Les collectivités locales n'en peuvent plus. Elles sont nombreuses à râler contre le déploiement de la fibre. Alors que ce vaste chantier, débuté il y a un peu plus de dix ans, arrive à son terme, les malfaçons et dysfonctionnements pullulent sur les réseaux. Aujourd'hui, un raccordement d'abonné sur cinq se solde par un échec. C'est sans compter sur les pannes, qui touchent, dans certaines régions, jusqu'à 3% des clients. Aux yeux de l'Avicca, qui fédère les collectivités impliquées dans le numérique, cette situation est tout bonnement inacceptable.
Lors d'un colloque organisé ce mercredi à Paris par cette organisation, son président, le sénateur de l'Ain Patrick Chaize (LR), n'a pas caché sa colère. A la tribune, il a fustigé « un film d'horreur ». Pour étayer son propos, il a fait projeter sur grand écran des photos montrant l'étendue des malfaçons et des dégradations constatées sur le terrain. Sur l'une, on voit une armoire télécoms saccagée. Sur une autre, un technicien indélicat n'a pas hésité à tirer un câble directement sur la chaussée pour raccorder un logement... De quoi susciter l'ire de Patrick Chaize, qui a appelé les opérateurs Orange, SFR, Bouygues Telecom et Free, ainsi que tous leurs sous-traitants, à résoudre sans traîner ces graves problèmes de qualité. Sans quoi, a-t-il menacé, « on demandera au gouvernement de réécrire le scénario des raccordements ». C'est-à-dire, en clair, de passer par la loi.
Un nouveau plan pour la qualité des réseaux
La filière, elle, semble avoir entendu le message. Lors de ce même colloque, Philippe Le Grand, le président d'InfraNum, la fédération des industriels de la fibre, a dévoilé un nouveau plan visant à améliorer la qualité des raccordements. Il l'a détaillé ce mercredi à La Tribune. Celui-ci repose vise à s'assurer que les techniciens des sous-traitants qui interviennent sur les réseaux soient bien formés, qu'ils travaillent dans les règles de l'art. Dans le cas contraire, prévient-il, ces sous-traitants « prendront la porte ».
- Lire aussi : « Les malfaçons sur les réseaux de fibre sont intolérables » (Philippe Le Grand, InfraNum)
Très préoccupée par le sujet, Laure de La Raudière, la présidente de l'Arcep, a pris bonne note de « la prise de conscience » des enjeux de qualité par les opérateurs et la filière de la fibre. Mais la cheffe de file du régulateur des télécoms appelle, elle aussi, à aller vite. « J'attends maintenant des résultats concrets, a-t-elle lancé au colloque de l'Avicca. Nous les attendons tous... » Directeur du département de la Banque des territoires (Groupe Caisse des dépôts) en charge de la transition numérique, Antoine Darodes, lui, estime que ces problèmes de qualité nécessitent un « réinvestissement massif dans le génie civil, dans les derniers mètres pour effectuer les raccordements ». « S'il faut plus de 3 milliards d'euros de réinvestissement, nous disposons de solutions de financement », a-t-il indiqué.
Les déploiements se poursuivent à toute vitesse
La situation apparaît, quoi qu'il en soit, urgente. Et pour cause : les Français se convertissent rapidement à la fibre. Aujourd'hui, plus de dix millions de foyers utilisent cette technologie pour se connecter à Internet. L'appétence de la population pour la fibre va crescendo, dans le sillage des déploiements qui se poursuivent à toute vitesse. Lors du colloque de l'Avicca, InfraNum a indiqué qu'en 2021, quelque 5,6 millions de locaux ont été rendus raccordables. Ce qui est énorme. En 2022, la fédération en attend encore 5,5 millions. D'ici à la fin de l'année prochaine, c'est pas moins de 42,7 millions de locaux qui seront raccordables à cette technologie, sur un total de 44 millions. La France a fait le choix politique d'aller vite pour déployer l'Internet à très haut débit. Il s'agit maintenant de bien faire.
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