Mobile, haut débit : "attention l'Europe prend du retard" s'inquiète Bruxelles

La demande de numérique est forte en Europe « mais les pouvoirs publics et les entreprises ont du mal à suivre » estime la commissaire europénne Neelie Kroes. « L'Europe risque de se faire écraser par la concurrence mondiale si elle s'endort sur ses lauriers » met-elle en garde.
Neelie Kroes exhorte les Etats et les opérateurs à investir davantage. Copyright Reuters

L'Europe est-elle en train de prendre du retard sur le très haut débit, mobile et fixe ? Cette question lancinante est de tous les débats du secteur des télécoms et la réponse est généralement positive. Neelie Kroes, la Commissaire européenne au numérique, vient de mettre une nouvelle fois les pieds dans le plat à l'occasion de la publication du tableau de bord numérique annuel des pays membres de l'Union. «Les Européens sont friands de technologies numériques et souhaitent avoir un plus large choix, mais les pouvoirs publics et les entreprises ont du mal à suivre. Conserver des mentalités et des modèles d'entreprise du 20e siècle nuit à l'économie européenne, ce qui est extrêmement regrettable » a-t-elle déploré. Neelie Kroes est également vice-président de la Commission, dont la mission est « d'instaurer un climat économique et un cadre réglementaire qui encouragent la concurrence et les investissements sur les marchés européens des technologies numériques. » Le secteur des TIC représente 8 millions d'emplois et 6 % du PIB de l'UE.

Le potentiel du numérique en Europe est sous-exploité
Alors que les opérateurs critiquent l'orientation trop « consumériste » de la régulation européenne du marché des télécoms et les baisses trop importantes de tarifs, notamment sur les frais d'itinérance, Neelie Kroes exhorte les Etats et les opérateurs à investir davantage. « En investissant si peu, nous nous tirons une balle dans le pied et l'Europe risque de se faire écraser par la concurrence mondiale si elle s'endort sur ses lauriers.» Si elle reconnaît que l'UE est bien placée sur le haut débit, puisque 95% des Européens disposent d'une connexion à haut débit fixe, et que l'Internet mobile est en forte croissance, la Commissaire regrette que le potentiel du numérique soit « sous-exploité du fait de l'insuffisance des moyens mis en ?uvre pour déployer l'internet rapide, fournir du contenu en ligne, développer la recherche et disposer des compétences requises. » Par exemple, « un Européen sur quatre n'a encore jamais utilisé l'internet », même si le taux d'utilisation de l'internet a pour la première fois dépassé 50% dans les catégories sociales défavorisées.

Du côté du public, les dépenses dans la recherche sont « loin d'atteindre les 6 % de croissance annuelle nécessaires pour doubler les investissements publics d'ici à 2020. » Du côté du privé, « les investissements des entreprises sont en baisse » et « l'intensité en R&D du secteur européen des TIC est aujourd'hui inférieure de plus de moitié à celle du secteur des TIC américain. » Sur le « roaming », Neelie Kroes persiste et signe, martelant que les opérateurs européens « continuent de soutirer aux consommateurs des frais d'itinérance excessifs », qui ressortent en moyenne « trois fois et demie plus chers que leurs appels nationaux » pour les consommateurs en déplacement à l'étranger.

La France en retard sur le haut débit mobile
Quid de la France dans ce tableau de bord ? Bruxelles dresse un bilan mitigé. Le taux de pénétration du haut débit fixe est en progression et nettement supérieur à la moyenne de l'UE (35% contre 27,7%), ce qui place la France au troisième rang. En outre, 61% des lignes fixes fournissent un débit de 10 Mégabits par seconde. En revanche moins de 3% sont au-delà de 30 Mbps. Dans le haut débit mobile, la France est en retard par rapport à la moyenne, avec un taux de pénétration de 38,7% (4,5% de moins que la moyenne), peut-être en partie du fait de ses bonnes infrastructures fixes. L'usage régulier de l'Internet concerne 73% de la population, c'est nettement plus la moyenne européenne (68%). Du côté de l'e-commerce, 53% de la population s'y adonne mais seulement 10% des PME vendent en ligne... La Commission relève d'ailleurs que « le commerce en ligne reste une activité nationale. A cet égard, les barrières linguistiques et les formalités administratives (livraison impossible ou complexité des droits de reproduction) constituent les problèmes majeurs. » De quoi pénaliser l'émergence d'un Amazon européen.
 

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Commentaire 1
à écrit le 21/06/2012 à 13:54
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C'est quand même de plus en plus fréquent que les commentaires n'aboutissent pas... Le mien portait sur l'intérêt réel du haut débit mobile. Pas de quoi a priori provoquer la censure...

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