Free : Xavier Niel part en guerre contre les smartphones subventionnés de ses rivaux

Avec son offre Flex, qui permet aux abonnés de Free d’acheter un smartphone « à prix coûtant » en étalant son paiement sur deux ans, le chef de file du « trublion des télécoms » espère conquérir de nouveaux abonnés. Il souhaite, aussi, braquer les projecteurs sur les pratiques de subventionnement des terminaux d’Orange, de SFR et de Bouygues Télécom, qu’il juge « illégales et opaques ».
Pierre Manière
Xavier Niel, le fondateur et chef de file d'Iliad, la maison-mère de Free.
Xavier Niel, le fondateur et chef de file d'Iliad, la maison-mère de Free. (Crédits : CHARLES PLATIAU)

Cela fait bientôt dix ans, depuis son arrivée dans le mobile en 2012, que Xavier Niel et Free tirent à boulet rouge contre le subventionnement des terminaux. Pour permettre à leurs clients d'accéder à des smartphones de plus en plus chers, Orange, SFR et Bouygues Telecom recourent à cette pratique, consistant à échelonner le prix d'un terminal, en échange de la souscription à un abonnement de longue durée. Free s'y est toujours refusé. Xavier Niel n'a, en effet, jamais caché tout le mal qu'il pensait de cette pratique qu'il juge « illégale et opaque ».

L'ennui, c'est qu'environ 25% du marché - c'est-à-dire les consommateurs souhaitant disposer d'un smartphone mais sans vouloir, ou pouvoir, le payer d'emblée en intégralité - échappe ainsi à l'opérateur. Voilà pourquoi Free a dégainé, ce mardi, une nouvelle offre. Baptisée Flex, celle-ci permet à ses abonnés mobiles, sans engagement, d'acquérir un iPhone, un Samsung, un Oppo ou un Xiaomi immédiatement, dans l'une de ses 130 boutiques, en étalant son prix sur deux ans, et surtout « sans aucun frais ». Il s'agit en clair, d'une facilité de paiement, laquelle n'engendre aucun surcoût. « L'abonné peut exercer une option d'achat à tout moment », souligne Thomas Reynaud, le DG d'Iliad, la maison-mère de Free.

Une offre « transparente »

L'offre a, selon lui, deux atouts. Elle est d'une part « transparente », car l'abonnement mobile et la facilité de paiement ne sont pas liés. D'autre part, le forfait Free, lui, reste au même prix. « Les deux produits sont séparés », insiste Xavier Niel. Cela signifie, en clair, qu'un nouvel abonné à un forfait de Free peut acquérir un smartphone via Flex, puis, au bout d'un mois, résilier son abonnement et filer chez la concurrence. Il continuera, dans ce schéma, à payer normalement son terminal tous les mois.

De cette manière, Free veut se démarquer des offres « dites subventionnées » de ses rivaux, affirme Thomas Reynaud. En plus d'obliger l'abonné à rester dans la même paroisse pendant une longue période, généralement de deux ans, celles-ci sont souvent, selon lui, synonyme « d'augmentation des prix », de « coûts cachés ». Il est vrai qu'une des grandes critiques visant les offres subventionnées est qu'il n'existe pas de distinction entre le paiement du terminal et celui liée du forfait. Tout est mélangé, au grand dam des associations de consommateurs, comme Que Choisir. « Quand nous vendons un abonnement Internet fixe ou mobile, nous assumons de ne pas engager l'abonné, renchérit Xavier Niel. Nous estimons qu'offrir cette liberté constitue un avantage aussi bien marketing que concurrentiel. »

Guérilla judiciaire

Surtout, le « côté sympa » sourit Thomas Reynaud, « c'est que la formule Flex permet à nos abonnés de réaliser d'importantes économies : pour un même terminal et à forfait équivalent, nous sommes parfois jusqu'à deux fois moins cher que la concurrence. » En parallèle, Xavier Niel estime que sa nouvelle offre est plus écologique. « Le modèle du subventionnement pousse au renouvellement des terminaux, canarde-t-il, parce que l'opérateur veut que vous soyez engagés. Donc dès que vous allez vous approcher des 24 mois, il va vous conseiller de prendre un nouveau terminal. »

Avec Flex, Free espère à la fois chaparder des clients de smartphones subventionnés, mais aussi retenir ses fidèles, qui n'avaient parfois pas d'autre choix que de filer à la concurrence pour acquérir un nouveau téléphone. Free attend, désormais, de voir comment Orange, SFR et Bouygues Telecom vont lui répondre. « Ça va être intéressant de voir leur réaction dans les prochaines semaines », lance Thomas Reynaud. Car avec cette nouvelle offre, « l'idée, c'est bien de lutter contre le marché du subventionnement », enchaîne Xavier Niel.

Ces dernières années, le propriétaire d'Iliad s'est lancé dans une guérilla judiciaire contre cette pratique. En 2018, dans le cadre d'un litige avec SFR, une décision de la Cour de cassation a tranché en sa faveur. Elle a estimé que la subvention d'un mobile couplée à un forfait au prix plus élevé avec un engagement plus ou moins long s'apparentait à du crédit à la consommation.

Xavier fait (encore) feu contre l'Arcep

Pas de quoi, cependant, inciter SFR, Orange et Bouygues Telecom à enterrer cette pratique. Au grand dam de Xavier Niel. « Nous sommes confrontés à un lobby quand même incroyablement fort », fustige-t-il. Avant de fusiller l'Arcep, le régulateur des télécoms, à qui le gouvernement a demandé de se pencher sur le dossier du subventionnement. « L'Arcep a un peu tendance à soutenir un oligopole historique [Orange, SFR et Bouygues Telecom, Ndlr] dans certains dossiers, affirme-t-il. On y est habitué, et on pense que c'est le cas ici. » Laure de La Raudière, la présidente de l'Arcep, dont Xavier Niel a déjà mis en doute la partialité, appréciera.

Pierre Manière

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Commentaires 2
à écrit le 07/07/2021 à 19:14
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Le consommateur préfèrerait sans doute que Free tire à boulet rouge sur les fabricants de smartphones à l'obsolescence programmée via des batteries non amovibles ou des MAJ de sécurité impossibles des systèmes d'exploitation Android sur les modèle...

à écrit le 06/07/2021 à 18:58
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Il faut remettre la prise casque sur les smartphones et tablettes ! Marre d'être pris pour une vache à lait .

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