La guerre en Ukraine angoisse l'industrie mondiale des télécoms

Au Mobile World Congress de Barcelone, l’invasion de l’Ukraine par la Russie préoccupe l’écosystème de la tech et des télécommunications.
Pierre Manière
Des manifestants contre la guerre en Ukraine, près de l'entrée du Mobile World Congress, ce mardi.
Des manifestants contre la guerre en Ukraine, près de l'entrée du Mobile World Congress, ce mardi. (Crédits : Reuters)

Après deux ans de pandémie, cette édition 2022 du Mobile World Congress, qui a débuté ce lundi, apparaissait comme celle du renouveau. Mais l'invasion de l'Ukraine, et la crainte que ce conflit s'étende en Europe, a quelque peu gâché la fête, qui réunit tous les ans le gratin des télécoms et des nouvelles technologies à Barcelone. Dans les allées du salon, cette guerre lancée par la Russie monopolise bon nombre de conversations. Entre les odes à la 5G industrielle, les grands plaidoyers pour le déploiement de la fibre, ou les appels enflammés à la numérisation des entreprises, opérateurs et équipementiers télécoms, comme les grands noms des smartphones et des services numériques, s'inquiètent pour l'Ukraine, leurs personnels sur place et, bien sûr, les conséquences de ce conflit sur leurs affaires et l'économie.

Dans ce contexte, Mats Granryd, le directeur général du GSMA, le lobby des opérateur qui organise le Mobile World Congress, a « fermement condamné l'invasion russe de l'Ukraine » ce lundi, lors de la conférence d'ouverture. Le GSMA a également chassé le pavillon russe de l'événement. Dans la foulée, Kaan Terzioglu, le PDG de l'opérateur néerlandais VEON, leader du mobile en Ukraine avec 25 millions de clients, s'est montré rassurant concernant le bon fonctionnement des réseaux malgré les combats et les bombardements.

« Nos 4.000 employés en Ukraine, des hommes et des femmes très courageux, ont pour le moment réussi à garder nos réseaux en état de marche, a-t-il déclaré à la chaîne américaine CNBCBien sûr, quelques centaines d'antennes ne fonctionnent plus faute d'électricité. Mais cela représente moins de 5% de notre réseau. »

« Tout faire pour que cette folie s'arrête »

A ses yeux, préserver la connectivité de la population en Ukraine est essentiel, surtout dans un contexte où beaucoup de familles fuient le pays, et se retrouvent souvent divisées. Kaan Terzioglu est d'autant plus préoccupé par cette guerre que VEON est également opérateur mobile en Russie, avec pas moins de 29.000 employés. « Il faut tout faire pour que cette guerre, cette folie, s'arrête », a-t-il lancé.

A travers le monde, les opérateurs télécoms se mobilisent pour faciliter les communications avec l'Ukraine. Dans l'Hexagone, Orange, SFR, Bouygues Telecom et Free ont tous effectué des gestes commerciaux concernant les appels à destination de ce pays. Starlink, la constellation de satellites d'Elon Musk, a pour sa part envoyé des kits de connexion en Ukraine.

La guerre et la dégradations des relations avec la Russie inquiètent énormément le secteur des télécoms. Ce lundi, Orange a notamment indiqué qu'il avait des personnels en Ukraine, sans préciser leur nombre. L'opérateur dispose aussi de 800 employés en Russie, via sa branche OBS dédiée aux entreprises. L'opérateur craint surtout que le conflit s'étende aux pays voisins de l'Ukraine, en particulier en Pologne et en Roumanie, où il est très présent. L'opérateur est également opérateur en Moldavie, autre ancien pays du bloc de l'Est, lequel est souvent cité pour être la prochaine cible du président russe Vladimir Poutine. Rappelons qu'un autre groupe français, Iliad, propriété du milliardaire Xavier Niel, est aussi présent en Pologne et en Roumanie.

Les premiers dégâts des cyberattaques russes

Autre sujet d'inquiétude : les cyberattaques de la Russie qui accompagnent son offensive militaire. D'après Le Figaro, le réseau satellitaire de l'américain Viasat, qui couvre l'Europe, dont l'Ukraine, et permet à des « des dizaines, voire des centaines, de milliers de personnes » d'accéder à Internet, en a été victime. Résultat : « les modems terrestres assurant la connectivité entre les satellites et les usagers ont été mis en défaut »écrit le quotidien. Outre les Ukrainiens, une dizaine de millier de clients français - des abonnés à Nordnet, une filiale d'Orange qui utilise les services de Viasat - ont également perdu leur connexion.

Ces dysfonctionnements rappellent à quel point les réseaux télécoms, devenus si essentiels dans nos sociétés et économies numérisées, sont fragiles. Ce n'est décidément pas pour rien que certains redoutent qu'en cas d'escalade entre les grandes puissances, la Russie décide un jour de couper les câbles sous-marins transatlantiques dédiés aux télécommunications afin de priver l'Europe d'Internet.

Pierre Manière, à Barcelone.

Pierre Manière

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Commentaires 2
à écrit le 01/03/2022 à 16:23
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Tiens d'ailleurs en parlant de télécoms, aucun sondage sur la guerre en ukraine, je suppose le temps que la propagande médiatique fasse son effet et ensuite ils pourront interroger ceux qui passent 8h derrière la télé comme sous le covid.

le 01/03/2022 à 20:01
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Si tu penses que l'invasion de l'Ukraine c'est de la propagande , je t'invite a prendre un billet pour Kiev.

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