Une promenade de santé en terrain conquis. L'audition de Laure de La Raudière, la députée d'Eure-et-Loir (Agir), par la commission des Affaires économiques de l'Assemblée nationale - à laquelle elle appartient - s'est achevée par des applaudissements nourris. L'écrasante majorité des députés a loué, pendant plus d'une heure, la proposition de l'Elysée de la nommer à la présidence de l'Arcep, le régulateur des télécoms. Seul un parlementaire s'y est franchement opposé. Il s'agit de François Ruffin. Le député France insoumise s'est dit « stupéfait » de cette décision d'Emmanuel Macron. A ses yeux, il est nécessaire d'avoir à ce poste quelqu'un d'extérieur à l'industrie des télécoms. Or, a-t-il souligné, Laure de La Raudière a longtemps travaillé, de 1990 à 2001, pour France Télécom-Orange.
La candidate à la tête du régulateur a, dès son introduction, balayé cette critique. « Depuis 2007 jusqu'à ce jour, j'ai effectué neuf missions sur les enjeux numériques, en toute indépendance d'esprit, et sans jamais me demander si ce que je proposais était bon pour un acteur ou un autre », a-t-elle déclaré. Une manière de répondre à François Ruffin... et à Xavier Niel. Le patron de Free a récemment tiré à boulet rouge sur sa nomination pour les mêmes raisons que le député LFI : il s'agit d'un choix « incohérent », « aberrant pour la concurrence », a-t-il fustigé sur BFM Business. Lors de son audition, Laure de La Raudière a ainsi cherché à retourner son passé chez l'opérateur historique à son avantage. « Mon passage chez France Télécom, il y a plus de 20 ans, m'a permis d'acquérir l'expertise nécessaire à la compréhension technique et opérationnelle du secteur des télécommunications », a-t-elle lancé. La députée a fait part de sa « grande émotion » à la perspective de prendre les rênes de l'autorité. Elle a eu une pensée très émue pour sa consoeur socialiste Corinne Erhel, avec qui elle a longtemps formé un duo de choc sur les questions liées au numérique et aux télécoms, et qui est brusquement décédée au printemps 2017.
Les compétences de la députée font l'unanimité
Les députés ont tous loué la compétence de Laure de La Raudière en matière de numérique et de télécoms. Tous se montrent également satisfaits de voir arriver à l'Arcep une consoeur sensible aux questions de couverture Internet fixe et mobile des territoires. Ses missions futures sont en partie connues. Dans l'Internet fixe, elle devra s'assurer que le chantier de la fibre, qui vise à apporter le très haut débit à tous les Français d'ici à 2022, se déroule correctement. Elle devra également gérer l'épineux dossier de la fermeture du réseau cuivre d'Orange. Dans le mobile, elle devra surveiller le nouveau plan visant à en finir avec les zones blanches, où le mobile ne passe pas, et s'assurer du bon déploiement de la 5G. L'Arcep devra aussi mener à bien l'attribution des fréquences 26 GHz, essentielles pour l'essor de cette technologie, d'ici quelques années. Laure de La Raudière aura également fort à faire pour ouvrir enfin à la concurrence le marché des télécoms pour les entreprises, encore largement dominé par Orange et dans une moindre mesure par SFR. Si l'arrivée de Kosc, un nouvel acteur de gros, s'avérait insuffisante, l'institution devra changer de stratégie, a-t-elle prévenu.
Laure de La Raudière a promis de poursuivre les travaux, débutés par l'ancien président de l'Arcep Sébastien Soriano, sur l'empreinte environnementale du numérique, et notamment celui de la 5G, qui suscite de nombreux débats. « L'Arcep regardera, à travers tous ses chantiers, comment la régulation peut contribuer à un objectif de développement durable », a déclaré la députée. Laure de La Raudière doit encore être auditionnée par la commission des Affaires économiques du Sénat, le 20 janvier prochain. Si elle bénéficie d'un vote favorable des deux commissions, elle deviendra la première parlementaire à accéder à la présidence de l'Arcep. Elle sera, également, la première femme à accéder à la tête du très stratégique régulateur des télécoms.
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