
Huawei ne compte pas lâcher l'Europe. Mais le géant chinois des télécoms est contraint de changer de stratégie. Pas question, aujourd'hui, de tout miser sur la 5G, où Huawei s'est fait exclure de plusieurs marchés sur le Vieux Continent. Pas question, non plus, de tabler sur de grosses ventes de smartphones, lesquelles se sont écroulées depuis que le groupe fait l'objet de lourdes sanctions américaines. Dorénavant, Huawei se présente comme le « partenaire » privilégié des entreprises désireuses de « numériser » leurs activités.
L'ambition de Huawei est donc de « libérer le numérique » dans tous les secteurs économiques, comme le groupe de Shenzhen s'en est vanté lors d'une grande conférence, ce lundi, au Palais des Congrès de Paris. Huawei y a vanté ses solutions et équipements « pour soutenir la transition numérique des entreprises », afin de doper leur activité, les rendre moins énergivores, et plus compétitives. « La demande s'accélère, et nous sommes prêts à y répondre », a déclaré Ken Hu, le président tournant du géant chinois.
Huawei cible les grandes entreprises comme les PME
A cette occasion, Huawei a voulu démontrer qu'il constituait, malgré la méfiance qu'il suscite toujours auprès de nombreux gouvernements, un partenaire fiable. A défaut d'avoir pu s'offrir un ministre ou un membre de l'exécutif à son événement, Huawei a convaincu Fabien Aufrechter, le directeur Web 3.0 de Vivendi, d'intervenir. Le géant des médias français travaille avec Huawei dans différents domaines. Il y a deux ans, sa filiale Dailymotion a notamment signé un partenariat avec le groupe chinois dans la diffusion de contenus vidéos. Fabien Aufrechter s'est dit « très fier » de collaborer avec Huawei, tout en vantant la puissance des outils numériques pour collecter des données, et proposer de nouveaux services aux consommateurs. Il a pris l'exemple de Canal+, où « chaque compte client est désormais personnalisé », ce qui permet au groupe de rester « proche » de ses abonnés.
Huawei ne cible pas que les grands groupes. Il souhaite également séduire les petite et moyennes entreprises, encore peu numérisées dans l'Hexagone. Lors de sa conférence, le groupe chinois a invité Alain Assouline, le président de la commission numérique de la CPME, le syndicat des PME françaises. Celui-ci a rappelé que la crise du Covid-19 a poussé de nombreuses sociétés à se convertir au numérique, ne serait-ce que pour écouler leurs produits via Internet. « Cette accélération a été très importante », a-t-il insisté. Alain Assouline a salué les bienfaits du numérique pour « optimiser différents processus, comme la logistique », tout en soulignant que les PME redoutaient plus que tout, désormais, les cyberattaques. Mais il n'a pas, pour autant, loué les services de Huawei.
Capitaliser sur l'expérience acquise en Chine
Le groupe chinois, lui, entend bien convaincre les industriels européens des transports, de la santé, de la finance ou de l'énergie d'utiliser ses solutions en matière de connectivité, de cloud ou terminaux. Il peut, pour ce faire, s'appuyer sur son savoir-faire auprès des entreprises chinoises dans des domaines aussi variés que la voiture autonome, les ports et mines connectés, ou encore l'optimisation des réseaux d'énergie. Cette stratégie s'avère capitale aux yeux du groupe chinois. Huawei a besoin de rebondir. L'an dernier, il a vu son chiffre d'affaires chuter de près de 30%, à 634 milliards de yuans (87 milliards d'euros).
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