Le ralentissement de la croissance se confirme en Chine

La croissance de l'industrie manufacturière chinoise a continué de ralentir en juillet, l'indice officiel des directeurs d'achats tombant à son plus bas niveau depuis 17 mois.
(Crédits : © 2009 Thomson Reuters)

La croissance de l'industrie manufacturière chinoise a continué de ralentir en juillet, pénalisée par les multiples mesures gouvernementales destinées à freiner l'octroi de crédit et la spéculation immobilière.

L'indice officiel des directeurs d'achats (PMI) est tombé à son plus bas niveau depuis 17 mois, à 51,2 contre 52,1 en juin, a annoncé dimanche la Fédération chinoise de la logistique et des achats. Ce chiffre est proche de la médiane des estimations d'économistes recueillies auparavant par Reuters.

"L'économie chinoise ralentit, en raison principalement des mesures de resserrement en cours dans l'immobilier, mais le ralentissement n'est à l'évidence pas aussi sévère que certains le prédisaient", a commenté Ting Lu, économiste de Bank of America Merrill Lynch à Hong Kong.

Il a confirmé sa prévision d'une croissance de 10,1% du produit intérieur brut (PIB) chinois cette année et de 9,0% en 2011.

Les marchés avaient mal réagi la semaine dernière à des spéculations sur le risque de voir l'indice PMI tomber en juillet sous le seuil de 50, ce qui traduirait une contraction de l'activité.

Même si ce baromètre affiche désormais trois mois consécutifs de repli, Yu Song et Helen Qiao, de Goldman Sachs, jugent les résultats de l'enquête de juillet plutôt rassurants. Ils rappellent que le chiffre de juillet est généralement inférieur de près d'un point à celui de juin, ce qui suggère des effets statistiques défavorables.

"Une fois ajusté de cette saisonnalité, le PMI est en hausse de 0,4 point de pourcentage en juillet. Nous considérons cela comme le signe que la croissance de l'activité réelle pourrait s'être stabilisée en juillet, partiellement en raison d'ajustements de stocks", concluent-ils dans une note.

Zhang Liqun, économiste pour les services du gouvernement, juge de son côté que les fondamentaux de la demande et de l'investissement étrangers sont fragiles, mais il n'anticipe pas de baisse des exportations et considère qu'un ralentissement de l'investissement est peu probable.

La croissance 2010 devrait ainsi avoisiner 9,5%, ajoute-t-il dans un commentaire de l'enquête. Le PIB chinois a crû de 9,1% en 2009.

LA DEMANDE EXTÉRIEURE DÉTERMINANTE

L'enquête PMI de juillet montre un ralentissement quasi-généralisé, les composantes de la production et des nouvelles commandes se situant elles aussi au plus bas depuis trois mois.

Le gouvernement de Pékin a fortement réduit ces derniers mois le taux de croissance du crédit, après un bond sans précédent l'an dernier, favorisé entre autres par le plan de relance de l'économie.

Le quota de crédit des banques pour cette année a été ramené à 7.600 milliards de yuans (860 milliards d'euros) contre 9.500 milliards l'an dernier, un montant qui représentait près de 30% du PIB.

Pékin a aussi adopté une série de mesures visant à infléchir la spéculation immobilière afin de prévenir la création de bulles dans certaines villes du pays.

Parallèlement, un plan visant à améliorer l'efficacité énergétique du pays handicape l'industrie lourde, ce qui devrait peser sur la demande de matières premières importées au cours des prochains mois, selon deux économistes de HSBC.

Les indices PMI des secteurs des métaux ferreux et non-ferreux, du caoutchouc et des plastiques sont tous passés sous le seuil de 50, tout comme ceux des entreprises de matières premières et d'énergie.

HSBC, qui publiera lundi son propre PMI, reste toutefois optimiste. "En dépit d'un ralentissement de la croissance manufacturière, le marché du travail continue de s'améliorer, ce qui soutient la croissance de la consommation privée", expliquent ses économistes.

Pour Brian Jackson, de Royal Bank of Canada, la demande extérieure sera un élément déterminant de la politique économique chinoise au cours des mois à venir.

Le sous-indice des nouvelles commandes à l'export est revenu à 51,2 en juillet contre 51,7 en juin mais continue de traduire une hausse de la demande.

"Si les exportations se tiennent bien, le ralentissement chinois devrait être limité et ne nécessitera pas un changement de politique", explique-t-il.

"Mais si la faiblesse de la zone euro et des Etats-Unis pénalise davantage les exportations chinoises, Pékin sera sans doute incité à favoriser une nouvelle augmentation des dépenses d'investissement."

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