5G : le Royaume-Uni va se prononcer sur la participation de Huawei

Londres devrait préciser mardi si le géant chinois des équipements télécoms est autorisé (ou non) à participer au déploiement de la prochaine génération de communication mobile.
Pierre Manière
Pour les opérateurs, se passer de Huawei pour la 5G n’est pas chose facile. Ceux-ci redoutent, dans ce cas de figure, de gros surcouts liés au démontage et au remplacement de nombreuses infrastructures actuelles.
Pour les opérateurs, se passer de Huawei pour la 5G n’est pas chose facile. Ceux-ci redoutent, dans ce cas de figure, de gros surcouts liés au démontage et au remplacement de nombreuses infrastructures actuelles. (Crédits : Wolfgang Rattay)

Les opérateurs présents de l'autre côté de la Manche seront bientôt fixés. Selon la presse britannique, les cadors du mobile sauront ce mardi s'ils ont le droit - ou pas - de s'approvisionner chez Huawei pour déployer la 5G dans le pays. D'après l'AFP, le gouvernement de Boris Johnson semble préparer le terrain à un feu vert pour l'équipementier chinois. Mais les équipements du géant de Shenzhen ne seraient pas autorisés partout. Si Huawei pourrait fournir des infrastructures jugées non stratégiques, à l'instar des antennes-relais, il serait exclu des serveurs. En outre, sa part de marché pourrait être limitée.

La participation de Huawei au déploiement de la 5G au Royaume-Uni fait l'objet d'intenses discussions entre Londres et Washington. La Maison Blanche, qui a exclu Huawei du marché américain pour la prochaine génération de communication mobile, mène un intense lobbying pour que l'Europe, et en particulier son allié britannique, fasse de même. Washington hurle que les infrastructures du géant chinois pourraient servir de cheval de Troie à Pékin pour espionner les communications, ce que Huawei a toujours démenti.

Londres veut une « décision fondée sur des preuves »

Le dossier fait l'objet de débats au plus haut niveau. Vendredi, Donald Trump et Boris Johnson se sont entretenus à ce sujet. Sur Twitter, Mike Pompeo, le secrétaire d'Etat américain, a mis la pression sur le locataire du 10 Downing Street, qualifiant la décision britannique de « capitale ». En réponse aux arguments américains, Robert Buckland, le ministre de la Justice, a reconnu sur BBC 4 qu'il existait « des risques » à recourir à Huawei, en assurant que l'exécutif prendrait « une décision informée » et « fondée sur des preuves ».

Pour les opérateurs, se passer de Huawei pour la 5G n'est pas chose facile. Ceux-ci redoutent, dans ce cas de figure, de gros surcoûts liés au démontage et au remplacement de nombreuses infrastructures actuelles. Ce qui, au passage, pourrait retarder le passage à la 5G. Autoriser Huawei, même avec des limitations, n'est pas non plus simple, dans un contexte où Londres veut préserver ses relations avec les États-Unis. Certains craignent, notamment, que le Royaume-Uni soit chassé de la coopération dans le renseignement des « Five Eyes », dont font partie le pays de l'Oncle Sam, le Canada, l'Australie et la Nouvelle-Zélande.

Une affaire qui sème la zizanie

Cela fait des mois que la question de la participation de Huawei au déploiement de la 5G sème la zizanie outre-Manche. Pour ne citer que cet épisode : fin avril, le Daily Telegraph a révélé que Theresa May, alors première ministre, avait décidé de donner son aval à l'équipementier chinois lors d'une réunion confidentielle du Conseil de sécurité national. Cette fuite dans la presse a suscité la colère de l'exécutif, qui a immédiatement lancé une enquête pour savoir qui avait vendu la mèche. Quelques jours plus tard, Theresa May limogeait son ministre de la Défense, Gavin Williamson, pour son implication dans la fuite. Sachant que celui-ci n'était depuis le début guère favorable à la présence de Huawei dans la 5G.

(avec AFP)

Pierre Manière

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