La Grèce reste floue sur les sanctions de l'UE contre Moscou

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Athenes entretient le doute sur son accord a des sanctions contre moscou[reuters.com]
(Crédits : Francois Lenoir)

par Robin Emmott et Adrian Croft

BRUXELLES (Reuters) - Le nouveau gouvernement grec dominé par le parti de gauche radicale Syriza entretenait le doute jeudi sur son accord à de nouvelles sanctions de l'Union européenne contre la Russie dans le dossier ukrainien.

Les ministres des Affaires étrangères des Vingt-Huit se sont réunis à Bruxelles en urgence à la suite de l'intensification des combats ces derniers jours entre l'armée gouvernementale et les rebelles séparatistes pro-russes dans l'est de l'Ukraine.

D'après un projet de déclaration diffusé mercredi, ils devraient prolonger les sanctions imposées en mars 2014 à des dizaines de personnalités russes et ukrainiennes en riposte à l'annexion de la Crimée, élargir la liste des personnalités visées et demander à la Commission de préparer de nouvelles mesures contre Moscou.

Les sanctions doivent être approuvées à l'unanimité des Etats membres.

Le gouvernement d'Alexis Tsipras, formé mardi, n'a pas apprécié que ce projet de déclaration commune ait été rendu public sans son consentement.

Dans une déclaration diffusée juste avant la réunion de Bruxelles, le nouveau ministre grec des Affaires étrangères, Nikos Kotzias, a affirmé que certains partenaires européens d'Athènes tentaient de placer le nouveau pouvoir issu des élections de dimanche devant un fait accompli, suggérant une forme de chantage lié au poids de la dette de la Grèce et à sa volonté de la renégocier.

"Quiconque pense qu'en raison de sa dette la Grèce va renoncer à sa souveraineté et à une participation active dans le processus européen de décision politique commet une erreur", a-t-il dit.

L'ALLEMAGNE "MOINS INQUIÈTE"

Toutefois, le ministre allemand des Affaires étrangères, Frank-Walter Steinmeier, a eu un entretien de vingt minutes dans l'après-midi avec son homologue grec en marge des discussions de Bruxelles et l'Allemagne "est désormais moins inquiète", a-t-on appris de source allemande autorisée.

Le chef de la diplomatie ukrainienne, Pavlo Klimkin, a fait savoir qu'il rencontrerait Nikos Kotzias dans la journée.

A Berlin, Norbert Röttgen, président conservateur de la commission des Affaires étrangères du Bundestag, a déclaré que la Grèce ne devait pas faire de la question des sanctions européennes contre Moscou une monnaie d'échange dans ses négociations sur la dette.

Premier responsable européen de premier plan à se rendre à Athènes depuis l'arrivée de Syriza au pouvoir, le président du Parlement européen, l'Allemand Martin Schulz, s'est dit encouragé par la teneur des échanges qu'il a eus ce jeudi avec Alexis Tsipras.

Le dirigeant social-démocrate s'est félicité des "signaux" envoyés par le nouveau gouvernement grec qui, dit-il, cherche une solution commune dans sa volonté de renégocier les termes des programmes d'aide financière conclus entre les gouvernements précédents et la "troïka" (UE, BCE et Fonds monétaire international).

(Avec Philip Blenkinsop à Bruxelles et George Georgiopoulos à Athènes, Andreas Rinke et Michael Nienaber à Berlin; Henri-Pierre André et Guy Kerivel pour le service français)