Didier Bellens, fougueux patron de Belgacom, renvoyé pour "propos injurieux"

L'administrateur de la compagnie de télécoms détenue à 53,5% par l'Etat belge a été remercié. Il n'aura pas droit à son parachute doré.
Didier Bellens avait été nommé administrateur délégué de Belgacom en 2003. Son deuxième mandat commencé en 2009 devait se terminer en 2015.

Il était connu pour son caractère bouillonnant. Cette fois, sa liberté de ton lui a valu son poste. Didier Bellens, administrateur délégué de Belgacom depuis 2003, a été révoqué vendredi. Le Premier ministre belge Elio di Rupo l'a annoncé lui-même en évoquant un "manquement grave aux devoirs auxquels l'administrateur délégué est tenu". Il a dénoncé notamment des propos "dénigrants, voire injurieux" tenus par le dirigeant de l'entreprise détenue principalement par l'Etat fédéral belge. 

"Un petit enfant qui vient chercher [son cadeau] de Saint-Nicolas"

Une semaine plus tôt, le 7 novembre, l'ex-bras droit du milliardaire Albert Frère au sein du Groupe Bruxelles Lambert, avait taclé le gouvernement socialiste de son pays lors d'un petit déjeuner de presse. Il s'en était notamment pris au Premier ministre jugeant qu'il ne l'appelait chaque année que pour connaître le montant de son dividende, "un peu comme un petit enfant qui vient chercher [son cadeau] de Saint-Nicolas".  Il jugeait, en outre, que dans sa carrière "le pire actionnaire" qu'il ait pu connaître, "c'est l'Etat". 

La 4G à Bruxelles

Des propos qu'il avait ensuite tenté d'atténuer estimant qu'ils avaient été "mal interprétés". Mais d'autres sujets avaient déjà suscité sa hargne et créé la polémique. Ainsi, à propos du très haut débit mobile, il avait signalé son désaccord avec le plan prévu pour son déploiement dans la capitale belge. Prenant à partie les responsables de la ville, il avait ainsi critiqué le fait que les responsables de l'Otan et de l'UE auraient des difficultés à accéder à ce réseau.  "Ces gens-là ont besoin de la 4G, et que leur dit Bruxelles? Fuck you", s'était-il indigné. 

Ces sorties violentes, ajoutées à des décisions controversées comme la révocation de certains membres de son équipe, ont achevé d'irriter son principal actionnaire. Didier Bellens sera même remercié sans son chèque de 2,48 millions d'euros, soit le montant maximal de son parachute doré, selon le quotidien le Soir

Rémunération rabotée pour le successeur

En attendant de lui trouver un remplaçant, son directeur financier, Ray Stewart, et le président de son conseil d'administration, Stefaan De Clerck, se chargeront de l'intérim. Un cabinet de chasseur de tête devra lui trouver un successeur susceptible d'accepter une rémunération réduite officiellement à 290.000 euros par an contre 2,4 millions d'euros auparavant.

Plusieurs médias belges affirment que la somme pourrait en fait être plus importante que la nouvelle limite fixée par le gouvernement, qui correspond à la rémunération annuelle du Premier ministre et du patron de la compagnie ferroviaire SNCB. 

Quant à Didier Bellens, il n'a fait qu'un commentaire pour le moment, dans les colonnes du quotidien néerlandophone Niewsblad. "Vous verrez bien ce que je ferais", a affirmé l'ancien administrateur qui occupe toujours divers postes de conseiller dans d'autres organisations. Il est ainsi membre du Comité consultatif international de la Bourse de New York ou encore conseiller auprès du fonds de capital-investissement CVC Capital partners

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Commentaires 5
à écrit le 19/11/2013 à 9:48
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On est de plus en plus dans un monde où il ne fait pas bon dire tout haut ce que tout le monde pense tout bas... A force de museler chaque niveau du système, on aura un joli silence continu...

à écrit le 18/11/2013 à 14:53
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en voila 1 qui fermera sa gueule dorénavant , oui à des états qui se font respecter .

le 18/11/2013 à 15:19
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Ca m'étonnerait... Par ailleurs, un Etat qui se fait respecter est d'abord un Etat qui est respectable. Attendons de voir qui ils installent à la place de M. Bellens. Un ami d'un gouvernant...?

à écrit le 18/11/2013 à 13:38
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"Vous verrez bien ce que je ferais" ferai

à écrit le 18/11/2013 à 13:13
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Il n'y a que la vérité qui blesse...

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