
Les trimestres passent, et le chemin de croix de Telecom Italia se poursuit. Ce mercredi 10 mai, l'opérateur historique transalpin a dévoilé ses résultats au titre du premier trimestre 2023. Et une fois encore, ceux-ci ont déçu les marchés. En témoigne le titre qui, ce jeudi 11 mai, perdait 2,31% à 27 centimes d'euro en fin d'après-midi à la Bourse de Milan. Cette fois-ci, les investisseurs ont visiblement sanctionné des pertes très supérieures à ce qu'attendaient les analystes.
Celles-ci ont triplé à 689 millions d'euros au premier trimestre par rapport à la même période l'an passé. En face, le consensus des analystes compilé par Factset tablait sur une perte de 191 millions d'euros. Ce résultat s'explique, aux dires de la direction de l'opérateur, par les coûts élevés liés à des suppressions de postes. Telecom Italia a programmé quelque 2.000 départs volontaires en 2023.
Les ventes progressent
L'opérateur a néanmoins vu ses ventes progresser de 5,6% à 3,84 milliards d'euros. Cette progression du chiffre d'affaires est notamment tirée par TIM Brasil, son opérateur au Brésil, dont « le développement s'accélère », souligne le groupe dans un communiqué.
Outre ces résultats, tous les observateurs attendent de savoir si Telecom Italia arrivera à vendre son réseau Internet fixe. Et surtout à quel prix. Ce dossier est la priorité du PDG du groupe, Pietro Labriola, qui compte sur cette opération pour mieux valoriser cet actif, réduire la forte dette du groupe (laquelle a dépassé les 25 milliards d'euros), et le relancer, enfin, après des années de descente aux enfers.
Vers une offre conjointe de la CDP et de KKR ?
Mais rien ne dit, aujourd'hui, que le dirigeant arrivera à ses fins. Deux acteurs sont intéressés par le réseau Internet fixe de Telecom Italia. Il s'agit de la Caisse italienne des dépôts (CDP) et du fonds américains KKR. Ceux-ci ont respectivement proposé 19,3 et 21 milliards d'euros pour cet actif. Mais ces montants sont jugés très insuffisants par Vivendi, le géant français des médias, et premier actionnaire de Telecom Italia à hauteur de 23,75%.
Le groupe dirigé par Vincent Bolloré souhaitait, d'ailleurs, mettre un point final aux négociations. Il estimait que les offres étaient très inférieures à la valeur du réseau, qu'il estime à 31 milliards d'euros. Pietro Labriola y croit néanmoins toujours. C'est pourquoi le dirigeant a relancé, ce mercredi, la CDP et KKR, en leur demandant, une nouvelle fois, de réviser leurs offres. En parallèle, le gouvernement italien, qui suit le dossier de près - et souhaite conserver le réseau de Telecom Italia, jugé stratégique, dans son giron - a suggéré une autre option. Rome a indiqué qu'il soutiendrait une offre commune de la CDP et de KKR, laquelle serait naturellement plus élevée que leurs offres individuelles.
Le projet d'un grand réseau de fibre
Pour la CDP, comme pour KKR, investir dans le réseau de Telecom Italia fait sens. La CDP, qui est le deuxième actionnaire de l'opérateur à hauteur de 9,8%, détient aussi 60% d'Open Fiber, qui dispose d'un réseau de fibre concurrent. Un scénario depuis longtemps évoqué serait de fusionner ce dernier avec celui de l'opérateur historique pour bâtir un grand et unique réseau de fibre à l'échelle nationale. Cette opération permettrait, in fine, d'accélérer le déploiement de cette technologie, cruciale pour la numérisation de l'Italie. KKR, de son côté, possède déjà une participation de 37,5% dans FiberCop, une filiale de Telecom Italia où figure son réseau dit « secondaire », reliant les armoires de rues aux habitations.
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