En conflit avec Orange, Scopelec interpelle Emmanuel Macron

Inquiet pour son avenir après avoir perdu de gros contrats avec l’opérateur historique concernant le déploiement de la fibre, la première Scop de France s’est fendue d’une lettre au président de la République. Dans cette missive, à laquelle La Tribune a eu accès, elle rappelle que « près de 1.000 salariés » risquent de perdre leur emploi, et presque autant chez ses sous-traitants. Le groupe estime qu’il appartient à Orange, dont l’Etat est le premier actionnaire, de « participer au financement d’une inévitable restructuration ».
Pierre Manière
Scopelec est spécialisé dans le déploiement et l'entretien des réseaux de fibre, comme dans le raccordement des abonnés.
Scopelec est spécialisé dans le déploiement et l'entretien des réseaux de fibre, comme dans le raccordement des abonnés. (Crédits : Mégalis Bretagne)

Scopelec joue son va-tout. Ce mercredi, cet important sous-traitant d'Orange, en grande difficulté après la perte de gros contrats avec l'opérateur historique concernant le déploiement de la fibre, s'est fendu d'une lettre à Emmanuel Macron. Dans cette missive, à laquelle La Tribune a eu accès, Alain Tomas, le président du conseil de surveillance de la première Scop de France, interpelle le président de la République et candidat à la présidentielle. Il alerte sur les conséquences sociales de la perte des contrats avec Orange, dont l'Etat est le premier actionnaire à hauteur de 23%.

« Cela fait près de six mois que nous savons que nous allons sans doute perdre notre emploi, écrit le dirigeant de cette entreprise de 3.600 salariés, et aux 475 millions d'euros de chiffre d'affaires en 2021. Nous étions près de 1.500 salariés concernés depuis la mi-novembre. Nous sommes encore près de 1.000 aujourd'hui. Sans oublier les milliers d'emplois concernés chez nos sous-traitants. En l'état, cela représenterait le plus gros plan social jamais intervenu en France à quelques jours du premier tour d'une élection présidentielle qui vous concerne au premier chef. »

Scopelec fustige le « mépris » d'Orange

Scopelec, qui a été placé le mois dernier en procédure de sauvegarde, déplore la manière dont l'exécutif s'est, jusqu'à présent, saisi du dossier. D'après Alain Tomas, celui-ci a été traité « de façon administrative et parfois partiale ». Le dirigeant s'en prend vivement à Orange, fustigeant son « mépris » comme ses « propositions » visant, notamment, à limiter les pertes d'emplois. « L'Etat, en tant qu'actionnaire d'Orange, n'est-il pas capable de faire comprendre à ce dernier qu'il est inacceptable d'arrêter brutalement 65% de ses contrats avec un partenaire de plus de 50 ans ? », canarde Alain Thomas.

A ses yeux, Orange doit mettre la main au portefeuille pour permettre à Scopelec de remonter la pente. « Est-ce socialement responsable que de faire disparaître d'un coup 40% de son chiffre d'affaires, sans participer au financement d'une inévitable restructuration ? », écrit-il. Reste qu'Orange n'est aujourd'hui pas du tout disposé à passer à la caisse. Ce mercredi, lors d'une conférence de presse, Fabienne Dulac, la patronne d'Orange France, s'est montrée claire : « Ce n'est pas le rôle d'Orange d'accompagner un PSE ou une restructuration, a-t-elle lancé. Ce n'est pas au client de payer la restructuration d'une entreprise. »

« Notre métier, nous le faisons bien ! »

A cette occasion, Fabienne Dulac a indiqué que si Scopelec a perdu des contrats, c'est parce que la qualité de ses prestations « n'était pas au rendez-vous ». Une critique balayée par Alain Tomas. « Nous faisons notre métier depuis 50 ans, et quoi que certains en disent, nous le faisons bien ! », s'agace le dirigeant. Les salariés de Scopelec ont prévu de manifester, ce jeudi à 11h, devant le QG de campagne d'Emmanuel Macron à Paris. Ils espèrent se faire entendre et mettre la pression sur l'exécutif alors que le tribunal de commerce de Paris doit, ce vendredi, se prononcer sur ce conflit.

Pierre Manière

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Commentaires 2
à écrit le 06/04/2022 à 20:32
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si la scop veut se reorganiser et se restructurer, il faut qu'elle demande une augmentation de capital a ses actionnaires; ca tombe bien, c'est les salaries, et si les salaries ne veulent rien mettre dans la balance pour sauver leur emploi, c'est pas...

à écrit le 06/04/2022 à 19:08
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La scop est un modèle économique vertueux se reposant sur la valeur travail mais au sein d'un système économique financier vicieux qui lui ne fonctionne qu'à la verticale. Nous avons exactement le même type de problème avec l'agro-écologie, tant qu'i...

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