'effet de l'annonce de l'annulation d'actions sur le marché est très positif. Par contre, la non annulation suite à cette annonce constitue un manquement administratif ».

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