A trois semaines du premier tour du scrutin présidentiel, l'annonce de la mise en procédure de sauvegarde de l'entreprise Scopelec pourrait bien provoquer des sueurs froides dans les couloirs de Bercy. Ce sous-traitant d'Orange pour l'installation de la fibre optique comptant 3.600 salariés, a fait cette annonce alors qu'il a perdu une myriade de contrats avec le géant Orange.
"Par un jugement du 17 mars 2022, le tribunal de commerce de Lyon a décidé de placer la société Scopelec SA en procédure de sauvegarde", a indiqué l'entreprise dans un communiqué. "Au premier avril 2022, à moins que la situation n'évolue dans un sens favorable, plus de 1.000 collaborateurs pourraient se retrouver sans activité", a également averti la société. Le comité interministériel de restructuration industrielle (CIRI) à Bercy suit de près ce dossier particulièrement brûlant à l'approche de la présidentielle depuis maintenant plusieurs mois.
65% de contrats de sous-traitance en moins
Scopelec, le plus gros groupe coopératif de France, a perdu 65% de ses contrats de sous-traitance avec Orange en novembre 2021, à l'issue d'un appel d'offre. Cette perte, qui doit prendre effet ce 31 mars, va lui faire perdre environ 40% de son chiffre d'affaires, estimé à 475 millions d'euros en 2021.
Les dirigeants de Scopelec avait alerté publiquement en janvier sur les risques pesant sur l'entreprise, demandant que soient trouvé des solutions pour lui permettre de passer ce cap difficile. Mais "en près de 4 mois, Scopelec n'a reçu que des réponses partielles et peu concluantes", a regretté la société dans son communiqué.
La procédure de sauvegarde s'adresse aux entreprises en difficulté et qui ne sont pas encore en cessation de paiement. L'objectif est de faciliter la réorganisation de l'entreprise pour lui permettre de maintenir son activité économique, les emplois et d'assurer l'apurement de ses dettes.
Selon le site du ministère de l'Economie et des Finances, la procédure de sauvegarde s'achève généralement par la mise en place d'un plan de sauvegarde. Mais elle peut aussi aboutir au placement de l'entreprise en redressement judiciaire ou en liquidation.
Problèmes de qualité de services selon Orange
Après le cri d'alarme public de Scopelec, Orange avait laissé entendre que la perte des contrats de sous-traitance était lié à des problèmes de qualité de service. "Après plusieurs avertissements ces dernières années, la qualité des prestations proposées par certains prestataires actuels, dont Scopelec qui a reçu plusieurs dizaines de mises en demeure en raison de manquements sur certains territoires, a conduit Orange à revoir l'attribution des zones (géographiques) confiées à chacun" de ses sous-traitants, avait indiqué Orange. Interrogé par La Tribune fin janvier, Nicolas Dieudonné, membre du conseil de surveillance de Scopelec et responsable technique des infrastructures avait tiré la sonnette d'alarme :
"Il peut y avoir eu quelques dizaines de réclamations au regard du volume affiché. Nous sommes dans les indicateurs du marché, on ne se prétend pas meilleur ou pire. Il n'y a pas de débat sur la qualité de notre travail, aujourd'hui le débat est sur le sauvetage de nos emplois. Il y a un vrai risque de mort de Scopelec. Quand vous êtes amputés de 40% de votre chiffre d'affaires, sur un total de 470 millions d'euros, cela fragilise l'ensemble du groupe."
Scopelec reste une des "six entreprises majeures retenues" pour les travaux d'installation de fibre optique et la maintenance du réseau cuivre, avait également affirmé le géant français. Dans son communiqué vendredi, Scopelec reconnait avoir "un cadre contractuel acceptable" pour la reprise de certains de ses salariés concernés par les nouveaux titulaires des contrats perdus, "avec reprise d'ancienneté et maintien des conditions salariales". Scopelec indique également que "des négociations restent en cours" sur "l'attribution de volumes additionnels temporaire" à la fin des contrats.
Mais en revanche, "il semble" qu'il soit "impossible d'évoquer" la question d'un "accompagnement financier" pour la restructuration du groupe ou "l'indemnisation des préjudices subis par Scopelec", a-t-il regretté.
"Il nous faut maintenant, dans ce nouveau cadre judiciaire, faire valoir nos droits dans l'intérêt de Scopelec et de ses salariés", a déclaré le président du directoire Thomas Foppiani, cité dans le communiqué.
(Avec agences)
Sujets les + commentés