Pour se désendetter, Altice veut vendre une part de son réseau de fibre au Portugal

Le groupe de Patrick Drahi travaille à la revente une partie de son réseau Internet fixe à très haut débit au Portugal. Cette opération doit lui permettre de se renflouer, tant pour investir dans les infrastructures que pour éponger une partie de son énorme dette.
Pierre Manière
Patrick Drahi, le fondateur et propriétaire d'Altice Europe, maison-mère de SFR en France.
Patrick Drahi, le fondateur et propriétaire d'Altice Europe, maison-mère de SFR en France. (Crédits : PHILIPPE WOJAZER)

L'opération pourrait être lancée dans les prochaines semaines. Comme l'a indiqué l'agence Reuters vendredi dernier, Altice Europe cherche à vendre une part de son réseau Internet fixe en fibre optique au Portugal. La manœuvre devrait ressembler à la récente cession du géant des télécoms d'un peu moins de 50% de SFR FTTH, qui chapeaute son réseau de fibre en France, en dehors des zones très denses. Bouclée en fin d'année dernière, cette opération avait, in fine, permis au groupe de Patrick Drahi d'encaisser un gros chèque de 1,8 milliard d'euros.

Selon des sources proches du dossier citées par Reuters, Altice Europe a engagé la banque Lazard pour sonder les candidats désireux d'investir dans son réseau de fibre au Portugal. Parmi eux, il y a les fonds américains KKR et Morgan Stanley Infrastructures Partners, ainsi que les fonds Ardian, Macquarie Group et I Squared Capital. Interrogé par La Tribune, Altice ne fait aucun commentaire.

5,3 millions de prises fibre

Difficile d'évaluer, aujourd'hui, combien le groupe de Patrick Drahi pourrait retirer de cette opération. Selon nos informations, celle-ci concernerait un total de 5,3 millions de prises fibre, qui seront toutes livrées d'ici la fin de l'année, et dont la valeur globale pourrait osciller entre 6 et 7 milliards d'euros. Cela dit, tout dépendra bien sûr de la part qu'Altice Europe cédera.

Cette opération sera la deuxième du genre au Portugal. En Septembre dernier, Altice Europe a vendu 75% de la société Towers of Portugal, qui comprenait près de 3.000 sites d'antennes mobiles dans le pays, à Morgan Stanley Infrastructures Partners, associé à Horizon Equity Partners. Cette manœuvre, menée conjointement avec la cession d'une partie de ses antennes-relais en France, avait permis au géant des télécoms d'engranger 2,5 milliards d'euros.

Priorité au désendettement

Patrick Drahi avait déjà indiqué que cet argent lui servirait d'une part à accélérer ses investissements dans la 4G, bientôt la 5G, et la fibre. D'autre part, une part de cette manne doit être consacrée au désendettement. Sachant que la dette d'Altice Europe s'élève aujourd'hui à environ 30 milliards d'euros.

Cette politique de vente partielle des tours télécoms et de réseaux Internet fixe a été amorcée l'année dernière. Et dans le sillage d'un exercice 2017 tumultueux, où le groupe, plombé par d'importantes pertes d'abonnées, et des inquiétudes sur sa capacité à rembourser son énorme dette, a vu son titre s'effondrer en Bourse.

Face à cette fronde des investisseurs, Patrick Drahi a été contraint de reprendre son groupe en main. Jusqu'alors bâti à coup d'acquisitions monstres dans les télécoms et les médias des deux côtés de l'Atlantique, il a fait le ménage dans son équipe dirigeante - remerciant au passage Michel Combes, alors DG d'Altice et PDG de SFR -, séparé ses activités aux Etats-Unis et en Europe, et a fait du désendettement une priorité.

Pierre Manière

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Commentaires 2
à écrit le 05/02/2019 à 10:38
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C'est mal barré.

à écrit le 04/02/2019 à 16:41
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On vend tout ce qui peut l'être. Une sorte de liquidation judiciaire qui ne veut pas dire son nom. On a le même phénomène chez Casino, d'où les limites de la croissance par endettement déraisonnable. L'histoire en est remplie mais elle se répète et l...

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