Stéphane Richard, le PDG d’Orange, sur un siège éjectable

Condamné dans l’affaire Tapie, le patron de l’opérateur historique est plus que jamais menacé. Désormais, c’est au conseil d'administration, qui se réunit ce mercredi à 18h, de décider de le maintenir - ou pas - à son poste. La position de l’Etat, premier actionnaire d’Orange, sera déterminante.
Pierre Manière
Stéphane Richard, le PDG d'Orange, estime sa condamnation « profondément injuste ».
Stéphane Richard, le PDG d'Orange, estime sa condamnation « profondément injuste ». (Crédits : Reuters)

Le ciel lui est tombé sur la tête. Stéphane Richard, le PDG d'Orange, a été condamné, ce mercredi, dans l'affaire de l'arbitrage controversé de 2008 entre Bernard tapie et le Crédit Lyonnais. La cour d'appel de Paris l'a reconnu coupable, lui qui était directeur de cabinet de la ministre de l'Economie Christine Lagarde au moment des faits, de complicité de détournement de fonds publics.

Sa peine : un an d'emprisonnement avec sursis, et 50.000 euros d'amende. C'est moins que ce que le parquet avait requis, à savoir trois ans de prison (dont un ferme) et 100.000 euros d'amende. Pour le patron d'Orange, c'est une gifle, une défaite majuscule. Il était pourtant confiant. Il faut dire qu'en 2019, il avait bénéficié, dans cette affaire, d'une relaxe. Son avenir à la tête d'Orange est menacé. Le voici, désormais, sur un siège éjectable.

Dans la foulée du jugement de la cour d'appel, Stéphane Richard a jugé cette décision « profondément injuste » dans une déclaration envoyée à La Tribune. Il a indiqué qu'il allait se pourvoir en cassation.

« Les accusations de complicité de détournement de fonds publics sont sans aucun fondement, et ne sont basées sur aucune preuve, affirme le dirigeant. Je les rejette totalement. Il n'y a eu aucun élément nouveau dans ce procès en appel. Je rappelle que j'avais été totalement relaxé en première instance. Les griefs sont passés d'escroquerie à complicité, puis à la relaxe totale, et aujourd'hui de nouveau à une relaxe sur la complicité d'escroquerie... mais une condamnation pour complicité de détournement de fonds publics. C'est à rien n'y comprendre. Je n'ai fait qu'exécuter la décision ministérielle d'aller à l'arbitrage, qui a été totalement assumée par Christine Lagarde, laquelle a d'ailleurs été condamnée pour simple négligence. »

Une réunion déterminante du conseil

Le PDG remet, comme il l'avait prévu en cas de condamnation, son mandat « entre les mains du conseil d'administration d'Orange ». Celui-ci se réunira, selon nos informations, à 18h ce mercredi. Ce sera notamment à l'Etat, premier actionnaire d'Orange à hauteur de 23%, de se prononcer sur le maintien à son poste de Stéphane Richard.

Interrogé sur sa position par La Tribune, le gouvernement botte en touche. « Nous prenons acte de la décision de justice concernant Stéphane Richard, nous indique Bercy. Le conseil d'administration d'Orange de la fin de journée tirera les conséquences de cette décision. Nous sommes évidemment attentifs à la continuité du bon fonctionnement de l'entreprise. »

Rappelons que Bruno Le Maire, le ministre de l'Economie, s'est montré pourtant très clair à ce sujet en 2018 : « Pour toutes les entreprises publiques (...), s'il y a condamnation du dirigeant, il y a départ immédiat du dirigeant. » Si cette ligne est bien appliquée, Stéphane Richard pourrait prendre la porte. Cela mettrait aussi un terme à son ambition de rester président d'Orange, avec une direction générale dissociée, au terme de son troisième mandat en mai prochain.

Un risque politique à maintenir Stéphane Richard

Si le gouvernement maintenait Stéphane Richard à son poste, il prendrait un risque politique majeur : celui d'être accusé de favoriser, d'une certaine manière, les élites lorsqu'elles sont reconnues coupables. En pleine campagne présidentielle, les opposants, à droite comme à gauche, ne manqueraient pas de critiquer fortement une telle décision...

C'est d'ailleurs ce qu'indique Sébastien Crozier, le président de la CFE-CGC d'Orange, qui estime qu'un maintien de Stéphane Richard à son poste semble « très compliqué ».

« Au niveau des personnels d'Orange, il y a un double sentiment : beaucoup sont d'un côté extrêmement tristes de la condamnation, car Stéphane Richard est l'homme de la réconciliation sociale [après la crise des suicides à la fin des années 2000, Ndlr]. D'un autre côté, le maintenir dans ce contexte diviserait les salariés sur le problème des sanctions à l'égard des puissants. »

Il faudra attendre la fin de la réunion du conseil, en fin d'après-midi ou en soirée, pour connaître le sort du PDG.

Pierre Manière

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Commentaires 7
à écrit le 25/11/2021 à 3:24
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Lagarde regarde hagarde.

à écrit le 24/11/2021 à 19:06
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Meme arrogance que le petit gras du Nord : Bertrand. Pour sa peine il pourrait tout de meme avoir l'élégance de donner 5000 000 d'euros aux Resto du Coeur.

à écrit le 24/11/2021 à 18:59
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Il serait emprisonné à la Japonaise ( très spécial )

à écrit le 24/11/2021 à 18:56
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50000 eur ! rien que çà ! Il peut payer un an de salaire, tout de meme, 2 500 000 eur ( hors primes, avantages, dividendes ) Je pense que cet individu, sans aucun fair play, d'une Arrogance et Intolérance extrème va etre maintenu. Ceux qui l'entour...

à écrit le 24/11/2021 à 18:39
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Il est permis de s'interroger sur le profil de ces énarque parfois ex-chefs de cabinet pour gérer des entreprise éminemment techniques rappelons nous du succès d'AREVA. Si la raison est de faire monter la bourse peut être dans ce cas inspecteur des f...

à écrit le 24/11/2021 à 18:11
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Un an avec sursis et 50000 euros d'amende. En France, ça ne mérite pas d'être viré ou de démissionner. 😁

à écrit le 24/11/2021 à 13:17
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Au Japon il ferait des excuses publiques, démissionnerait et ensuite se suiciderait !

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