L’appétit de KKR pour les réseaux télécoms va crescendo

Après avoir investi dans les infrastructures télécoms en France, au Royaume-Uni ou en Allemagne, le puissant fonds d’investissement américain pousse ses pions en Italie. Il vient d’y acquérir des parts dans une coentreprise avec les opérateurs Telecom Italia et Fastweb pour accélérer le déploiement de la fibre optique.
Pierre Manière
En juin 2018, KKR a remporté 49,99% de SFR TowerCo, qui regroupe plus de 10.000 tours télécoms de SFR dans l'Hexagone, pour 1,8 milliard d'euros.
En juin 2018, KKR a remporté 49,99% de SFR TowerCo, qui regroupe plus de 10.000 tours télécoms de SFR dans l'Hexagone, pour 1,8 milliard d'euros. (Crédits : ALESSANDRO BIANCHI)

Insatiable. KKR n'en finit plus de sortir le chéquier pour renforcer ses positions dans les télécoms européennes. Le puissant fonds d'investissement américain voit dans l'arrivée de l'Internet à très haut débit une opportunité en or. Les réseaux de fibre optique et 5G constituent, à ses yeux, des infrastructures stratégiques. Et il n'hésite pas, depuis quelques années, à mettre la main au portefeuille pour participer à leur déploiement.

Ce jeudi, il a acquis, via sa branche KKR Infrastructure, 37,5% de FiberCop, une coentreprise spécialisée dans la fibre fraichement montée avec l'opérateur historique italien Telecom Italia et son rival FastWeb. Son objectif : accélérer le déploiement de l'Internet fixe à très haut débit de l'autre côté des Alpes, en particulier dans les campagnes. KKR a déboursé pas moins de 1,8 milliard d'euros dans cette opération. « FiberCop permettra à Telecom Italia, Fastweb et d'autres opérateurs d'investir en commun, en complétant les plans de couverture en fibre optique dans les zones noires et grises du pays et en accélérant l'adoption des services à très haut débit », a expliqué Telecom Italia. Ce rapprochement entre l'opérateur historique, KKR et Fastweb est le premier pas vers la création d'un réseau unique national en fibre optique afin d'accélérer le développement de l'Internet haut et très haut débit dans la péninsule, très en retard en terme de réseau fixe.

Les infrastructures télécoms ont la cote

KKR est habitué de ce type d'investissement. En 2019, le fonds a raflé 75% du groupe britannique de fibre optique Hyperoptic, valorisé à l'époque selon une source du Financial Times, à environ 500 millions de livres (580 millions d'euros). Quelques années auparavant, en 2015, KKR a pris une participation majoritaire dans une société similaire, Deutsche Glasfaser, en Allemagne, avant de la revendre aux fonds EQT et Omers en 2020. Autre fait d'arme, mais dans le mobile cette fois : en juin 2018, KKR a remporté 49,99% de SFR TowerCo, qui regroupe plus de 10.000 tours télécoms de SFR dans l'Hexagone, pour 1,8 milliard d'euros. En 2017, KKR a sorti 1,3 milliard d'euros pour s'offrir 40% de Telxius, qui possède notamment un grand parc de tours télécoms en Europe et en Amérique du Sud, auprès de sa maison-mère, l'opérateur espagnol Telefonica. En janvier dernier, cette société, qui s'est largement développée depuis, a été revendue à American Towers, l'ogre américain des tours télécoms, pour 7,7 milliards d'euros.

L'appétit de KKR pour les infrastructures télécoms reflète, de manière générale, celui des fonds pour les réseaux Internet à très haut débit. En Europe, les réseaux de fibre remplacent progressivement ceux en cuivre. Ces nouvelles infrastructures ont de beaux jours devant elles: elles permettront aux utilisateurs d'accéder à Internet pendant plusieurs dizaines d'années. De leur côté, les tours télécoms sont de plus en plus prisées. Les opérateurs en ont plus que jamais besoin pour y greffer leurs antennes et étendre leurs réseaux 4G et 5G. En outre, la nouvelle génération de communication mobile les oblige à densifier considérablement leurs réseaux, puisque les fréquences 5G portent moins loin que celles utilisées pour la 4G. Sous ce prisme, les infrastructures télécoms apparaissent comme des investissements aussi sûrs que profitables sur le long terme. Les fonds comme KKR bénéficient également, en Europe où les prix demeurent bas, des besoins de cash des opérateurs, contraints de dépenser énormément d'argent pour étendre et entretenir leurs réseaux.

Pierre Manière

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Commentaires 3
à écrit le 03/04/2021 à 11:11
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Que fait l Europe ? Quelle vision stratégique? Macron au secours!

à écrit le 02/04/2021 à 18:28
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Laisser filer les infrastructures de communication numérique à des fonds d'investissement étrangers qui peuvent être soumis à leurs lois nationales, est-ce bien raisonnable ? La toile d'araignée a l'air de bien couvrir l'Europe. Que dirait-on si c'ét...

le 03/04/2021 à 7:10
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L'Europe, c'est la vache à lait des USA qui nous spolie de nos ressources, entre autre par l'évasion fiscale et les délocalisations.

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