Contrôle de Telecom Italia : affrontement en vue entre Vivendi et Elliott

Ce vendredi 4 mai, lors d’une AG visant à renouveler le conseil d’administration de l’opérateur historique italien, les actionnaires devront choisir entre la liste de Vivendi et celle d’Elliott. Ces dernières semaines, le groupe de médias de Vincent Bolloré et le fonds américain, qui est récemment monté au capital de Telecom Italia, se sont rendus coups pour coups, chacun cherchant, par communiqués ou déclarations de presse, à discréditer leurs projets respectifs.
Pierre Manière
Depuis des semaines, le fonds américain Elliott n'a de cesse de critiquer la « mauvaise gestion » de Vivendi.
Depuis des semaines, le fonds américain Elliott n'a de cesse de critiquer la « mauvaise gestion » de Vivendi. (Crédits : Stefano Rellandini)

Cette AG, déterminante pour l'avenir de Telecom Italia, va s'ouvrir dans un contexte électrique. Ce vendredi 4 mai, les actionnaires de l'opérateur historique italien sont appelés à renouveler le conseil d'administration du Orange transalpin. Ils vont devoir choisir entre deux listes. D'un côté, il y a celle de Vivendi, le premier actionnaire de Telecom Italia avec 24% du capital, et qui a jusqu'à présent la main sur le groupe. De l'autre, il y a la liste d'Elliott, le puissant fonds activiste américain. Celui-ci, qui propose plusieurs figures indépendantes de l'économie italienne, a grimpé début mars au capital de l'opérateur historique jusqu'à en détenir 9%. Ses responsables n'ont de cesse de critiquer « la mauvaise gestion » de Vivendi. Tandis que le groupe français, lui, juge qu'Elliott n'a pour but que de « démanteler » l'opérateur pour satisfaire des objectifs à court terme.

Lire aussi : Telecom Italia : un fond activiste arrive au capital

Ces dernières semaines, les deux acteurs n'ont eu de cesse de tenter de se discréditer respectivement, à coups de communiqués ou d'interviews dans la presse. La dernière passe d'armes concerne le maintien - ou pas - de l'actuel administrateur délégué du groupe, Amos Genish. Fin connaisseur des télécoms et jouissant d'une image de dirigeant expérimenté dans le milieu, il a été installé à la tête de Telecom Italia par Vivendi à l'automne 2017. Amos Genish a reçu, en fin de semaine dernière, le soutien quasi-total des actionnaires présents lors d'une AG ordinaire. Mais ce dernier a récemment affirmé que si Elliott décrochait une majorité de sièges d'administrateurs, sa position deviendrait « intenable » à la tête de l'opérateur. Dans une interview au Sunday Telegraph, il a déclaré que, pour lui, « la question est de de savoir si oui ou non (il a) des actionnaires et un conseil d'administration qui soutiennent le plan d'affaires ».

Amos Genish va-t-il rester ?

Or à l'en croire - et comme Vivendi, qui le soutient, ne se prive pas pour le rappeler -, Elliott ne serait pas raccord avec certains points importants de son projet. L'un concerne en particulier la volonté d'Elliott de séparer le réseau Internet fixe du reste du groupe. Il y a deux semaines, l'intéressé s'est notamment expliqué au Journal du Dimanche :

« C'est un sujet dont on parle depuis 15 ans chez Telecom Italia, a déclaré Amos Genish. Nous allons créer une filiale à 100% baptisée NetCo qui recevra le réseau. Le processus est engagé et devrait être finalisé d'ici décembre. Elliott veut que nous abandonnions le contrôle sur NetCo en cédant le réseau ou via une introduction en Bourse pour dégager de la valeur. Pour justifier ce spin-off, ils rappellent la scission entre FiatChrysler et Ferrari qui a fait bondir le cours de Bourse du constructeur de luxe de 127% depuis 2016. Mais ici nous sommes dans un tout autre cas de figure. »

Lire aussi : Telecom Italia débute la scission de son réseau Internet fixe

Malgré cela, Elliott a plusieurs fois affirmé qu'il soutenait Amos Genish et que son « business plan » était la seule ligne à suivre. Ainsi, le fonds américain a voté, comme l'immense majorité des actionnaires, sa confiance envers le dirigeant la semaine dernière. Vivendi, pour sa part, n'a pas manqué cette belle occasion de tirer à boulets rouges contre son rival américain. La semaine dernière, le groupe de Vincent Bolloré s'est régalé dans un communiqué :

« Vivendi constate l'incohérence de la position du fonds activiste Elliott qui apporte son soutien à Amos Genish à l'occasion de ce vote alors même que ce fonds combat le plan industriel défendu par le CEO et l'ensemble du management de Telecom Italia. »

La balle est dans le camp des actionnaires

Depuis son arrivée au capital de Telecom Italia, Elliott clame que Vivendi ne gère pas correctement le groupe. Le fonds américain en veut notamment pour preuve « la sous-performance profonde et durable de l'action » Telecom Italia. Laquelle a, il est vrai, perdu 35% entre l'arrivée des membres de Vivendi au conseil d'administration en décembre 2015 et l'entrée d'Elliott. En outre, le gouvernement italien a également la dent dure à l'égard du géant français des médias. À l'instar de Carlo Calenda, le ministre italien du Développement économique, qui a qualifié Vivendi de « très mauvais actionnaire » fin mars dans La Repubblica.

Le géant français, de son côté, a argué que Telecom Italia était déjà en difficulté lorsqu'il en a pris le contrôle, et que l'action s'est redressée « par rapport à celle des autres opérateurs télécoms, surperformant ses pairs de plus de 17% depuis juin 2017 (sur la base de l'indice STOXX Europe 600 des télécoms) ». Quoi qu'il en soit, la balle est maintenant dans le camp des actionnaires.

(avec Reuters)

Pierre Manière

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