Télécoms, Internet : l’Europe veut renforcer la sécurité de ses réseaux face à la menace russe

Dans le contexte de guerre en Ukraine, les ministres européens des télécoms, qui se réunissent à Paris puis à Nevers ce mardi et ce mercredi, vont faire le point sur les enjeux de lutte contre la désinformation, la protection des réseaux télécoms, et l'augmentation des cyberattaques.
Pierre Manière
(Crédits : Kacper Pempel)

La guerre en Ukraine préoccupe l'Europe, et en particulier sur le front du numérique. La sécurisation de cet écosystème sera au centre des discussions, ce mardi et ce mercredi, lors d'une réunion informelle des ministres européens des télécoms, dans le cadre de la présidence française du Conseil de l'UE. Celle-ci se déroulera à Paris puis à Nevers. Cédric O, le secrétaire d'Etat en charge du Numérique et des Télécoms y participera. Plusieurs menaces venant de Russie sont aujourd'hui prises très au sérieux par l'Union européenne. Selon le secrétariat d'Etat au Numérique, les enjeux de « guerre hybride » ouvriront les discussions entre les ministres.

L'invasion de l'Ukraine par la Russie se caractérise en effet par la mobilisation de moyens « non conventionnels », et notamment la désinformation, la propagande et les cyberattaques. Des représentants des grands réseaux sociaux que sont Google, Twitter et Meta, qui constituent des canaux privilégiés pour s'informer, seront d'ailleurs présents à la réunion des ministres. Ces derniers feront, à cette occasion, un point sur les sanctions déjà annoncées au niveau européen, comme les interdictions des médias Russia Today et Sputnik, financés par le Kremlin.

L'attaque du satellite KA-SAT a marqué les esprits

Dans la foulée, les ministres évoqueront la sécurité des réseaux télécoms. Ces infrastructures sont extrêmement sensibles, puisqu'elles permettent aux entreprises et aux citoyens d'accéder à Internet. Les ministres veulent s'assurer que les réseaux sont suffisamment sécurisés, surtout si l'escalade avec la Russie se poursuit. Le sujet les préoccupe d'autant plus que l'opérateur américain Viasat a essuyé une grosse cyberattaque le 24 février dernier, le jour de l'invasion de l'Ukraine par la Russie. Celle-ci a visé son satellite KA-SAT, qui couvre l'Europe, et a provoqué une panne de réseau pour des dizaines de milliers de clients sur le Vieux Continent. En France, ce sont près de 9.000 abonnés d'Orange, via sa filiale satellitaire Nordnet, qui ont été privés d'Internet. En Allemagne et en Europe centrale, ces perturbations ont également touché près de 6.000 éoliennes. L'enquête est en cours pour déterminer l'origine de cette attaque. Même si, forcément, la Russie fait l'objet de tous les soupçons.

Les réseaux satellitaires restent, toutefois, largement minoritaires. Les dégâts seraient d'un tout autre ordre si les réseaux mobiles (3G, 4G et 5G) ou de fibre optique étaient attaqués.... Idem pour les câbles sous-marins dédiés aux télécommunications, dont l'Europe est dépendante pour accéder à une immense partie de ses données stockées aux Etats-Unis. Comme La Tribune, l'a expliqué fin février, l'hypothèse d'une dégradation volontaire de ces infrastructures par la Russie est depuis des années redoutée par l'OTAN.

Les ministres devraient demander au Berec, l'organe des régulateurs européens, et à l'ENISA, son homologue en matière de cybersécurité, « d'actualiser » leur cartographie des infrastructures télécoms. L'objectif est, ici, de mieux cerner le « degré de résilience » des réseaux, afin d'identifier d'éventuelles points faibles.

Les ministres discuteront enfin des enjeux de cybersécurité. Au menu figure la directive NIS 2. Celle-ci va étendre le champs des secteurs et des entreprises soumis à des obligations de cybersécurité dans un contexte de flambée, ces dernières années, des menaces. La directive devrait être adoptée d'ici le mois de mai. L'enjeu sera, dans le contexte actuel, que les pays de l'UE la transcrivent aussi rapidement que possible dans les droits nationaux. En parallèle, les ministres réfléchiront « à ce qui peut être fait en termes de coordination pour renforcer la résilience cyber au niveau européen », précise le secrétariat d'Etat au Numérique.

Pierre Manière

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Commentaires 2
à écrit le 08/03/2022 à 19:37
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La mondialisation dans toute sa splendeur... nous faire croire que l'on ne pourra pas vivre autrement est le dogme en cours!

à écrit le 08/03/2022 à 17:25
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Avec 100 % d'équipements réseaux chinois disposant de portes dérobées via des logiciels privatifs au code source fermé et des puces aux fonctionnalités non documentées, les réseaux télécoms sont largement compromis...

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