C'est un sacré coup de gueule. Pas moins de 26 collectivités, affirmant représenter quelques 14 millions d'habitants, tirent à boulet rouge contre la manière dont la fibre est déployée dans l'Hexagone. Toutes sont membres de l'Avicca, une association qui rassemble les collectivités impliquées dans le numérique. Dans un communiqué commun publié ce lundi, elles râlent contre les raccordements des abonnés dans les territoires ruraux, notamment dans le Doubs, l'Anjou, la Charente, l'Essonne, la Haute-Garonne, la Manche ou encore la Sarthe.
Concrètement, ce sont les opérateurs comme Orange, SFR, Bouygues Telecom et Free qui en sont responsables. Mais ceux-ci font appel à des sous-traitants, dont le travail n'est bien souvent, c'est peu dire, pas à la hauteur. Ces opérations « sont intégralement sous-traitées, sans contrôle, mal rémunérées et pour certaines réalisées en dépit des règles de l'art et de la sécurité des personnes », fustigent les collectivités. Résultat : « nous faisons face, à l'occasion des raccordements abonnés, à une multiplication des dégradations sur nos réseaux nouvellement construits », se désolent-elles.
Ce problème n'est pas nouveau. Il plombe depuis des mois le chantier du déploiement de la fibre. Le gouvernement et l'Arcep, le régulateur des télécoms, ont déjà demandé aux opérateurs et à leurs sous-traitants de prendre des mesures pour en finir avec ces malfaçons. Mais « nous sommes forcées de constater que la situation ne s'améliore pas sur nos réseaux », s'agacent les collectivités. La liste des problèmes rencontrés apparaît longue comme le bras. Les collectivités évoquent « des réseaux quotidiennement dégradés », avec des « portes d'armoires techniques forcées ou arrachées », des « boîtiers de raccordement laissés ouverts sous la pluie », des « clients déconnectés », ou encore des « malfaçons chez les abonnés ». Elles constatent aussi « des remises en état (qui) ne sont pas faites par les opérateurs », et regrettent que certains techniciens, malgré les risques d'électrocution ou de chute, ne respectent pas les règles de sécurité.
Bref, la situation leur apparaît « inacceptable », d'autant plus dans un contexte d'extinction progressive du vieux réseau cuivre, encore largement utilisé pour le téléphone et l'ADSL. Dans leur missive, les collectivités appellent Orange, SFR, Bouygues Telecom et Free à « mettre en œuvre » plusieurs « actions complémentaires » concernant le travail des sous-traitants et le paiement des prestations de raccordement. Et ce, d'ici la fin du mois de mai. En cas de refus, elles se réservent le droit de bannir certains sous-traitants, voire de résilier les contrats passés avec les opérateurs.
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