Sur le papier, le géant suédois des équipements télécoms se trouve dans une situation favorable. Il faut dire que ses deux principaux rivaux, le chinois Huawei et le finlandais Nokia traversent des passes difficiles. Le premier est fragilisé sur le Vieux Continent. Londres a récemment décidé d'expurger ses réseaux des équipements Huawei. La France, elle, a décidé de limiter très fortement l'empreinte du groupe chinois dans les infrastructures 5G. Une manœuvre qui pourrait, in fine, accoucher d'une mise à l'écart du mastodonte de Shenzhen.
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En parallèle, Nokia essuie de grosses difficultés. Le groupe taille aujourd'hui à la hache dans ses troupes à travers le globe. En France, le groupe veut se séparer d'un tiers de ses effectifs dédiés aux infrastructures et logiciels de réseaux mobiles, c'est-à-dire plus de 1.200 personnes. Le groupe finlandais, qui va changer de PDG au mois de septembre, pâtit encore de mauvais choix stratégiques en matière de puces électroniques, qui ont renchéri le prix de ses offres 5G.
Les difficultés de Huawei et de Nokia sont du pain béni pour Ericsson. Il va, sans nul doute, chercher à profiter des déboires de ses deux grands rivaux pour accroître ses parts de marché en Europe. Après l'exclusion de Huawei du Royaume-Uni, Ericsson s'est immédiatement positionné en alternative auprès des opérateurs. L'équipementier a dit posséder « la technologie, l'expérience et la capacité de la chaîne d'approvisionnement nécessaires » pour bâtir un réseau 5G « de premier plan » outre-Manche.
Bonne santé financière
Le groupe suédois, numéro deux mondial des réseaux mobiles, bénéficie en outre d'une meilleure santé financière que par le passé. La semaine dernière, lors de la publication de ses résultats au titre du deuxième trimestre, il a indiqué que la crise du Covid-19 n'avait eu qu'un « impact limité » sur sa rentabilité. Pour cette période, il a réalisé un bénéfice net de 2,6 milliards de couronnes (environ 250 millions d'euros), en hausse de 40% sur un an. Tandis que son chiffre d'affaires a lui progressé de 1%, à 55,6 milliards. « Nous restons positifs sur les perspectives à long terme, a commenté le PDG du groupe suédois Börje Ekholm. Certains clients accélèrent leurs investissements, quand d'autres sont temporairement prudents. »
Si Ericsson peut tirer son épingle du jeu, encore faut-il que l'Europe ne freine pas ses investissements dans la 5G, à cause, notamment, de la crise du Covid-19. Sur ce front, l'état-major de l'équipementier ne cache pas ses inquiétudes. « Aujourd'hui, l'Europe est par endroit à l'arrêt en matière de 5G, déplorait Franck Bouétard, le PDG d'Ericsson France, en mai dernier. Cela ne sera pas sans conséquences, à terme, sur la compétitivité économique et sur l'emploi. La 5G pourrait pourtant constituer un puissant moyen pour redémarrer l'économie et favoriser la réindustrialisation. »
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